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Nick Hanauer, l'entrepreneur qui sous-estimait son propre rôle (2)

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Published : January 06th, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

Dans un article paru en décembre sur Bloomberg, l'entrepreneur américain Nick Hanauer s'attaque à la bonne réputation des patrons, expliquant que contrairement à l'idée reçue, les emplois sont créés par les consommateurs, et non par les entreprises. Derrière ces considérations théoriques sur l'offre, la demande et le marché de l'emploi, il y a la défense d'une politique fiscale particulière et de ce que beaucoup de gens croient être le rôle légitime de l'État dans l'économie.


Taxer l'un, c'est taxer l'autre, et vice versa


L'article de Nick Hanauer amalgame deux niveaux d'interprétation, l'un économique, distinguant l'offre et la demande, l'autre sociologique, évoquant classes aisées et classes moyennes – le tout donnant l'impression qu'un entrepreneur est nécessairement riche. Ainsi M. Hanauer peut-il justifier une politique fiscale plus favorable aux ménages qu'aux entreprises, supposant que le malheur des uns fait le bonheur des autres. En d'autres termes, en épargnant les consommateurs pour se reporter sur les producteurs, la pression fiscale stimule la demande. « Taxons les riches, explique l'ami des petites gens, et utilisons cet argent pour stimuler la croissance en rendant le pouvoir d'achat aux classes moyennes ».


En soi, cette position n'est pas incompatible avec l'affirmation que taxer les ménages fait baisser la demande. Mais le problème, c'est que Nick Hanauer a lui-même mis en évidence la relation d'interdépendance existant entre les entreprises et les consommateurs. S'il est vrai que la demande impacte l'offre, il est vrai également que l'offre influe sur la demande.


Car qui dit interdépendance dit réciprocité. Que l'impôt frappe l'offre ou la demande, le résultat est grosso modo le même. Si les ménages paient plus d'impôts, il leur reste moins d'argent disponible pour la consommation. De même, si les sociétés paient plus d'impôts, cette hausse est susceptible de se répercuter sur les salaires ou sur les prix, voire sur les deux. Dans un cas comme dans l'autre, la victime est le pouvoir d'achat – ce trait d'union entre l'offre et la demande qui permet à M. Hanauer de dire que sans les consommateurs, il n'y a pas de profit possible.


L'État plus raisonnable ?


Dans un système économique fondé sur des relations d'interdépendance, ménages et entreprises ont donc un intérêt commun à ce que la plus grande part de leurs ressources respectives soit investie dans l'échange. De ce point de vue, le parasite, c'est le fisc.


Mais Nick Hanauer, loin d'y voir un parasite, s'entête à présenter l'État comme le meilleur allié des ménages dans leur lutte contre le « big business ». S'il ne nie pas que les « riches » consomment et investissent, contribuant ainsi à la création d'emplois et au financement de projets, il estime que les pouvoir publics utiliseraient ces richesses plus équitablement, c'est-à-dire au profit de la collectivité, et plus rationnellement, c'est-à-dire en investissant dans des projets répondant à l'intérêt général. On peut sérieusement en douter, mais les idées reçues ont la vie dure : même inefficace, l'action unique de l'État paraît plus compréhensible et donc moins suspecte que ces innombrables actions individuelles non concertées.


L'article de Nick Hanauer n'est en fin de compte qu'une énumération des lieux communs sur les inégalités, le pouvoir d'achat, la cupidité des entrepreneurs et les vertus correctrices de l'impôt. Peu d'originalité en somme, mais une grande franchise, et c'est ce qui le rend si intéressant.


Sans oublier que ce n'est pas la première fois que ce discours se fait entendre. En août dernier, Warren Buffet s'était déjà fait le porte-parole de ces « milliardaires patriotes » appelant Washington à taxer les « riches ». Le discours surprend, on y voit une prise de conscience. Si les riches eux-mêmes confessent n'être pas les mieux placés pour savoir comment utiliser leur argent, n'est-ce pas la preuve, pensent certains, qu'il y a des gens « trop » riches et d'autres « trop » pauvres, que les richesses sont mal réparties, que l'État peut et doit intervenir pour y remédier ?


La réponse est non. Comme je l'ai déjà expliqué, cette repentance des nantis ne prouve rien, sinon que quelques hommes veulent imposer leurs préférences à tous les autres – se félicitant au passage de légitimer la croyance que les difficultés du grand nombre sont dues à la prospérité d'une minorité. Une croyance qu'il est dangereux d'entretenir, surtout en temps de crise.

 

 

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outils de base pour l'identification de manipulations grossières : http://www.pressenza.com/npermalink/les-dix-strategies-de-manipulation-de-masses
que ceux qui ont réussi à lire le texte et se pas remarquer (au moins) l'absence des actionnaires dans ce système oh combien simplifié à l'extrême aillent se flageller avec des orties.
de toute façon le problème est ailleurs, le monstre argent-dette est devenu trop gros pour être encore rassasié. un article diversion comme on est habitué de la part de l'auteur...

(à quand le prochain relai de think tank pro système une fois qu'on aura démonté celui-ci au fait ? ils tiennent de moins en mois la route)
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Je n'évoque pas non plus les petits hommes verts. Ni les aventures trépidantes de votre appareil digestif.
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ça n'aurait pas dépareillé pourtant.
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Ce Nils S peut analyser la situation économique aujourd'hui,n'en déplaise à tous ces thuriféraires,le système capitaliste est mort et est en voie de désintégration finale,pour notre plus grand bonheur,à nous les esprits anarques comme le définissait si bien Ernst Junger?Le règne du calcul,de la quantité et de la massification ne peut qu'habiter les esprits médiocres,à savoir les maitres du système et leurs esclaves,et meme les soi-disant maitres sont encore plus esclave que leurs propres esclaves."Ceux qui voient dans la civilisation des machines une étape normale de l'Humanité en marche vers son inéluctable destin devraient tout de meme réfléchir au caractère suspect d'une civilisation qui semble bien n'avoir été sérieusement prévue ni désirée,qui s'est développée avec une rapidité si effrayante qu'elle fait moins penser à la croissance d'un etre vivant qu'à l'évolution d'un cancer.Hélas!la liberté n'est pourtant qu'en vous,imbéciles!G Bernanos"
Politiques,oligarchies,chefs d'entreprises et autres esclaves du système,réveillez vous sous-homme,on est au bord du gouffre,la massification et son système du règne de la quantité a fabriqué un homme insecte.Nous verrons peut-etre un jour une révolte de l'esprit contre le poids.
Nordine.
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En fait, l'état gère-t-il mieux que les privés ? Des exemples de "tout état" ne manquent pas : URSS, Chine de Mao, Cuba, Corée du Nord et la France. Ces modèles ont montré leurs limites et les résultats parlent d'eux-même. Mais il y aura toujours une frange de la population : les déshérites ou maintenant les "indignés" qui croient plus dans l'aide de l'état qu'en leur propre capacité à s'en sortir. Il est vrai que c'est plus fatigant de travailler dans le bâtiment ou la restauration que d'attendre la manne des aides sociales.
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L'Etat ne peut pas "gérer" mieux que les privés. Comme ce n'est pas son argent et que ses ressources proviennent de l'expropriation, et non pas de l'échange, il n'a pas de contraintes quant à l'optimisation de ses ressources.

C'est au contraire le plus mauvais système de gestion des ressources rares qu'il soit possible d'avoir.
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L'Etat ne peut pas "gérer" mieux que les privés. Comme ce n'est pas son argent et que ses ressources proviennent de l'expropriation, et non pas de l'échange, il n'a pas de contraintes quant à l'optimisation de ses ressources. C'est au contraire le plus  Read more
Josey Wales - 1/9/2012 at 6:21 AM GMT
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