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Le coût caché de l’État

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Published : March 14th, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

En ces périodes où, pour cause d’assainissement budgétaire, nos politiciens rivalisent de créativité pour inventer de nouveaux impôts, la pression fiscale qui pèse sur les entreprises occupe une place de choix dans les débats. Mais les obligations administratives représentent elles aussi un fardeau difficilement supportable. Petit exemple.

En Belgique comme dans beaucoup de pays, la  « mobilité » fait beaucoup parler d’elle. Pour lutter contre, pêle-mêle, le réchauffement climatique, les pics d’ozone, les particules fines et j’en passe, les pouvoirs publics entendent réglementer le comportement de chacun. Puisque les particuliers, ces têtes de bois, continuent obstinément à utiliser la voiture, l’État a donc décidé de forcer les entreprises à leur forcer la main.


L’État fédéral au secours de la mobilité

Première étape: en 2003, le législateur impose aux entreprises de plus de 100 travailleurs de faire tous les trois ans un diagnostic des déplacements des travailleurs entre le domicile et le lieu de travail. Entre autres joyeusetés, cette obligation force les entreprises à réaliser un sondage auprès de leurs travailleurs pour savoir comment ils se rendent à leur travail, et à grouper les résultats recueillis par code postal du domicile. Mais bien entendu, ces données doivent être récoltées dans le respect des dispositions en matière de respect de la vie privée, ce qui empile une deuxième série d’obligations sur la première.


La Région s’en mêle

Si les choses en étaient restées là, ce serait sans doute resté supportable. Mais il fallait que les pouvoirs locaux s’en mêlent également. Ainsi, en 2009, la Région bruxelloise adopte une ordonnance  « plans de déplacement ». Cette ordonnance oblige les entreprises  de plus de 100 travailleurs à concevoir tous les trois ans un plan de déplacements d’entreprise (PDE). En gros, il s’agit donc d’empiler de nouvelles obligations sur le diagnostic imposé par le gouvernement fédéral. Le PDE comporte trois parties: des renseignements sur l’entreprise, un diagnostic des déplacements, et surtout, un plan d’action pour (je cite)  « promouvoir une gestion durable des déplacements liés à l’activité de l’entreprise ». Outre la réalisation du PDE, l’ordonnance impose une série d’obligations aux entreprises:

   désigner une personne de contact. Là, le coût est clairement identifié, puisque le site lui-même reconnaît candidement que le  « Coordinateur de mobilité » devra consacrer, selon la taille de l’entreprise, de 1/10ème de son temps jusqu’au temps plein. On attend aussi de lui de se concerter avec les représentants syndicaux, lesquels ont, bien sûr, leur mot à dire sur le PDE, sinon ce ne serait pas drôle.


   informer et sensibiliser chacun à l’usage des modes de transports alternatifs à la voiture. La cible est toute désignée : le vilain méchant qui se rend tout seul en voiture au travail, comportement désormais affublé d’une étiquette infâmante: l’autosolisme (c’est dans le texte du site officiel de présentation du PDE, à la troisième ligne).  Et pour cela, l’entreprise devra organiser chaque année des actions de sensibilisation.


   établir un plan d’accès multimodal pour les travailleurs et les visiteurs. Plan qui doit être régulièrement mis à jour, proposer des conseils pratiques de mobilité, figurer sur le site web de l’entreprise. L’entreprise peut - comme c’est gentil - acheter des fiches d’accessibilité auprès des sociétés de transport en commun. À moitié prix, parce que l’autre moitié est subventionnée, délicate attention des autorités. 



   encourager l’usage des transports publics. Avec une liste de mesures obligatoires dont certaines peuvent s’avérer bien coûteuses.


   installer un parking à vélos. Mais pas n’importe quel parking: il y a des normes à respecter, par exemple le nombre de places. Apparemment, les règles sont tellement complexes qu’il a fallu un arbre décisionnel et une série de cas pratiques façon  « problèmes de robinets » pour expliquer la chose. Je ne résiste pas au plaisir de vous citer un extrait :  « L’entreprise u accueille 5 cyclistes et dispose de 50 emplacements pour véhicules motorisés, combien doit-elle installer de vélos? » Vous pensiez 5? Que nenni, il en faudra 12. C’est comme ça !



   prévoir un plan d’action en cas de pics de pollution. Cela implique entre autres de permettre une réorganisation des horaires de travail, de désigner un responsable  « pics de pollution » que les travailleurs pourront appeler pour savoir que faire... et de prévoir une  « journée gros pull » (sic) en réduisant la température des bureaux


   tenir compte de l’écoscore des véhicules dans la politique de gestion du parc de véhicules de l’entreprise.



La mise en œuvre de ces obligations doit être effective avant le 31 décembre 2012. Et après, on s’étonnera encore que les entreprises quittent Bruxelles.



 

 

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Frédéric Wauters est journaliste économique indépendant et professeur de sciences commerciales et de communication à la Haute Ecole Galilée à Bruxelles. Entrepreneur (www.ex-abrupto.be), il est également essayiste et vient de publier, avec son confrère Ludovic Delory, d'un ouvrage intitulé "Retraites Plombées: comment l'Etat vole votre avenir" (plus de détails sur www.retraites-plombees.be).
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Le cout caché de l'Etat est qu'il vous qu'il est caché qu'il vous donne des tas de coups
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Encore une histoire Belge, une fois
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C'est aussi en prévision de la pénurie de pétrole, qui est pour dans 15 ans maximum...
C'est vrai, bientôt le retour des chevaux et des chars à boeufs. Chouette
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Un petit coup de gueule pour notre Ministre de la Mobilité. Encore un qui méprise les citoyens, ignore l'écologie et fait du tort aux commerces à Bruxelles.
Je peste tous les jours dans les files interminables pour entrer ou sortir de Bruxelles, tant pour le trajet du boulot que pour faire des courses ou sortir en ville le soir. Partout de nouveaux sens interdits expresséments installés pour empêcher les automobilistes de sortir des bouchons, partout des rétrécissements pour installer des pistes cyclables alors qu'il n'y a presque pas de vélos (en supprimant carrément une bande de circulation, cela va de soi), partout des parkings à vélo pour empêcher de se garer. Mais... il n'y aura JAMAIS beaucoup de vélos à Bruxelles : quand va-t'il comprendre ca ? La Belgique est un pays où il pleut et Bruxelles n'est pas une ville plate. De plus si vous laissez votre vélo on vous le saccage ou on vous le pique en un rien de temps.
Qu'ils cessent de dire qu'ils veulent limiter la pollution ! Combien de CO2 est généré par ces dizaines de milliers de voitures coincées ?!
Les transports en commun, une alternative ? Mon oeil ! Insécurité, prix élevés, retards, manque de confort, passagers debout serrés comme des sardines... quel bonheur. Il est impensable de prendre le métro en famille pour un cinéma ou un resto en ville le soir. Il n'y à qu'un moyen : la voiture. Est-ce compliqué à comprendre ?
J'adresse donc un grand BRAVO et un grand MERCI à Monsieur de Ministre de l'IMMOBILITE et de la POLLUTION.
A quoi bon dépenser plus pour des autos non polluantes ? il n'y aura bientôt plus de place pour les faire circuler...
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Je confirme concernant Bruxelles, avec un petit ajout : les fonctionnaires européens ont débarqué en masse depuis l'installation des communautés dans cette ville il y a une quinzaine d'années. Les infrastructures n'ont pas suivi.

Résultat, environ 75.000 personnes au bas mot qui ont trouvé un logement en banlieue et qui font le trajet chaque jour vers le centre ville, qui est devenu un cauchemar pour la circulation.
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et voila qu'aujourd'hui commencent les travaux afin de supprimer une bande de circulation sur les boulevards du centre afin d'installer une piste cyclable !
Bah, d'ici 10 ans on élargira les pistes cyclables pour faire rouler des autos non polluantes (et les chars à boeufs) ...
Entièrement d'accord pour le coup de gueule !
J'ai envie d'ajouter qu'il y a 20 ans, à peu près toute la Belgique (petits villages inclus) était encore desservie par des gares où des trains dits "omnibus" prenaient des passagers pour les mener soit directement à Bruxelles, soit à des gares plus importantes d'où ils pouvaient atteindre Bruxelles rapidement.
Mais voilà, nos super pouvoirs publics et dirigeants aux salaires mirobolants ont un jour décidé - par manque de rentabilité - de démanteler ces gares et même d'en vendre les bâtiments.
Résultat : il faut une voiture pour se rendre à la gare; le trajet en train coûte le prix que l'on dépenserait en diesel pour faire le même trajet en voiture; et arrivé à Bruxelles, il faut encore prendre un tram, métro ou bus, le tout en perdant beaucoup de temps.
Moralité : les gens prennent leur voiture pour se rendre à Bruxelles et se font taxer de sales pollueurs par les médias et les politiciens.
Cela démontre l'état d'esprit pervers de nos dirigeants qui nous ont poussé à prendre la voiture pour mieux nous le reprocher ensuite tout en se sucrant bien fort sur la voiture devenue la vache à lait de l'Etat via les taxes de parking, amendes via flashs automatiques et autres taxes sur le diesel.
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Entièrement d'accord pour le coup de gueule ! J'ai envie d'ajouter qu'il y a 20 ans, à peu près toute la Belgique (petits villages inclus) était encore desservie par des gares où des trains dits "omnibus" prenaient des passagers pour les mener soit direc  Read more
Lolo27 - 3/26/2012 at 10:18 PM GMT
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