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Pourquoi on peut aimer la télé-réalité

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Laurent D'aumale
Published : June 30th, 2011
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 J’aurais pu écrire « pourquoi il faut détester les fictions télé », mais j’ai préféré positiver. Personnellement, j’ai toujours plaisir à tomber sur Koh-Lanta ou « Cauchemar en Cuisine »… Cette dernière émission est un divertissement présenté par Gordon Ramsay, un des rares Anglais décoré de trois toques au guide Michelin. Le principe est le suivant : Gordon a une semaine pour redresser un restaurant en perdition du fait de l’incompétence des gérants. Grande gueule, souvent grossier, le chef étoilé débarque tel un ouragan, observe, critique, donne les ordres et finit toujours par redresser la barre. C’est trash, amusant, mais parfois aussi émouvant, car le chef croit en la capacité des participants à réussir s’ils aiment leur métier et sont prêts à travailler. 

 J’ai toujours aimé la télé-réalité, sauf peut-être à l’époque du Loft. Mais rapidement, il apparut que le terme générique de « télé-réalité » recouvrait deux choses bien différentes : d’une part les télé-débilités, d’autre part d’authentiques défis télévisés. La « télé-débilité », par exemple le Loft, se contente d’enfermer de jeunes écervelés ou d’ex-vedettes dans des maisons truffées de caméras, avec quelques épreuves ludiques… Le terme de réalité est totalement inapproprié : les lofteurs n’effectueront aucun travail et s’inventeront une personnalité télégénique. On est dans la télé-irréalité.

Les défis télévisés, eux, sont d’une autre nature : véritables concours, où seront jugés tantôt l’endurance sportive et psychologique (Koh-Lanta), tantôt le talent (les divers télé-crochets), la débrouillardise, l’habileté, la capacité d’adaptation…  Déclinés de mille façons, ces défis constituent le groupe le plus nombreux et le plus intéressant de programmes dits de télé-réalité. Ils s’inscrivent dans le réel.  

Si les ressemblances entre les deux types d’émission sont ténues, leur esprit diffère radicalement. Il est révélateur que la critique de la « télé-réalité » émane de sociologues gauchistes qui font systématiquement l’amalgame entre les télé-stupidités et d’autres émissions plus intéressantes.

La bien-pensance dénonce comme immoral, le fait de juger les êtres sur leur caractère ou leur mérite, au motif que la vie n’est pas une compétition entre les êtres (elle est, comme chacun le sait, compétition entre « classes sociales » au moyen d’avantages socialement construits ou usurpés). Mais ces pleurnicheries se fracassent, comme toujours, sur la réalité : la vie est bien une compétition au sens noble et sportif du terme, et ce qui distingue radicalement les êtres, ce n’est nullement leur milieu d’origine, mais leurs qualités personnelles.

Dès lors, rien de plus humain que de dénicher l’excellence et d’éliminer l’incompétence, comme le fait parfois Gordon Ramsay en préconisant le renvoi du cuisinier paresseux ou du chef de rang mollasson. Je doute que, dans le remake français, le chef Philippe Etchebest ose en faire autant.

Outre que le droit français l’en empêcherait, le spectateur français trouverait sans doute cela injuste. A titre personnel, ce que je trouve injuste, c’est qu’un patron soit forcé de garder à bord ceux qui mènent son navire au naufrage. Il est ainsi salutaire que le téléspectateur français ait accès à des émissions faisant la part belle à l’ambition, à l’émulation et à la quête de l’excellence quand par ailleurs, le discours ambiant n’est que misérabilisme compatissant à l’égard du « défavorisé ». C’est là justement que réside l’humanité de ces émissions. Elles rendent à l’individu sa dignité, sa liberté souveraine, les clefs de son destin, et lui permettent de se confronter à l’arbitre suprême qu’il s’est choisi : la réalité du marché.

 

 

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Laurent-Louis d’Aumale est chanteur, comédien et metteur en scène. Il est également interprète et traducteur en diverses langues : anglais, allemand, espagnol, russe… et est coauteur, avec Renaud Dozoul, de « 10 (très) bonnes raisons de restaurer la monarchie » aux éditions Muller.
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C'est exactement la réflexion que je me suis faite en découvrant (tardivement hélas) l'émission "Cauchemar en cuisine". Ce programme est très instructif et rappelle que les notions d'offre et de demande, de prix d'équilibre, de compétition, ne sont pas le prétexte d'une domination des riches sur les pauvres ou des gros sur les petits : elles désignent des réalités que nul entrepreneur ne peut se permettre d'ignorer. Des gens qui ne s'intéressent pas à l'économie (y voyant quelque chose d'aussi obscur que la physique quantique) peuvent comprendre, en regardant ce genre d'émissions, ce que les professeurs d'économie ne cessent de répéter (pas toujours de manière convaincante) à leurs étudiants, à savoir que l'économie est quelque chose d'on ne peut plus concret, qu'elle nous entoure, et que le raisonnement de l'économiste, sans bien sûr se suffire à lui-même, peut s'appliquer à tout.
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C'est exactement la réflexion que je me suis faite en découvrant (tardivement hélas) l'émission "Cauchemar en cuisine". Ce programme est très instructif et rappelle que les notions d'offre et de demande, de prix d'équilibre, de compétition, ne sont pas l  Read more
Nils Sinkiewicz - 6/30/2011 at 8:16 PM GMT
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