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Les vendeurs à découvert au pied du mur

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Published : March 14th, 2008
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«(…) Sur le marché à terme de l’argent, les 4 plus gros vendeurs à découvert ont perdu plus d’un milliard de dollars au cours des deux dernières semaines, et environ 2 Md$ au cours des deux derniers mois. Les 4 gros vendeurs à découvert dans l’or ont perdu près de trois milliards de dollars au cours des deux derniers mois »


La lecture du dernier rapport du Commitment of Traders (COT) sur les futures argent sur le COMEX n’a apporté aucune surprise concernant le point le plus important, à savoir la position vendeuse concentrée des 4 et 8 plus gros traders, qui a affiché de nouveaux records.

Les 4 plus gros traders affichent aujourd’hui une position vendeuse à découvert nette de 62 229 contrats, soit plus de 311 millions d’onces, c'est-à-dire l’équivalent de plus de 177 jours de production minière mondiale.

Les 8 plus gros traders affichent aujourd’hui une position vendeuse à découvert nette de 79 042 contrats, soit plus de 395 millions d’onces, c'est-à-dire l’équivalent de plus de 225 jours de production mondiale.

 Il n’y a jamais eu de position concentrée, de n’importe quel type (acheteuse ou vendeuse), aussi importante dans l’argent, ni dans aucune autre matière première.

On m’interroge souvent sur la manière dont cette position vendeuse à découvert concentrée dans l’argent (et dans l’or) allait pouvoir se résoudre à court terme. Y aura-t-il une vente massive ou bien une capitulation des vendeurs , entrainant une explosion des prix ? Il est impossible de le dire avec certitude. La seule chose certaine, c’est que cette position doit être et sera résolue. Je peux néanmoins expliquer la situation de façon plus complète, avec l’espoir que cela vous aidera à vous préparer à ce qui va se produire.

Les vendeurs à terme dans les domaines de l’or et de l’argent, ainsi que dans de nombreuses autres matières premières, se trouvent dans une position très difficile ; ils sont littéralement au pied du mur. Leurs pertes collectives sont extrêmement importantes, et représentent plusieurs fois toutes les pertes qu’ils ont subies dans le passé. Je pense que les gros vendeurs à découvert ont en fait perdu (sur le papier, et en prenant en compte les appels de marge résultants) davantage que ce qu’ils n’ont gagné au cours des 5 ou 10 dernières années. Les vendeurs sont virtuellement en faillite.

Bien que je ne les plaigne pas, après des décennies passées à les regarder jouer leurs vilains tours au dernier moment (avec l’aide des instances régulatrices) et à déclencher des ventes massives, cela me met mal à l’aise de les déclarer enfin vaincus. En tout les cas pas avant que je n’aie lu leur notice nécrologique financière ou l’annonce de leur faillite. Ainsi, pour le moment, je ne les déclare que gravement blessés. Et comme tous les animaux blessés, ils peuvent encore être dangereux.

Quelle est la gravité de leurs blessures ? Sur le marché à terme de l’argent, les 4 plus gros vendeurs à découvert ont perdu plus d’un milliard de dollars au cours des deux dernières semaines, et environ 2 Md$ au cours des deux derniers mois. Les 4 gros vendeurs à découvert dans l’or ont perdu près de trois milliards de dollars au cours des deux derniers mois. On retrouve des pertes similaires dans le pétrole, le gaz naturel, les métaux de base, les céréales, le coton et d’autres marchés.

Qui sont ces vendeurs à découvert qui se font déchiqueter ainsi ? Ce sont généralement des banques, des institutions financières  et des insiders qui sont généralement positionnés du coté vendeur sur la plupart des marchés. Ce sont eux qui font le marché.

Qu’est ce qui a causé ce soudain et profond revers de fortune chez les vendeurs à découvert ? Deux choses. D’une part, la demande incessante de matériaux bruts provoquée par la croissance économique mondiale, surtout du côté du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine. D’autre part, l’influx d’une grosse demande d’investissement  dans les matières premières, de la part d’institutions, surtout les fonds cotés en bourse pour le moment, mais les fonds souverains attendent en coulisses.

Les fonds cotés en bourse, avec quelques 200 milliards de dollars déjà investis, ont acheté une grande variété de contrats de futures dans les matières premières, dont le pétrole brut, le gaz naturel, le blé, le soja, le maïs, le coton, le sucre, le café, les métaux de base (principalement à Londres), et d’autres. Pour ce qui est de l’or et de l’argent, ces fonds achètent surtout des ETF, au lieu de contrats futures. Ils sont le must des placements de tout repos dans les secteurs des institutions. Ce sont des positions d’investissement à long terme, et comme il n’y pas d’effet de levier, il n’existe aucun potentiel de liquidation due à des appels de marge (au contraire des tech funds, qui fonctionnent avec une marge).

L’année dernière, j’ai écrit pour la première fois à propos des fonds cotés en bourse lors de la première parution de rapport supplémentaire du COT, qui détaillait les actifs de ces fonds dans divers marchés futures. Vous pourrez trouver cet article, intitulé La relève de la garde ? en cliquant sur ce lien :

http://www.investmentrarities.com/01-16-07.html

En voici quelques extraits :

« La taille atteinte par les fonds cotés en bourse a récemment été révélée avec la parution du rapport supplémentaire du COT, commencé le 8 janvier. Ce rapport couvre 12 matières premières agricoles (pas l’argent) et détaille pour la première fois combien de contrats détiennent les fonds cotés en bourse. En un mot, ils en détiennent beaucoup. J’ai été réellement surpris du nombre de contrats qu’ils détiennent.

Ces fonds cotés en bourse, comme on s’y attendait, détenaient presque exclusivement des positions acheteuses. Tel un sous-ensemble de la catégorie commerciale, ils possédaient une position plus large et plus dominante que n’importe quelle autre catégorie dans presque tous les marchés. Dans de nombreux marchés, la position acheteuse des fonds cotés en bourse excédait la position acheteuse de deux, ou de toutes les autres catégories de position acheteuse (commerciale, non-commerciale et non-rapportée) combinées. C’est énorme.

Bien que les positions des fonds cotés en bourse soient extrêmement larges, et nécessitent la création d’une position vendeuse toute aussi grande pour exister, il faut remarquer que ces fonds ne tolèrent pas la livraison physique qui pourrait créer un défaut de livraison sur le marché.  Néanmoins, si un tel défaut se produisait (qui correspondrait à une faillite du marché concerné), il n’est cependant pas impossible d’imaginer qu’une incroyable pression financière soit exercée sur les vendeurs à découvert en raison de la présence des fonds cotés en bourse. »

L’achat massif et sans endettement par les fonds cotés en bourse a nivelé le terrain. Avant, les vendeurs à découvert dominaient le marché, grâce à leur force financière et à la « trahison » des organismes de contrôle et notamment, la CFTC (Commodity Futures Trading Commission). Les fonds cotés en bourse ont modifié et aplani cette équation grâce à une taille financière et à des achats sans effet de levier. Par exemple, les fonds cotés en bourse sont longs de 1 milliards de boisseaux sur les futures blé à Chicago, c'est-à-dire presque 50% des intérêts nets sur les futures et plus de 50% de la récolte de blé hivernale des États-Unis.

C’est cette combinaison des fondamentaux serrés de l’offre et de la demande dans la plupart des matières premières et d’achats de la part des fonds cotés en bourse qui a acculé les vendeurs courts au pied du mur. Puisque ces deux facteurs semblent être un phénomène de long-terme, toute vente massive à court-terme n’offrirait qu’un répit temporaire aux vendeurs à terme. Il semble que la force haussière à long-terme d’un rapport offre/demande serré soit un changement de paradigme de grande importance.

Malheureusement pour les vendeurs à découvert, la nature même de leurs positions dans les matières premières a créé un problème qui pourrait s’avérer insurmontable pour eux. Leurs positions comportent un effet de levier très important. Ces positions vendeuses sont similaires aux positions acheteuses qui comportent un effet de levier et qui sont actuellement en train d’être liquidées dans les crédits immobiliers, les titres de crédit, les produits dérivés et les obligations municipales par les hedge funds et les institutions financières. Mais tous ces titres et ces produits dérivés qui perdent de la valeur et qui sont liquidés sont des positions acheteuses, alors que les positions qui se retrouvent stressées actuellement dans les matières premières (y compris l’argent et l’or) sont principalement des positions vendeuses.

Il existe une différence gigantesque entre liquider une position acheteuse à effet de levier au cours d’un épisode de panique et faire la même chose avec une position vendeuse. Voici la différence : une position acheteuse ne peut pas descendre en dessous de zéro, et lorsqu’elle atteint un prix au dessus de zéro, un acheteur opportuniste achètera cette position, alors qu’une position vendeuse liquidée dans un moment de panique ne comporte pas une telle garantie. Trouver une entité qui veuille bien assumer une position vendeuse massive si les vendeurs courts commencent à paniquer n’a rien à voir avec vendre une position acheteuse dans la précipitation.

Il est impossible de prévoir à quel point la liquidation de positions vendeuses (le rachat) peut faire augmenter un prix. Dans le cas d’une matière première en position vendeuse, pour laquelle il n’existe aucune quantité adaptée pour la  livraison (pensez au blé de Minneapolis et à l’argent du COMEX), et il n’y a alors aucune limite. Ajoutez à cela le fait que la position vendeuse sur l’argent au COMEX est détenue par 4 entités tout au plus, et vous avez les ingrédients pour une panique historique sur les vendeurs à découvert. C’est précisément la raison pour laquelle les régulateurs ne sont pas à la hauteur d’une situation qu’ils ont laissé persister et empirer, en dépit des mes avertissement constants.

J’ai déjà écrit à propos de l’aspect peu rentable et illogique d’une situation dans laquelle l’argent est vendu à découvert en grandes quantités aux prix extrêmement bas que nous voyons depuis des années.  Si vous n’avez pas voulu profiter de l’incroyable opportunité offerte par l’argent, je comprends. Mais pourquoi diable quiconque voudrait donc vendre de l’argent métal à découvert à grande échelle ?

Il semble que nous ayons finalement la réponse à cette question : vendre de l’argent à découvert à grande échelle était stupide. Ou bien de la manipulation pure et simple.

Le temps est-il venu pour que commence une panique épique sur les positions vendeuses sur le marché de l’argent métal ?  Peut-être, d’autant que de plus en plus de gens prennent conscience du problème.

La combinaison d’un stress sévère récent sur les vendeurs à découvert, les fondamentaux, des achats opérés par les fonds cotés en bourse et l’impossibilité de racheter facilement cette position vendeuse démesurée place les vendeurs à découvert dans une position difficile. Un animal blessé est toujours dangereux, selon la gravité de ses blessures. Ils sont désormais au pied du mur, et si la situation ne se résout pas d’ici peu, il y a de grandes chances pour que le mur leur tombe dessus.



Theodore Butler

Investmentrarities.com

Théodore Butler étudie le marché de l’argent métal depuis près de 20 ans. Il rédige des chroniques régulières publiées par Investment Rarities.


Nul n’est en mesure de prédire le futur de manière certaine et il est possible que les analyses de Ted Butler et d’Israel Friedman s’avère erronée. L’argent peut monter, tout comme il peut descendre. C’est à vous de lire, d’analyser et de tirer vos propres conclusions. La prudence nous oblige à insister sur le fait que les métaux précieux peuvent ou peuvent ne pas s’avérer convenir pour vos investissements.




Theodore Butler est contributeur à 24hGold.com. Les vues présentées sont les siennes et peuvent évoluer sans qu’il soit nécessaire de faire une mise à jour.   Les articles présentés ne constituent en rien une invitation à réaliser un quelconque investissement.  L’auteur, 24hGold ainsi que toutes parties qui leur seraient directement ou indirectement liées peuvent, ou non, et à tout instant, investir ou vendre dans tous les actifs présentés dans ces colonnes. Tous droits réservés par 24hGold.



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Theodore Butler est l'éditeur de Butler Resaerch, spécialiste de l'investissement dans les métaux précieux et plus particulièrement l'argent.
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