Notre monde devient
japonais.
Pendant plus de vingt
ans, le Japon a été l’épicentre du grand cauchemar keynésien qu’est la
planification centralisée. Les bulles financières japonaises ont éclaté en
1989-90. Depuis lors, presque trente années durant, le Japon n’a enregistré
quasiment aucune croissance.
La Banque du Japon a
répondu au problème en établissant une politique de taux d’intérêt à zéro
pourcent, ainsi que neuf programmes de QE pour un total de plus de 50% du PIB
japonais.
Tout au long de
cette période, ni la croissance du PIB ni le taux de chômage n’ont enregistré
d’amélioration significative.
De la manière la plus
simple qui soit, le Japon nous a prouvé à brûle-pourpoint qu’il est
impossible de combattre la bulle sur la dette en faisant diminuer le prix de
la dette. Les faits sont clairs et visibles de tous.
Voilà qui n’a pas
empêché les banques centrales du monde de mettre en place des politiques
identiques pour combattre leurs propres déflations.
A l’échelle globale, les
banques centrales ont réduit les taux d’intérêt plus de cinq cent fois et
imprimé plus de 11 trillions de dollars pour combattre la déflation qui s’est
installée de 2008 au début de l’année 2009.
Les conséquences
de ces politiques ont été les mêmes que celles que nous avons pu voir au
Japon après 1990 : croissance anémique et taux de chômage très élevé. La
« reprise » enregistrée après la crise de 2008 a été la plus lente
de l’après-guerre.
Plutôt que de tenter
quelque chose de nouveau, les gouvernements et les banques centrales ont eu
recours à davantage de création monétaire. Ils ont dissimulé la lenteur de la
croissance en ajustant leurs données économiques nationales au point de les
rendre purement et simplement ridicules.
Tout cela n’a aucun sens
si nous ne comprenons pas que toutes ces actions ont été concentrées sur une
seule chose : empêcher l’implosion de la bulle globale sur les
obligations.
Quand les actions s’effondrent,
des investisseurs font faillite.
Quand les obligations s’effondrent,
ce sont des pays tout entiers qui font faillite.
C’est pourquoi les
banques centrales ont fait tout leur possible pour empêcher des défauts de se
produire sur le secteur des obligations souveraines. Lorsque l’on observe la
bulle sur les obligations, les décisions prises par les banques centrales
prennent tout leur sens.
1) Les
banques centrales réduisent les taux d’intérêt pour faciliter le
remboursement de leurs dettes gargantuesques.
2) Les
banques centrales favorisent l’inflation parce qu’elle rend la dette plus
facilement remboursable et reporte à plus tard la restructuration inévitable
de la dette.
3) Les
banques centrales ont très peur de la déflation de la dette (Janet Yellen
elle-même a dit que la récente déflation du prix du pétrole était un élément
positif pour l’économie), parce qu’elle pourrait faire éclater la bulle sur
les obligations et forcer des nations souveraines à faire faillite.
C’est aussi la raison
pour laquelle le marché des obligations a triplé de volume en seulement
quinze ans : alors que les obligations touchent à leur terme, les
gouvernements sont obligés d’émettre davantage de dette pour rembourser les
détenteurs d’obligations.
Voilà qui est aussi à l’origine
de l’importance de l’effet de levier sur le système financier. A mesure que
les taux sans risque ont baissé, les autres taux de rendements ont aussi
baissé. Les investisseurs se sont donc tournés vers l’effet de levier ou ont
utilisé de l’argent emprunté pour tenter d’obtenir une meilleure rémunération
de capital.
Cette bulle éclipse
toutes les autres. Pour mettre les choses en perspective, le marché des swaps
de défaut de crédit qui a failli emporter le système financier en 2008 était
dix fois plus petit (50 à 60 trillions de dollars).
Quand cette bulle
éclatera, 2008 prendra des airs de pique-nique.
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