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L’Asie, sauveur suprême ?

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Published : August 04th, 2011
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La pression continue aujourd’hui à monter sur les marchés mondiaux, alimentée par les inquiétudes et les doutes que suscitent les situations américaine et européenne. Une formule à modérer à laquelle nous sommes désormais habitués et qui n’ose pas encore aller à l’essentiel, à savoir qu’aucune issue crédible n’est en vue.


Encore et toujours repoussés, les problèmes restent sans solution : résorber la dette publique supposerait de respecter un plan de route qui se confirme être irréaliste, d’autant que la croissance économique qui serait salvatrice reste introuvable, comme s’il suffisait d’ailleurs de faire redémarrer un moteur qui a calé !


Au royaume des illusions, qui ne manquent pas, figure l’idée que c’est en Asie que se trouve le salut.


Muni de ce viatique et se souvenant des promesses chinoises d’acheter de la dette européenne, faiblement concrétisées depuis lors, Vittorio Grilli, le directeur général du Trésor italien, a donc entamé la tournée des grands ducs, à Hong Kong et à Singapour, afin de rencontrer des acheteurs potentiels des obligations italiennes. La BCE ayant cessé ses achats et le Fonds de stabilisation financière n’étant pas encore en mesure d’accomplir sa nouvelle mission pour s’y substituer, il y a urgence. José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, a jugé « injustifiées » les tensions sur les marchés tout en reconnaissant « la gravité » de la situation. « Il est essentiel d’agir rapidement en mettant en œuvre tout ce qui a été décidé par les dirigeants de la zone euro » en a-t-il conclu. Tout va donc s’arranger.


Dans un tout autre domaine, mais puisant à la même source d’inspiration, la mégabanque HSBC continue son déploiement dans les pays émergents, en premier lieu en Asie, prévoyant d’y embaucher 15.000 personnes au cours des trois prochaines années, alors qu’elle a annoncé débaucher 30.000 postes (10 % de son effectif) en Occident. Poursuivant il est vrai deux objectifs à la fois : aller à la rencontre des bonnes affaires sur les nouveaux marchés et diminuer ses coûts pour mieux absorber celui qui va résulter de l’accroissement réglementaire de ses fonds propres.


Sur la même lancée, l’Union Bancaire Privée suisse (UBP) vient de créer deux co-entreprises en Asie, « le marché le plus dynamique de la finance mondiale ». L’une à Hong Kong, l’autre à Taipei. L’UBP est spécialisée dans la gestion de fortune.


Chacun à leur manière, les États et les banques tendent la main en Asie, les uns pour recevoir, les autres pour prendre. Pourtant, tout n’y va pour le mieux.


Le FMI vient de délivrer un satisfecit aux Chinois, saluant les « progrès considérables » accomplis dans la transformation de leur système financier, en vue de le faire reposer davantage sur l’offre et la demande. Mais la rançon de la gloire ne s’est pas faite attendre : les engagements des banques sont colossaux, à la mesure des dettes des collectivités locales et des grandes entreprises, comme de la bulle immobilière. Générant une forte augmentation des prix des produits alimentaires de base.


La relance économique opérée dans l’urgence par les autorités chinoises, afin de contrebalancer les pertes d’emploi massives dans les industries exportatrices, en sont à l’origine. Notamment par le biais d’une politique de grands travaux dont la rentabilité à terme reste à trouver. En l’espace d’un instant, les Chinois ont créé à leur tour une montagne d’endettement et suscité une forte dépendance au crédit. Voilà en réalité le résultat salué par le FMI ! Aux prêts distribués par le système bancaire s’ajoutent en supplément, de manière plus souterraine, tous ceux qui sont consentis hors de ce circuit et difficilement comptabilisables. Selon Fitch, 868 milliards d’euros seront prévisionnellement consentis cette année par les banques, sur un total de 1.954 milliards. La croissance chinoise est maintenue, mais sur quelles bases !


La réorientation de l’économie chinoise vers son marché intérieur, prévue par le plan quinquennal 2011-2015 qui a pour objectif de favoriser les dépenses des ménages par opposition aux investissements et aux exportations, ne connaît pas encore le commencement du début de son exécution. De nombreux obstacles structurels et intérêts en sont la cause.


Or, la moindre dépendance de la Chine envers la dette américaine – lui permettant de réorienter ses achats vers d’autres cieux – est étroitement liée à cette évolution de fond. Le marché américain reste le premier débouché des produits chinois. Ce qui explique la virulence des réactions chinoises enregistrées ces derniers jours à propos de « l’irresponsabilité » américaine.


Troisième puissance mondiale, le Japon traverse de son côté une passe très difficile. Le pays voit d’un côté ses exportations menacées par une parité du yen par rapport au dollar qui ne cesse de se détériorer, conséquence directe de la faiblesse du dollar. Il en résulte, les dollars convertis en yen, une moindre capacité du pays à financer sa gigantesque dette, qui ne cesse de croître elle aussi. En début de semaine, le yen était à son plus haut niveau vis-à-vis du dollar, frisant celui qui avait été atteint à la fin de la seconde guerre mondiale.


Il va non seulement falloir financer le coût de la reconstruction des zones dévastées, mais également indemniser les victimes de la catastrophe de Fukushima. Le gouvernement vient donc de décider de créer un fonds spécial, financé par des obligations spéciales et dans un premier temps doté par ses soins de 18 milliards d’euros. Sur le papier, il est prévu que Tepco, l’opérateur de la centrale, prenne à sa charge cette dette, mais c’est invraisemblable étant donné la situation financière de l’entreprise, que le gouvernement tient à bout de bras, la valeur de son action ayant diminué de 80 %.


L’addition s’alourdit. La crédibilité financière américaine a été sauvée de justesse mais ses performances économiques sont désormais ouvertement en question. Les décisions du dernier sommet européen sont déjà dépassées par les rebondissements en cours, alors qu’elles ne sont pas encore mises en œuvre. Le Grand Timonier chinois rencontre de plus en plus de mal à la manœuvre et ne peut répondre à la nouvelle misère financière du monde occidental.


À monde globalisé, réponse globale.



Billet rédigé par François Leclerc




Paul Jorion






(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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Et donc, si on met tous les compteurs à zéro, qui sortira 1er, et de très loin....?
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La Caye - 8/4/2011 at 11:44 AM GMT
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