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Mondialisation: une affaire de personnes avant tout

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Published : December 06th, 2011
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Lorsqu'un champion national marque des points hors de leurs frontières, les gouvernements sont prompts à se gargariser de l'aide "décisive" qu'ils lui ont apportée. Lorsqu'un pays riche inonde de dollars les favoris d'un régime en place, son gouvernement met en avant son "engagement pour le développement". Outre que ces actions promeuvent sous le nom d'« aide au développement » une politique de népotisme sélectif et sous le nom de "libéralisme" un « capitalisme de connivence » aux relents de renvois d'ascenseur, elles s'effectuent en général aux frais du contribuable. Loin des clichés de propagande, la réalité de la mondialisation et la véritable aide au développement reste avant tout une affaire privée.


En 2011, d'après la Banque mondiale plus de 215 millions de personnes vivent hors de leurs pays d'origine. Plus de trois fois la population française. Un chiffre supérieur de 40% à ce qu'il était en 1990, renchérit The Economist. Loin des grands discours, la mondialisation est, comme de tous temps d'ailleurs, affaire de personnes. De courageux individus quittent leur pays d'origine pour chercher fortune ailleurs. Avec deux grandes conséquences:

- ils créent entre eux une "diaspora" qui fonctionne comme un formidable réseau professionnel ;

- ils contribuent au développement de leur pays d'origine.


Aide au développement : Individus 1 - État 0

Alors que, paralysées par la crise qu'elles ont elles-mêmes provoquée, les instances gouvernementales occidentales rognent sur l'aide au développement et se font coiffer au poteau par la Chine, l'Inde et le Brésil, le véritable moteur de l'aide aux économies sous-développées recommence à tourner à plein régime. La véritable aide au développement, aujourd'hui, est constituée de l'argent que les émigrés envoient à leur famille restée au pays. En 2011, la Banque mondiale estime que ces sommes avoisineront 351 milliards de dollars, soit plus du triple de l'aide au développement octroyée par les États. De quoi faire rêver.

Car cet argent, au lieu d'être gaspillé, d'enrichir les amis bien placés du régime, ou de participer à des projets aussi pharaoniques que dangereux pour l'environnement, parvient sans coup férir à ceux qui en ont besoin : les gens ordinaires. Grâce à l'aide de leurs membres partis à l'étranger, des millions de familles à travers le monde vivent mieux au quotidien et peuvent choisir elles-mêmes à quoi consacrer cette manne régulière. Injectées au niveau le plus bas de l'économie locale, ces sommes font plus pour son développement que les programmes publics d'aide les mieux conçus.


Les diasporas, soutiens du commerce international

Par ailleurs, les émigrés constituent également une communauté qui s'étend à travers le monde pour constituer un réseau d'affaires extrêmement efficace, basé sur des liens ethniques, voire tribaux ou familiaux. Tout comme les banquiers juifs ou lombards du Moyen-Âge et les armateurs phéniciens de l'Antiquité, ces réseaux soutiennent le commerce international.

Un très intéressant article, paru dans The Economist le 19 novembre dernier, relevait par exemple un fait aux antipodes des habituels clichés sur les relations sino-africaines. La communauté africaine est, en effet, tellement importante dans la ville chinoise de Guangzhou que le quartier où ils résident et font des affaires, est désormais connu des Chinois sous le sobriquet de "Qiao-ke-li Cheng", la "Ville-chocolat".

Tout comme les entrepreneurs chinois partis à la conquête du continent noir, les entrepreneurs africains ont rapidement compris l'intérêt d'établir une tête de pont dans  « l'usine du monde », où ils peuvent faire produire à bon compte des biens qu'ils expédient et revendent dans leur pays d'origine. Mais que ce commerce ait lieu précisément avec la Chine n'est pas un hasard. Les entrepreneurs africains font comme leurs homologues à travers le monde: ils s'en vont là où les barrières douanières et les entraves à la circulation ne les empêchent pas de faire des affaires et de créer de la richesse. Or, la Chine l’a bien compris, et ses usines ouvrent grands leurs bras aux clients africains.


Mondialisation et bien-être

Quelle leçon tirer de tout cela? D'abord, que la mondialisation, si elle profite aux États, aux multinationales et à leurs dirigeants respectifs, est aussi un formidable moteur de développement économique et humain. Ce n'est pas pour rien que dans son livre Why the West rules (for now), Ian Morris, professeur d’histoire à la Stanford University, remarque à juste titre que la période de prospérité occidentale la plus remarquable avant la révolution industrielle est l'apogée de l'Empire romain. L'économie y était alors mondialisée à l'extrême: des produits importés de Chine et d'Inde par la mer Rouge parvenaient alors jusqu'aux endroits les plus reculés du Nord de l'Europe. Oublions un instant le « capitalisme de connivence » et les collusions malsaines entre États et "champions industriels". Les vrais progrès sont ailleurs.

 

 

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Frédéric Wauters est journaliste économique indépendant et professeur de sciences commerciales et de communication à la Haute Ecole Galilée à Bruxelles. Entrepreneur (www.ex-abrupto.be), il est également essayiste et vient de publier, avec son confrère Ludovic Delory, d'un ouvrage intitulé "Retraites Plombées: comment l'Etat vole votre avenir" (plus de détails sur www.retraites-plombees.be).
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