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Les enseignants du privé peuvent-ils faire grève ?

IMG Auteur
 
Published : October 06th, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

 

Il y a un an, commentant le mouvement dit « social » contre la réforme des retraites, j’essayais de répondre à la question suivante : les salariés du public peuvent-ils faire grève ? Aujourd’hui, alors que les enseignants manifestent dans la rue contre les suppressions de postes et se félicitent de représenter le privé non moins que le public, je m’interroge : les enseignants du privé peuvent-ils faire grève ?


Enseignement privé, financement public

Par réflexe, par habitude, par égard pour ce droit de grève dont on fait le fondement de la république, on est tenté de répondre par l’affirmative, arguant que les salariés du privé ne sont pas, comme ceux du public, astreints à l’obligation de faire ce travail que rémunèrent nos impôts. Cependant, c’est oublier qu’aujourd’hui, si les personnels enseignants du privé sont des contractuels – et non des fonctionnaires –, ils sont rémunérés par l’Etat, les établissements privés étant eux-mêmes financés en partie par l’argent du contribuable, en partie par celui des parents d’élèves. Si donc la légitimité des grèves est douteuse dans le public, elle ne va pas toujours de soi dans le privé.

Dans ces conditions, faut-il vraiment s’étonner que « même dans le privé », la politique du gouvernement en matière d’éducation soit aujourd’hui critiquée ? En mettant l’accent sur la participation conjointe du public et du privé à cette première grève de la rentrée, les syndicats espèrent sans doute souligner la gravité de la situation tout en légitimant leurs propres revendications. Reste que si les enseignants du privé manifestent avec ceux du public, ce n’est pas « malgré tout ce qui les oppose » (notamment cette culture « anti-grève » que l’on associe aux établissements catholiques), mais précisément parce que les uns et les autres ont en commun d’êtres payés par l’Etat.

 

Plus d’Etat ou moins d’Etat ?

Ce qui devrait surprendre, c’est plutôt l’argumentation de ces grévistes qui nous expliquent que le gouvernement parle de ce qu’il ne connaît pas. Car si l’Etat n’a pas son mot à dire et si rien ne vaut l’expérience du terrain, pourquoi diable les enseignants s’entêtent-ils à travailler dans des établissements publics ou sous contrat avec l’Etat ?

Qu’ils soient issus du public ou du privé, ces défenseurs du service public devraient, en toute logique, être les premiers avocats du chèque-éducation, qui combine service public et prestations privées. Si ce dispositif était adopté en France, la décision de créer ou supprimer des postes serait laissée à la discrétion de chaque établissement, confronté à la compétition des autres établissements ainsi qu’à la réalité du terrain. Mais cette combinaison entre financement public (via le chèque-éducation) et compétition (entre écoles) déplaît fortement à la grande majorité des enseignants, qui persistent à voir le fonctionnariat comme le statut « normal » du pédagogue, et le contrat comme une insulte à sa fonction.

En d’autres termes, les enseignants grévistes ne veulent pas que l’Etat se mêle de leurs affaires, mais ils ne veulent pas non plus d’une liberté qui aurait pour corollaire, outre la disparition du fonctionnariat, l’obligation de la performance.


Les enseignants du privé peuvent-ils donc faire grève ? Oui, si nous parlons bien de cette minorité d’enseignants dont les revenus sont fonction du choix des parents d’élèves, donc du mécanisme impersonnel de l’offre et de la demande. Non, si l’enseignement privé dont il s’agit n’est qu’une version juridiquement modifiée de l’enseignement public à la française : une école financée par le contribuable et trop souvent oublieuse des obligations que cela implique.

 

 

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P.S. Je reconnais la présence de la FEN comme annexe de la CGT car elles utilisent les arguments les plus détestables : l'attaque à la personne ; à défaut de pouvoir défendre des idées - qu'elle n'ont pas ou qu'elles n'osent pas exprimer !
Intéressant ! Il y a dans notre pays des choses auxquelles nous n'avons pas le droit de toucher et principalement la FEN qui détient le SAVOIR et ce même concernant un article particulièrement touffu et rigoureusement sans intérêt. Mais Big Brother veille...
Non mais pour qui se prend il celui la ? a-t-il au moins l'once d'une idée des raisons pour lesquellles les enseignants se manifestent ? en voila encore un qui du haut de ses hautes sphères se croit autorisé à mépriser tout et n'importe qui ....
Tout à fait d'accord. Cet article ne relève vraiment pas le niveau... Je ne vois pas le rapport entre le fait que l'Etat subventionne l'enseignement privé et celui que ses enseignants n'auraient pas le droit d'y faire grève. Ce Monsieur confond fonctionnaire et militaire.
B., vous vous demandez pour qui je me prends ? Vous devriez plutôt vous demander quelle idée se font de leur fonction les enseignants qui manifestent, le financement public de l’enseignement étant justifié, entre autres, par la nécessité de garantir un service dont on estime qu’il ne pourrait être rendu convenablement par un marché libre. Les journées non travaillées n’étant pas payées, on ne peut dire que la collectivité « paie les profs à ne rien faire ». Mais on ne peut nier pour autant que le recours aux grèves contredit la notion d’un service public à l’abri des turbulences. En tout cas, il est légitime d’en débattre. Car le droit de grève reconnu aux fonctionnaires ne nous dit pas dans quelle mesure les principes du service public sont compatibles avec les revendications des grévistes. Si c’était le cas, ce droit de grève serait le même pour absolument tous les fonctionnaires.
Dans le cas présent (celui des enseignants du privé, contractuels), il est clair qu’on ne peut à la fois accepter que l’Etat distribue les cartes, et lui dénier cette compétence quand les cartes distribuées ne nous conviennent pas.
Les enseignants en général sont les mieux placés pour apprécier la gravité de la situation. Je ne me prononce donc pas sur la légitimité de leur mécontentement. Je note en revanche qu’il est contradictoire de critiquer une décision politique tout en défendant les principes et le mode de fonctionnement qui la justifient. Le problème avec les enseignants français (dans le privé comme dans le public), ce n’est donc pas qu’ils pensent mieux savoir que l’Etat ce qui est bon pour l’école, mais qu’ils n’en sont pas suffisamment convaincus, semble-t-il, pour réclamer les changements qui s’imposent.
Alors Benoît (je vais vous appeler ainsi, puisque vous n’avez pas de nom), si vous pensez que seuls les enseignants (et vous-même bien sûr) comprennent la situation, je vous conseille de vous interroger sur les relations entre l'Etat et les collectivités locales d'une part, et l'enseignement d'autre part, puisque manifestement ça ne fonctionne pas. Ce qui, accessoirement, vous laissera moins de temps pour faire la morale.
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B., vous vous demandez pour qui je me prends ? Vous devriez plutôt vous demander quelle idée se font de leur fonction les enseignants qui manifestent, le financement public de l’enseignement étant justifié, entre autres, par la nécessité de garantir un s  Read more
Nils Sinkiewicz - 10/7/2011 at 10:35 AM GMT
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