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La difficile reforme des dépenses publiques

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Published : September 27th, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

 

La dette publique française atteint pas loin de 84,5% du PIB de la France, soit un peu plus de 1600 milliards d’euros selon les dernières données de l’INSEE. Plus de 50% de cette dette est le résultat de l’accumulation des intérêts des dettes passées. Sans intérêts à payer, les soldes primaires de l’État français de 1973 à 2008 auraient pu lui permettre de payer largement sa dette d’origine.[1] Il faut noter cependant que si les soldes primaires durant cette même période ont été positifs, c’est que le niveau de  taxation n’a pas cessé d’augmenter, en particulier le poids des charges sociales. La taxation est néanmoins un handicap majeur pour la création et la distribution de la richesse nationale. Trop d’impôt, c’est moins de formation de capital et donc moins d’investissements. Et qui dit moins d’investissement dit aussi  moins de postes de travail crées et probablement des postes de travail moins bien payés que ce qu’ils auraient pu l’être en l’absence des impôts.


La solution est pourtant simple. Si le système productif est en panne du fait de la forte imposition en place et si le besoin de cette imposition provient, à son tour, d’un niveau excessif de dépenses publiques, il faut tout simplement dépenser moins. Plusieurs pays ont appliqué cette solution : Australie, Corée du Sud, Danemark, Norvège, Nouvelle Zélande, Suède… Ils ne sont d’ailleurs que très peu touchés par la crise de la dette actuelle. Alors, pourquoi pas en France ?


On pourrait donner quatre explications pour comprendre la difficulté de faire des réformes en France. La première est fondée sur la notion d’« illusion fiscale » conceptualisée par Amilcare Puviani au 19ème siècle et peaufinée par des économistes tels que Buchanan et Tullock. Cette illusion vient du fait qu’en matière fiscale les décideurs ne sont pas les payeurs, et que les premiers n’ont aucune incitation à informer le public du lien direct entre impôts et financement des dépenses publiques. Ceci conduit à une situation où ceux qui ne paient rien ou pas grand chose pour des services publics coûteux ont une illusion de gratuité et n’hésitent pas à en demander plus ou à les défendre. Néanmoins, derrière cette illusion se cache le fait que les impôts asphyxient les vrais payeurs et que la pérennité de ces services se voit progressivement menacée.


En complément de l’illusion fiscale, on peut mentionner le problème évoqué par Mancur Olson. Selon Olson, même si un grand groupe de personnes est conscient qu’une action collective permettrait de payer moins d’impôts et donc d’améliorer leur sort, il ne cherchera pas à agir car les coûts de l’action sont trop élevés (il faut arriver à convaincre des millions de personne d’agir de concert pour faire pression sur les pouvoir publics). La majorité se fait alors exploitée par une minorité dont le but est d’avoir accès aux ressources publiques et qui a donc intérêt à agir car les gains peuvent être élevés.


Une autre explication liée aux deux précédentes est celle du fonds commun. Les ressources de l’État constituent un fonds commun qui doit être administré par différents groupes qui représentent des intérêts dissemblables et parfois  incompatibles. Tous ces groupes d’intérêt voudront avoir accès au fonds commun et ne lâcheront pas le morceau craignant qu’un autre groupe s’approprie leur part. Le seul point sur lequel ils pourraient s’entendre, c’est sur la façon d’augmenter le fonds commun via la taxation.


Enfin, la dernière explication est celle de l’entrepreneur politique. Les politiciens sont des entrepreneurs comme les autres. En tant que tels, ils cherchent à faire un profit. Le profit politique consiste à obtenir  des postes et à les maintenir en place. Les postes sont, en effet, dans la machine étatique la monnaie d’échange sur le marché politique. Le profit résulte souvent de promesses de réaliser des dépenses publiques. En outre, l’entrepreneur politique est souvent conscient de l’illusion fiscale, de la faiblesse des majorités, et de la concurrence entre les groupes d’intérêt. Il est donc en position d’allouer de façon optimale, pour lui, les dépenses et ainsi d’augmenter son profit politique. Il est donc difficile de  réformer les comptes publics car il n’est pas facile de trouver des entrepreneurs politiques issus de groupes minoritaires en place qui seraient prêts à défendre les intérêts de la majorité et il faut faire avec  le manque de volonté de la majorité de rejeter les minorités.



 

 





[1] Holbecq & Derudder (2008). La dette publique, une affaire rentable. Éd. Yves Michel.


Holbecq (2010). Argent, dettes et banques. Éd. Yves Michel.



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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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Je me suis livré à un calcul certes simpliste mais ainsi bien compréhensible : combien devrait valoir l'once d'or pour couvrir l'intégralité des dettes de deux pays, la France et les USA. En voici le résultat; pour la France qui a 1.600 milliards de dette et 2.435 T d'or soit 78.296.000 onces d'or la couverture serait à 20.435 euros l'once.
Pour les USA avec 11.379 milliards d'euros de de dettes et 8134 T d'or soit 261.543.408 onces ce serait : 43.508 euros.
Merci pour votre commentaire et pour suivre mes articles.

Très cordialement,

Gabriel Giménez-Roche
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Merci encore Professeur pour ce brillant expose.
Encore merci pour cet exposé clair et de bonne facture.
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Merci pour votre commentaire et pour suivre mes articles. Très cordialement, Gabriel Giménez-Roche Read more
Gabriel Gimenez Roche - 10/3/2011 at 8:19 PM GMT
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