Bien plus qu’un simple métal précieux destiné à la bijouterie ou à
la fabrication de lingots, l’or est également un composant essentiel d’un
grand nombre d’industries et de secteurs de pointe.
On ne peut qu’adhérer à la vision de Warren Buffet
concernant l’intérêt majeur d’acheter de l’argent métal.
Mais cela n’empêche pas de penser qu’il a tort au sujet de l’or
qui serait, selon lui, parfaitement inutile dans la plupart des activités
humaines en dehors de la fabrication de bijoux (“l’or ne fait rien du
tout à part rester assis là et vous regarder”, déclara-t-il un jour). Au
contraire, ses caractéristiques inégalées le rendent tout à fait
indispensable dans un grand nombre de secteurs de pointe qui vont de la
médecine à l’exploration spatiale, en passant par l’électronique ou même les
énergies vertes.
Des caractéristiques uniques pour un métal irremplaçable
Inaltérable, extrêmement conducteur, malléable et capable de servir de
catalyseur à un grand nombre de réactions chimiques sans jamais disparaître
(au contraire de l’argent, notamment, qui est
irrémédiablement perdu lors d’un usage similaire), l’or a
depuis longtemps gagné ses lettres de noblesse dans l’industrie autant que
dans la joaillerie ou même le placement financier.
Compte tenu de son prix, il est clair que l’utilisation de l’or n’est pas
une décision qui est prise à la légère, et lorsque le précieux métal est
choisi pour entrer dans un processus industriel quelconque,
c’est que rien d’autre n’a été trouvé d’aussi efficace pour le remplacer.
Mieux encore, la plupart de ses usages techniques ayant été développés durant
les 20 ou 30 dernières années, il y a fort à parier que l’utilisation de l’or
ira grandissant à mesure que les technologies concernées se développeront.
Des domaines d’utilisation extrêmement variés
Ainsi, des nanoparticules d’or sont au cœur des plus
récents tests diagnostiques rapides (RDT) permettant la détection précoces
des maladies les plus meurtrières du monde, comme la malaria, l’hépatite, la
maladie du sommeil, mais aussi le virus HIV ou la syphilis.
Certes, la première utilisation de l’or reste encore l’électronique
et quel que soit l’appareil avec lequel vous lisez cet article, sachez qu’il
contient sans doute quelques euros du métal précieux. Plus généralement,
qu’il s’agisse des connecteurs ou des microprocesseurs, on en trouvera une
quantité équivalente dans tous les équipements technologiques,
smartphones, ordinateurs, tablettes numériques, consoles de jeux, mais aussi
véhicules récents, GPS ou encore objets connectés.
De la même façon, l’or intervient en quantité plus ou moins importante
dans des secteurs aussi traditionnels que la dentisterie (les fameuses
couronnes en or, mais pas seulement), ou beaucoup plus modernes comme par
exemple l’énergie solaire, la construction de batteries de
très haute qualité et la fabrication de panneaux de verre destinés aux
immeubles modernes climatisés.
Enfin, l’industrie aérospatiale privilégie l’or pour
revêtir les visières des casques d’astronautes ou encore comme “lubrifiant”
mécanique capable de résister au cisaillement ainsi qu’au rayonnement solaire
intense contre lequel les lubrifiants organiques traditionnels sont
totalement inefficaces.
De futures applications surprenantes
Plus surprenant, du fait de son incroyable ductilité (sa
capacité à être étendu et étiré sur des surfaces et des longueurs
incroyablement grandes à partir d’un petit fragment de matière), l’or est
également utilisé comme revêtement anti-corrosion sur des bâtiments, du
mobilier urbain, des décorations et équipements extérieurs.
Enfin, sous certaines conditions, des feuilles d’or de
quelques nanomètres d’épaisseur auraient des propriétés optiques pour le moins étranges comme la
capacité de dévier la lumière au point de rendre invisible l’objet qui en
serait revêtu. Notons que le phénomène existe également avec des feuilles
d’argent utilisées dans les mêmes conditions. Hormis d’éventuelles
“capes d’invisibilité” dont rêvent déjà certains fans de Harry Potter, un
usage plus concret pourrait être trouvé par exemple dans la fabrication de cellules
photo-électriques super performantes.
Doit-on alors avoir un raisonnement d’investisseur pour acheter de l’or ?
Pour autant, comme avec l’argent métal, il n’y a pas de
raison de considérer l’or comme autre chose qu’une valeur
refuge, un réservoir de capital susceptible de préserver le
pouvoir d’achat de son détenteur sur le long terme, une assurance
contre les bouleversements économiques majeurs comme à l’égard des évolutions
structurelles cycliques.
Néanmoins, croire que l’or n’a d’autre usage que celui pour lequel on l’a
traditionnellement connu (essentiellement la fabrication de bijoux) c’est
d’une part méconnaître la réalité de l’économie d’aujourd’hui (au risque de
rater son évolution à venir), mais aussi et surtout négliger le fait pourtant
essentiel qui sous-tend le cours de l’or : contrairement à ce que l’on croit,
ce n’est pas l’once d’or physique qui se négocie entre 1250
et 1350 dollars actuellement, mais juste la montagne de papier sans réelle
contrepartie qui est censée symboliser le marché du placement or
dans le monde. Cet “or-papier” n’a rien de commun avec l’or physique
et le fait qu’il représente plus de 99% du cours de l’or
étouffe littéralement la vraie valeur du métal proprement dit.
Il est probable qu’un jour cette pyramide de papier s’effondrera, comme
l’ont fait avant elle toutes les dérives scripturales basées sur la spéculation
sans retenue, et ce jour-là il est également possible que ceux qui avaient eu
la lucidité d’acheter un peu d’or physique lorsqu’il ne
coûtait rien ou presque se retrouvent soudainement à la tête d’une petite
fortune (même si, rappelons-le, ce n’est pas l’objectif principal du placement
or). L’ennui c’est que si ce jour arrive, alors il y a de fortes
chances que ce soit l’économie tout entière qui s’effondre, et la notion même
de fortune n’aura plus guère de sens dans un monde où les devises
de référence se seront peut-être effondrées elles aussi, et où ne
subsisteront que des biens à acquérir… et de l’or ou de l’argent
pour les acheter.