La tragédie des biens communs

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From the Archives : Originally published October 03rd, 2012
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Au cœur des nombreuses questions environnementales discutées dans les billets précédents (1, 2, 3, 4, 5) se trouve la théorie des biens communs. Les biens environnementaux (l’air, les océans, les fleuves, etc.) sont habituellement considérés comme des biens communs, dans la mesure où certaines de leurs caractéristiques semblent les distinguer des biens de consommation (maisons, voitures, ordinateurs, nourriture, vêtements, etc.). Ainsi, dans le cas des biens environnementaux dits communs qui sont épuisables ou dégradables, on ne saurait aisément restreindre leur accès et en exclure certains consommateurs, contrairement aux biens de consommation.


En outre, selon les défenseurs de l’idée des biens communs, même s’il était techniquement possible d’interdire l’accès des consommateurs à certaines ressources naturelles (comme dans le cas des forêts, des montagnes, des sous-sols ou des sources d’eau), on ne devrait pas pour autant le faire car ces mêmes biens environnementaux seraient essentiels à la survie de chacun d’entre nous, ce qui devrait justifier la garantie d’un égal accès. Nous voici donc devant un dilemme environnemental fondamental : comment préserver des ressources épuisables et dégradables, sachant que l’on ne peut (ou que l’on ne devrait pas) restreindre l’accès des consommateurs à ces ressources?


Ce paradoxe a été relevé par Garrett Hardin dans un article publié en 1968 par la revue Science (n°162, pp.1243-1248), où il indique que la compétition pour consommer des ressources épuisables ou dégradables conduit à leur surexploitation et, finalement, à leur épuisement ou destruction. Chaque individu ayant un accès illimité à une ressource naturelle, est incité à en tirer le plus de bénéfice possible, le plus rapidement possible. Si chacun agissait selon ses aspirations, la ressource commune en question serait donc rapidement épuisée.


Plus récemment, Elinor Ostrom – lauréate du prix du Nobel d’économie en 2009 – a insisté sur le fait que la tragédie des biens communs révélée par Hardin n’est pas due au fait que les biens soient détenus en commun, mais au fait qu’il soit possible de les consommer librement. Elle a ainsi exposé l’idée selon laquelle la solution à la tragédie des biens communs (et implicitement au paradoxe environnemental décrit plus haut), serait de restreindre la liberté d’accès aux ressources rares. Dans son ouvrage le plus connu, Governing the commons (publié aux éditions du Cambridge University Press en 1990) elle a étudié différents types de normes sociales et de rouages institutionnels limitant l’accès aux biens communs au niveau des petites communautés.


Dans le sillage de ces réflexions, il devient possible de mieux comprendre que la libre consommation des ressources environnementales n’est pas soutenable à long terme, et qu’il faut envisager de rationnaliser à l’échelle planétaire l’accès aux ressources naturelles (par exemple, l’air) qui restent en général des sujets tabous ou, au mieux, font l’objet de décisions politiques arbitraires (comme le protocole de Kyoto).


Les prochains billets se pencheront sur cette question et s’attacheront à montrer que même dans le cas de la vie sauvage, de l’air ou encore des ressources halieutiques, un accès restreint est possible et rationaliserait mieux la consommation de ces biens rares et essentiels à notre survie. Quant aux critères à utiliser pour envisager cette rationalisation, nous montrerons que la propriété privée (individuelle ou collective) et les échanges volontaires sont des critères à la fois moralement acceptables et efficaces sur le long terme.


 

 

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Marian Eabrasu est professeur d’économie et d’éthique à l’ESC-Troyes. Il a été chercheur à l’International Centre for Economic Research (Turin, Italie) et à l’institut Ludwig von Mises (Auburn, Etats Unis). Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture comme La Revue Française de Science Politique, Quarterly Journal of Austrian Economics, Business and Society, etc. Son dernier article publié en 2012 dans Raisons Politiques s'intitule "Les états de la définition wébérienne de l'Etat"
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Il faut surtout passer à l'énergie renouvelable rapidement. Regardez l'Allemagne, 27% de son énergie électrique est en renouvelable, 35% en 2020. La bataille des énergies renouvelables est déjà gagnée.
Et comme le souligne cet article, ce serait une bonne chose de taxer les énergies fossiles pour promouvoir les énergies renouvelables. Cà doit être fait en partie.
CERTAINES ÉVIDENCES NE SONT PAS ÉTERNELLES, MÊME LE MARIAGE A ÉTÉ SALIT, CE QUI NE MANQUERA PAS DE SE FAIRE POUR L'EAU, L'AIR, LE SOLEIL...
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moi ce qui me fait cé.hache.i.e.ère c'est de devoir payer pour nourrir les petits oiseaux en hiver alors que tout le monde profite de leurs chants en été ... c'est pas juste. ça devrait être gratuit, non ? ou alors déductible fiscalement... mais bon, je m'égare... en un mot comme en cent : nous devons cesser de traiter cette planète comme une entreprise en liquidation...promouvoir les énergies vertes et garder ce qui reste de pétrole pour les générations futures, cesser de leur fourguer nos déchets (nucléaires), autre rareté, il y aura de moins en moins d'eau potable et de terres arables pour de plus en plus de gens à nourrir,on parlera d'espace vital... tout est rare : il y a des distributeurs d'oxygène à Mexico... il y aura (il y a) des guerres pour s'approprier les réserves de pétrole : qui contrôle le pétrole contrôle ceux qui en dépendent...accessoirement, se préparer au changement climatique car il risque fort de nous mettre tous d'accord : on entend partout : faisons un geste pour la planète... mais la planète s'en fout, avec ses 4.5millards d'années elle en a connu quelques changements à sa surface, à chaque fois elle s'en est remis, à chaque fois; par contre, les espèces animales vivants à sa surface ont disparu et ont laissé la place à d'autres... nous par exemple... ce n'est pas la planète qu'il faut sauver, mais nous. à la véritable question : que sommes-nous prêts à faire pour nous sauver (car cela ne dépend que de nous seuls) ? bof... ça ne bouge pas des masses, on se réjouit des nouvelles voies navigables en arctiques, on se prépare à aller forer vers ces lointaines contrées... il y a eu la guerre du feu et l'âge de pierre n'a pas pris fin par manque de pierres : il y a donc espoir de passer à autre chose, et de façon pacifique ? ... et assez rapidement pour que la planète ne bascule pas ? mais au rythme où ça va... wait and see... bon, je vais acheter des boules de graisses pour les oiseaux, fait c.hache.i.e.r,c'est pas juste! accessoirement un peu de gld, au train où vont les choses,on va bientôt se l'arracher... par contre une chose qui ne sera pas rare : les billets de banques...
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Nous nourrissons les oiseaux pour nous faire plaisir et pas vraiment pour leur bien, la plupart du temps. Quand nous mettons de la nourriture à leur disposition, ils mangent en groupe ce qui n'est généralement pas le cas dans la nature. Si certains d'entre eux sont malades, ils contaminent alors les autres. C'est pourquoi, on doit leur venir en aide uniquement s'ils sont menacés par des évènements météorologiques.

Pour le reste, je suis tout à fait d'accord.
oui bon,j'ai unepetite dizaine de moineaux 'régulier',et par temps très froid,entre 20 et 25,mais assez rare.en plus de qqs merles,mésanges... puis faut aussi monter la garde : des chats visitent mon jardin et sont en embuscades...fait céhacheieère.maisbon.on ne me refera pas.

dorénavant,et à chaque post, je me permettrai de coller ceci :
"de nombreux indépendants continuent à travailler après 65 ans pour des raisons financières, la pension moyenne étant de 840 euros par mois, contre 1.180 euros pour un travailleur du secteur privé ou 2.480 pour un fonctionnaire" : lalibre.be
et j'ajoute : pour le privé : à 65ans, pour le fonctionnaire : dans lapetite cinquantaine.payé de nos deniers.bien entendu.
je laisserai ceci tant que durera pareille injustice.ça risque de durer.mais je suis têtu.

et évidemment la recommandation du maître :
THÉVENOUD est toujours député. Pensons à lui. Ne l’oublions pas ».
(Pour protester pacifiquement et avec humour)

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Si le proche avenir voit une réduction nette de la population mondiale (les riches qui s'entre-tuent et les pauvres qui crèvent de faim), la question du partage de l'épuisable est reportée d'autant.

Le pétrole était une source renouvelable jusqu'à son niveau de consommation de 1939, ce qui n'est pas nul.

L'intention serait-elle de règlementer ou freiner jusqu'à retrouver ce niveau de consommation?
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oui bon,j'ai unepetite dizaine de moineaux 'régulier',et par temps très froid,entre 20 et 25,mais assez rare.en plus de qqs merles,mésanges... puis faut aussi monter la garde : des chats visitent mon jardin et sont en embuscades...fait céhacheieère.maisb  Read more
ferzi - 10/3/2014 at 1:05 PM GMT
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