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Published : February 06th, 2015
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Category : Editorials

Les évènements se déroulent désormais plus rapidement que nos cerveaux n’arrivent à les suivre.  N’est-il pas merveilleux que le prix de l’essence à la pompe soit un dollar moins cher qu’il y a un an ? Beaucoup d’idiots peu clairvoyants festoient, inconscients du fait qu’un pétrole peu cher détruit la capacité pour les sociétés de livrer du pétrole dans le futur, quel qu’en soit le prix. Les puits de pétrole de schiste dans le nord du Dakota et au Texas, le projet Tar Sand dans l’Alberta et les forages pétroliers en eau profondes aux Etats-Unis comme à l’étranger ne sont pas économiquement rentables  à 45 dollars le baril. Les puits de pétrole de schiste encore en opération continueront de produire pendant encore un an, mais il n’y en aura pas de nouveaux de creusés lorsqu’ils s’épuiseront – 50% des réserves sont produites la première année, et les puits se vident généralement sous quatre ans.

Il faut dire que la structure financière des exploitations de schiste était suicidaire depuis le départ. Les forages et les opérations de fracturation ont été financés par des obligations toxiques à rendement très élevé, ou si vous préférez, de l’argent emprunté à des « investisseurs ». Tout le monde s’est mis à forer et à produire sans relâche, mais même à 105 dollars le baril, personne ne pouvait tirer profit de ces opérations. Les investisseurs n’ont pas pu être remboursés, et beaucoup de prêts provenaient de carry-trades établis par les too big to fail, gonflés par d’importantes « marges ». C’est ce qui a permis aux investisseurs de prétendre avoir risqué bien plus gros qu’ils ne l’avaient fait en réalité. Tous ces instruments à effet de levier – ces paris – ont été garantis dans un enfer de produits dérivés non-régulés prétendant agir en tant qu’assurance contre les mauvais paris, mais qui en réalité ne peuvent jamais payer quoi que ce soit puisque l’argent qu’ils représentent n’est pas là (et ne l’a jamais été). Arrivent ensuite les appels de marge…

En clair, profitez d’un prix à la pompe de 2,50 dollars tant qu’il durera, parce que quand les réserves actuelles de pétrole de schiste se seront épuisées, ce sera terminé. Quand toutes ces obligations qui se tiennent debout sur leurs montagnes de produits dérivés s’effondreront, l’industrie du pétrole e schiste ne disposera d’aucun financement. Plus aucune obligation à rendement élevé ne sera émise, parce que les précédentes auront fait l’objet d’un défaut. Très peu de nouveaux puits seront forés. La production pétrolière américaine ne s’en retournera jamais à son niveau de 2014-15 (qui aura été le plus élevé de tous les temps après celui des années 1970. Le rêve d’une indépendance énergétique ira s’écraser au loin sur la berge des promesses brisées. Et tout ça n’est bien entendu qu’une partie de l’histoire, parce que des répercussions se feront aussi ressentir sur le plan social et politique.

La grande table du banquet des conséquences a été dressée. Le prochain chapitre de l’histoire du pétrole aura plus de chance de voir entrer en jeu la rareté qu’un simple rebond de prix. Le point de bascule sera la déstabilisation inévitable de l’Arabie Saoudite, qui devrait arriver cette année, après que le roi Abdullah ibn Abdilaziz, 91, fils d’Ibn Saoud, quittera son trône des soins intensifs pour aller les vierges et festins du Paradis. En parlant e festin, j’imagine que l’EIIL se réjouit à l’idée d’envahir une Arabie qui ne serait plus qualifiée de Saoudienne ! Les Saoudiens sont si effrayés qu’ils ont parlé la semaine dernière d’un projet de construction d’un mur digne de celui de Berlin le long de la frontière avec l’Irak. Voilà qui suscite l’idée ridicule d’un scénario à la ligne de Maginot dans lequel des envahisseurs masqués se contentent simplement de contourner l’obstacle. Dans tous les cas, l’Arabie Saoudite se désintègrera de l’intérieur à mesure que les princes et les clans se chamailleront pour son contrôle. Que feront ensuite les Etats-Unis ? Se précipiteront-ils dans la région ? Ne serait-ce pas là le seul moyen pour eux d’arranger la situation ? (voir American Sniper.)

A l’échelle domestique, il y aura aussi de quoi s’occuper. La prochaine fois que les marchés des actions et obligations et les too big to fail s’effondreront – et il y en aura une – les mécanismes de sauvetage seront bien plus massifs que les taux d’intérêt zéro et les QE de 2008-15. La prochaine fois, les fédéraux devront confisquer certaines choses, briser des promesses, et en trahir beaucoup. La question sera de savoir pendant combien de temps le public pourra le supporter. L’armement massif  des polices américaines  en cours est peut-être un début de réponse à la question de savoir comment le gouvernement gèrera le problème.

 

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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
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