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Leurs meilleurs ennemis

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Published : January 03rd, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

L’Espagne vient soudainement de prendre l’avantage sur l’Italie, la lutte entre les deux s’annonce serrée… Reconnaissant un fort dérapage, Luis de Guindos, le ministre espagnol de l’économie, craint désormais que le déficit public ne dépasse le taux de 8 % du PIB – l’objectif initial de 6 % enfoncé – une partie importante de ce dépassement provenant selon lui des 17 régions autonomes.


“Nous sommes face à une situation très difficile, très complexe, sans doute la plus difficile de ces dernières décennies en Espagne”, a-t-il commenté, en ajoutant à la radio : “si nous serrons uniquement la vis en termes de rigueur économique, de coupes dans les dépenses, nous sommes peut-être en train de nous attirer des ennuis”.


Faisant référence au sommet européen du 30 janvier prochain, présenté comme devant traiter le dossier social, le ministre en a tiré comme conclusion que “nous devons tous réduire le déficit public, mais je crois aussi que nous devons donner une impulsion aux réformes économiques, parce que l’Europe ne peut pas se contenter d’une simple politique économique de rigueur budgétaire”.


Mario Monti, le président du Conseil italien, n’a pas tenu un langage très différent, en considérant que “les turbulences financières ne peuvent pas être considérées comme terminées” et qu’il faut leur apporter au niveau européen “une réponse commune, solidaire”. N’avançant lui aussi qu’à pas comptés pour expliciter son propos, il a appelé les autorités allemandes à “ne pas tomber dans une perspective de court terme”, en se concentrant uniquement sur la discipline budgétaire. Assurant qu’il ferait “tout pour éviter les tensions sociales”, Mario Monti a dans l’immédiat préféré ne pas annoncer les mesures qui permettrons de “favoriser la croissance et la compétitivité à travers un grand effort partagé et concerté”.


Les dirigeants européens voudraient se donner des marges de manœuvre, coincés entre les injonctions de la Bundesbank et la sévère crise sociale qui résulte de leurs plans successifs de rigueur, là où ils sont déjà appliqués. Mais Jens Weidmann, son président, ne leur a pas donné beaucoup d’espoir, martelant que “une des leçons de la crise est qu’il ne faut pas différer la consolidation”. Eux craignent, en exigeant trop, de réveiller le vent de la contestation et vont naviguer au plus près.


Le premier ministre britannique n’a pas été en reste, s’engageant “à faire davantage pour remettre sur pied l’économie”, faisant déjà valoir que les Jeux Olympiques de 2012 et le jubilé de diamant de la reine étaient pour les Britanniques une “formidable motivation pour regarder de l’avant”. Enfin, chacun choisissant sa manière d’exprimer la même idée sans au grand jamais la préciser, Elio Di Rupo, le nouveau premier ministre belge, a énigmatiquement déclaré que “nous devrons transformer les difficultés en nouvelles opportunités. Il est fondamental de poser les fondations pour des lendemains meilleurs”.


Au pied du mur, reconnaissant que la société grecque était “durement éprouvée”, le premier ministre grec Lucas Papademos a quant à lui préféré avouer qu’il n’y avait pas de “solution magique”, et qu’il fallait poursuivre “l’effort douloureux” pour éviter “la faillite désordonnée et catastrophique” et la sortie de l’euro. Embourbé dans de difficiles négociations sans fin, le gouvernement grec s’apprête à devoir satisfaire de nouvelles exigences de la Troïka, touchant les retraites et l’emploi public.


Angela Merkel s’attend à une année “plus difficile” que la précédente, prédisant que “au bout de ce chemin, néanmoins, l’Europe ressortira plus forte de la crise qu’elle n’y est entrée”, tandis que Nicolas Sarkozy se recentre sur un discours électoral, jouant sur la peur pour mieux exciper de son hypothétique rôle de sauveur de dernier ressort.


Tous, il leur faudrait trouver autre chose que des mots, de vagues formules incantatoires. Mais la poursuite de la libéralisation constitue leur seul horizon, et le renforcement de la compétitivité leur unique porte de sortie. En refusant de sortir de leur cadre intangible, ils continuent de se révéler les meilleurs artisans de leur propre défaite.


Billet rédigé par François Leclerc

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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