Voir 1ère
partie et 2ème
partie
Dans les deux
articles précédents, nous avons vu que le problème de la
dette publique était fondé sur les relations viciées
entre l’État, sa Banque Centrale et les banques commerciales.
Nous avons constaté que la BC joue un rôle clé entre
l’État et les banques commerciales : c’est son
existence qui permet une croissance
ininterrompue de la dette publique. Reste à savoir si ce schéma
d’endettement peut perdurer ?
Un État,
comme n’importe quelle autre organisation, utilise ses recettes pour
payer ses dépenses courantes dont la charge de la dette
(intérêt plus capital). La dette publique apparaît lorsque
les dépenses courantes de l’État ont
dépassé ses recettes fiscales.
Il devient alors clair que le paiement de la dette sera effectif si et seulement si les dépenses courantes
baissent en contrepartie d’un service
de la dette qui augmente. Si avec le service de la dette, les dépenses
courantes restent systématiquement plus élevées que les
recettes fiscales, le paiement de la dette devient lui-même illusoire
car celle-ci ne cesse de s’accumuler. Dans le même temps, le
système à réserves fractionnaires débouche sur un
autre problème : celui du cycle économique. La
création monétaire effrénée de la BC et des banques
commerciales consiste à créer trop de créances par
rapport à la richesse réellement disponible dans
l’économie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle
le système est défendu. En effet, la justification des
réserves fractionnaires repose sur l’idée que
l’expansion monétaire, en permettant de financer davantage de
projets, va susciter une création de richesse, susceptible justement
de couvrir les nouvelles créances créées.
Cela serait
vrai si la nouvelle monnaie
créée à partir de rien n’était pas liquidée
avant que les nouveaux projets
productifs n’aboutissent. En effet, cette synchronisation est difficile
à obtenir dans le monde réel. Les opérations
financières de très court terme et la consommation croissante
caractéristiques d’un boom monétaire font que la
liquidation de la nouvelle monnaie arrive souvent avant la réalisation complète de nouveaux projets
productifs qui sont en général des investissements de long
terme en logement, énergie et télécommunications pour justement
répondre à la consommation croissante.
Il devient
alors inévitable que le boom d’investissement et de consommation
qui suit l’expansion monétaire des banques finisse par la
liquidation des projets inaboutis et l’éventuel risque de
faillite des banques incapables de recouvrir les crédits accordés.
Le manque de liquidité bancaire qui en résulte s’ajoute
donc au problème de la dette publique et fait peser encore plus de pression sur
l’État.
Un choix
s’impose alors. Soit la BC injecte massivement de la liquidité
dans le système pour couvrir les besoins en monnaie et ainsi sauver les banques et soutenir les
projets inaboutis. Ces injections massives ont cependant pour
conséquence de faire pression sur les prix et si le système
s’emballe, les prix peuvent s’envoler comme dans le cas des
épisodes d’hyperinflation. Ceci implique une destruction massive du
pouvoir d’achat des individus et une perte de crédibilité
dans l’État et dans l’économie qu’il est
supposé être capable de gouverner. Le choix inflationniste ne
fait que repousser la résolution de la crise et la liquidation de tous
les projets improductifs. L’alternative est la banqueroute. La vague de
liquidation va effectivement éliminer tous les projets qui n’auraient
jamais vu le jour sans l’expansion monétaire
générée par les banques. Plusieurs banques vont
probablement disparaître et avec elles une bonne partie des créances
de l’État.
A court terme,
il ne faut pas se cacher la face, le système décrit au cours de
nos trois articles ne peut que déboucher sur un processus déflationniste
douloureux, du chômage et du capital oisif. Néanmoins, ce
processus permet de rendre de nouveau accessibles les ressources productives.
En effet, une fois que leur prix atteint des niveaux très bas, il
redevient possible de les acquérir et d’investir. Cela marque le
début de la reprise. La
question est de savoir si cette reprise se produira à moyen terme –
c’est-à-dire, juste après la crise – ou à
long terme – autrement dit, après une longue période de
stagnation. Tout dépendra des choix de l’État. Si l’État
engage des réformes majeures pour assurer un équilibre fiscal
sans pour autant cribler l’économie d’impôts, la
reprise pourra avoir lieu à moyen terme. Cette reprise ne sera saine
que si l’État interdit le rétablissement du cercle vicieux.
Les
États-Unis et l’Europe n’ont guère d’autres
alternatives aujourd’hui…
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