Prétendre jusqu’à une fin amère

IMG Auteur
Published : February 01st, 2016
6683 words - Reading time : 16 - 26 minutes
( 2 votes, 3/5 )
Print article
  Article Comments Comment this article Rating All Articles  
0
Send
0
comment
Our Newsletter...
Category : Today's Editorial

Prévisions pour 2016

Cet article comporte un élément suprême que vous devrez garder en tête à tout moment : une société (soit une économie et une politique, ou économie politique) qui repose sur une dette qui ne sera jamais remboursée est certaine de faire faillite. Ses institutions finiront par cesser de fonctionner. Ses activités commerciales s’enraieront. Ses dirigeants se démoraliseront. Ses citoyens prendront les choses en main et se soulèveront. Et son capital s’évaporera.

Compte tenu de l’étape de l’Histoire humaine que nous traversons aujourd’hui –  le dépassement de l’ère techno-industrielle – cet effondrement ne sera pas facile à surmonter. Il ne ressemblera en rien aux reprises assez aisées qu’ont traversées le Japon et l’Allemagne après le fiasco brutal qu’a été la seconde guerre mondiale. La situation est allée trop loin, et de bien des manières. L’effondrement à venir réinitialisera les termes de la vie civilisée à un niveau largement pré-industriel. Il ne nous reste plus qu’à voir jusqu’où nous rebrousserons chemin.

Ces termes pourraient être quelque peu négociables si tant est que nous acceptions la réalité de cette réinitialisation et y soyons préparés. Mais hélas, une majorité des individus qui sont encore aujourd’hui capables de réflexion préfèrent le techno-narcissisme à un examen réaliste de notre monde d’aujourd’hui – ils attendent passivement que leur arrivent miraculeusement des remèdes technologiques (« ils » finiront bien par « trouver une solution ») qui permettront aux rackets actuels de se poursuivre. Ainsi, les voitures sans chauffeur permettront aux vastes étendues suburbaines de continuer de fonctionner en tant qu’environnement le plus adapté à la vie humaine ; la médecine moléculaire éliminera la finalité qu’est la mort des affaires humaines ; des sources énergétiques encore inconnues nous permettront de conserver les petits conforts qui nous sont familiers ; et les tours de passe-passe financiers continuels nous fourniront le capital nécessaire à tout cela.

Au passage, il est un deuxième élément auquel nous devrions prêter attention : une majorité des activités qui ont aujourd’hui lieu aux Etats-Unis se sont transformées en rackets, ou en combines malhonnêtes d’accumulation de bénéfices, une réalité qui est plus évidente et nauséabonde dans les domaines de la médecine et de l’éducation que nulle part ailleurs. Et ce sont là deux domaines dont le système d’opération de base présente à l’origine les vertus les plus sacrées que nous ayons pu développer au cours de notre brève Histoire de civilisation : devoir, diligence, et j’en passe.

Je prédis depuis un certain nombre d’années déjà que ce consortium de rackets finira par nous mener vers un échec certain. Et jusqu’à présent, rien ne semble s’être produit, du moins rien de bien catastrophique. Je maintiens toutefois que tous les systèmes complexes dont dépendent notre vie contemporaine et nos finances sont plus dénués de réalité que n’importe quel autre système, et sont donc plus enclins à s’effondrer les premiers. L’un des éléments les plus marquants de ces dernières années a été la capacité pour la hiérarchie bancaire d’employer la fraude comptable pour éviter le moindre éveil à l’ampleur majestueuse de notre dette impayable. La leçon qu’en tirent certainement ceux qui encouragent le triomphe de la fraude est que le mensonge fonctionne, et pourra fonctionner indéfiniment – ou du moins jusqu’à ce qu’une culpabilité claire ait été définie, après que les plus gros perpétrateurs seront morts ou à la retraite, ou que leur crime sera devenu trop ancien pour être puni.

Voilà qui en dit long sur la société que nous sommes devenus. Le racket est devenu une norme omniprésente, et la possibilité d’échapper aux conséquences de ses actes personnels a été élevée au rang de compétence enviable. En réalité, l’art de l’évasion est venu remplacer ce que nous appelions autrefois l’honneur. Nous vivons dans un monde qui n’honore plus que les plus petits des Hommes. Ironiquement, nous ne tendons plus qu’à admirer les superhéros, parce qu’il nous est aujourd’hui impossible d’imaginer des Hommes faire preuve de courage, de fortitude et de respect pour la vérité. Tout comportement est provisionnel et équivoque. Chaque loi peut être utilisée pour servir ce qu’elle a été destinée à combattre. Tout est possible, et plus rien n’a d’importance.

En cette fin d’année, je tenterai d’expliquer ce que nous avons traversé jusqu’à présent, où nous en sommes aujourd’hui, et vers où je pense que nous nous dirigeons. Ma méthode d’étude est nouvelle et heuristique. Je suis allergique aux tableaux et aux graphiques, qui sont les outils premiers utilisés par les racketteurs et les impressarios d’idées chimériques pour manipuler la réalité. Les analyses statistiques servent également l’idée que s’il vous est possible de quantifier suffisamment de choses, vous avez aussi le pouvoir de les contrôler (et si vous les mesurez mal de votre propre intention, vous pourrez prétendre avoir pris le contrôle). Cette illusion de contrôle est l’ingrédient le plus instable du système financier. Quand nous nous rapprocheront du point d’échec, une véritable calamité se profilera à l’horizon.

Je suis bien plus intéressé par le long terme que par le moment présent. La succession des évènements inclue généralement plus de vecteurs et de facteurs que n’importe quel calcul. Les conséquences se détachent facilement du linéaire. C’est finalement un exercice qui pourrait être appelé raconter l’Histoire du futur – ou tout simplement raconter une histoire.

Le système bancaire et les marchés

Le gros évènement de l’année dernière a été la mise en scène d’En attendant Godot par la Fed autour de la question des taux des fonds fédéraux. Quand Godot s’est finalement présenté deux semaines avant la nouvelle année, il ne l’a fait que sous la forme attendue mais bien triste à voir d’une hausse « de 25 à 50 points de base » – qui nous donne l’impression d’une possible hausse de 50 point de base, mais devrait se trouver frapper au plus bas de l’échelle (sans oublier que les taux de prêt à un jour étaient déjà de quelques points de base au-dessus de zéro, ce pourquoi la hausse nette sera en réalité de moins de 25 points de base).

Le contexte de cette mascarade a été évident aux yeux de tous ceux qui n’ont pas eu le cerveau endommagé par des heures de parties de Candy Crush sur leur téléphone : la Fed a fait grimper les taux malgré une économie globale chancelante ; elle a été forcée d’agir en fin d’année sans quoi elle aurait perdu ce qui lui restait de crédibilité ; et a laissé la porte ouverte à un possible battement en retraite en 2016. Mais les dommages ont déjà été causés. La Fed a été exposée telle une machine de propagande impuissante face aux courants véritables de l’économie, qui n’a généré que méfaits et incompréhensions et a fini par mettre à mal ce qu’il restait du lien solide qui existait autrefois entre la monnaie et l’activité humaine. Tout ce qui sera fait au cours de cette année d’élections présidentielles sera observé avec la plus grande suspicion, notamment pour ce qui sera des préparations au couronnement d’Hillary Clinton. Ses relations avec les grosses banques sont bien comprises. C’est pourquoi la Fed a dû agir en décembre.

Les marchés boursiers ont quelque peu décliné cette année, à l’exception du Nasdaq, qui a gagné plus de 5% (vive la grandeur technologique !) – malgré un accroc à la fin de l’été qui a vité éte repris par le refinancement de ses marchés des actions et la manipulation de sa devise par la Chine.

L’or et l’argent ont poursuivi leur déclin pour une quatrième année consécutive, ce grâce aux ventes répétées de contrats à termes orchestrées aux heures creuses, avant même que les traders new-yorkais ne soient sortis du lit. N’importe quel graphique peut prouver de ces activités suspicieuses, ce qui nous pousse à nous demander pourquoi un vendeur chercherait à réduire le prix de vente de son produit en vendant sur un marché à une heure où aucun acheteur n’est présent, ou même éveillé. La réponse semble être la suivante : pour donner au dollar plus de lustre qu’il n’en a réellement.

Les nombreuses années de politiques de taux d’intérêt à zéro pourcent, combinées à l’accumulation d’une dette qui ne sera jamais remboursée, ont rendu plus difficile encore l’émission de dette susceptible d’être un jour remboursée. Mais les taux d’intérêt zéro ont aussi nullifié la relation entre les taux d’intérêt et le risque. Dans un système qui ne serait pas encombré par les interventions des banques centrales, les taux d’intérêt devraient être portés bien plus haut sur des instruments aux perspectives si décevantes. Bien évidemment, une hausse des taux d’intérêt ne ferait que rendre les nouvelles obligations bien moins susceptibles d’être respectées par leurs émetteurs, et notamment par les gouvernements qui s’affairent sous des montagnes de dettes de la taille de l’Himalaya. Les tensions que présente cette équation ont été provisoirement dissimulées sous des piles de papier au travers des swaps de taux d’intérêt et d’autres machinations absconses et produits dérivés destinés à supprimer la véritable découverte de prix.

La frénésie de rachat d’actions des entreprises survenue en 2015 a été l’exemple parfait de la théorie selon laquelle tout peut arriver, et plus rien n’a d’importance. Tout le monde s’en est aperçu. Cette frénésie de rachat s’est développée simplement pour assurer aux directeurs de corporations le maintien de leurs bonus, et personne ne s’en est plaint. En termes d’indices, elle n’est parvenue à rien. Les marchés ont continué de stagner malgré la prise en main des insiders, parce que les bases fondamentales sont catastrophiques, et que l’économie globale entrait alors très évidemment en phase de contraction déflationniste.

Mes lecteurs ne dérivent généralement qu’hilarité de mes tentatives annuelles de prédire le comportement des marchés boursiers. J’aimerais donc ajouter à leur plaisir en me montrant aujourd’hui plus précis encore. Je suis d’avis que le S&P atteindra un sommet le 15 janvier 2016 à 21h42, et s’effondrera ensuite pour passer en-dessous de 1.000 points avant juin. Le carnage qui se profile aujourd’hui aux marges du marché des obligations se propagera jusqu’en son cœur pour que nous voyions enfin réévalué le risque sur le marché souverain européen. Des obligations françaises, espagnoles, britanniques et italiennes à moins de 2% ? De quelle blague s’agit-il ? Attachez vos ceintures et jetez un œil sur vos fonds de pension.

Le pétrole et la déflation

Le marché du pétrole a ébahi aussi bien le grand public que les cohortes d’observateurs supposément dans le vif de l’action. Je suis toujours d’avis que la contraction déflationniste qui se développe à l’échelle de la planète est largement dûe au fait que le monde ne dispose plus aujourd’hui de la forme très particulière de pétrole qu’est le pétrole abordable. Le pic pétrolier tient toujours, et ne fait que se présenter d’une manière différente que ce à quoi beaucoup s’attendaient. Nous sommes à la merci d’une équation assez simple : un pétrole à plus de 75 dollars le baril détruit les économies industrielles, et un pétrole à moins de 75 dollars le baril détruit les sociétés pétrolières. Il n’y a pas de situation d’équilibre possible.

Le public s’est fait avoir avec la combine à la Ponzi du pétrole de schiste, qui lui est apparu comme un remède miracle, comme le miracle de la fracturation. Il a opéré au travers de la conversion de montagnes de capital peu cher et à fort effet de levier en une explosion de la production pétrolière des Etats-Unis. Il a vu le jour quelques années après qu’un prix de 100 dollars le baril est venu écraser l’économie – pour écraser ensuite la demande en pétrole. Oups. Le problème était que le pétrole de schiste coûte très cher à la production, et qu’une demande réduite influence le prix marché à la baisse. A plus de 100 dollars le baril, presque personne ne tire profit de sa production de schiste. A 40 dollars le baril, le pétrole de schiste est le perdant évident. C’est pourquoi en 2015, les sociétés pétrolières ont licencié des milliers d’employés et suspendu leurs activités sur certains puits pour se contenter de prier pour un lendemain meilleur. Mais leurs vœux ne se sont pas exaucés. Un grand nombre d’entreprises ont fait faillite. Le paysage du Dakota du Nord est désormais jonché de résidences en construction qui ne seront peut-être jamais achevées, et les charpentiers et couvreurs qui ont perdu leurs contrats sont repartis vivre dans le Minnesota avant que les huissiers ne viennent leur saisir leur Ford F110. Triste, je sais bien…

La rapide accélération de la production de pétrole de schiste de 2010 à 2014 a servi de projet de démonstration pour convaincre Wall Street de divertir davantage d’investissements vers les sociétés pétrolières. Elle s’est également intégrée dans une campagne de relations publiques pour permette aux individus de pouvoir, que ce soit au sein ds entreprises ou du gouvernement, prétendre que les problèmes énergétiques des Etats-Unis étaient derrière nous. Le « miracle de schiste » allait faire des Etats-Unis l’Amérique Saoudite et lui offrir son « indépendance énergétique ». Elle a joué le rôle de réponse à toutes les espérances des Etats-Unis : Dieu, nous vous en conjurons, permettez-nous ne toujours pouvoir nous rendre à WalMart en voiture. Bien moins une conspiration diabolique qu’un effort collectif de déni et de rejet de la réalité.

Il s’est trouvé qu’une grande partie des financements offerts par Wall Street provenait d’obligations à haut rendement (toxiques) émises par les sociétés pétrolières – accompagnées de lourdes commissions pour les grosses banques. Quand le prix du pétrole s’est effondré pour passer sous les 50 dollars, un grand nombre de sociétés pétrolières – notamment les plus petites aux flux de trésorerie inexistants – n’ont pas pu verser leurs paiements d’intérêts. Ce qui nous attend en cette année 2016 est une débâcle de défauts d’obligations et de faillites de corporations sur les champs pétroliers américains. Plus encore, en raison de la géologie particulière du pétrole de schiste et de l’épuisement rapide des puis fracturés, est-il nécessaire de continuer de fracturer et de creuser sans cesse de nouveaux puits pour maintenir le niveau de production ? Cela ne nécessiterait que davantage de financements. Et comme les obligations financières existantes ne peuvent pas être remboursées, ces nouveaux financements n’arriveront pas. Il en ira donc de même pour la production additionnelle. Tout cela signifie que la production de pétrole de schiste s’effondrera en 2016, quand les puits déjà creusés et pour le moment intacts s’épuiseront. Selon moi, la production de pétrole américaine plongera d’un million de barils par jour avant 2017. Et cela inclut le déclin annuel de 5% de la production de pétrole conventionnelle.

Certains pourraient penser qu’un tel effondrement fera grimper les prix à nouveau, à mesure que l’offre diminuera. Mais cette supposition pose quelques problèmes. Le premier est que le récent prix de 100 dollars le baril a causé des dommages permanents au travers l’économie, notamment pour les petites entreprises et les ménages (ou les travailleurs de la classe moyenne). Ces dommages semblent être de plus en plus permanents, ce qui signifie l’apparition d’une économie d’aggrégat plus restreinte et d’un resserrement de la demande à mesure que les citoyens manqueront de moyens. Si le prix du pétrole remontait jusqu’à un niveau qui justifierait un renouveau des activités d’explorations et de production d’un pétrole cher et difficile à extraire (probablement au-delà de 110 dollars), les économies ne pourraient que s’effondrer à nouveau – chose qui ne pourra pas se reproduire indéfiniment, puisque viendra un jour où une reprise ne sera tout simplement plus possible. Un autre problème est que l’effondrement du prix du pétrole a fortement endommagé l’industrie pétrolière ainsi que sa crédibilité en tant qu’investissement viable. Contrairement aux attentes, le prix actuel du pétrole ne fait rien pour re-stimuler l’activité économique. Il ressemble de très près à une boucle de rétroaction qui se renforce d’elle-même, à une spirale baissière au sein d’un système global complexe qui se prend les pieds dans les retombées de ses activités principales.

C’est pourquoi je suis d’avis que le prix du pétrole continuera de plonger en 2016, jusqu’à passer sous les 30 dollars, et que l’industrie pétrolière s’en trouvera plus endommagée encore. Des défauts surviendront, ainsi que des manifestations de nouveaux troubles géopolitiques qui nous mèneront à d’importants rationnements et à une situation de rareté. Il semblerait que nous soyons incapables d’accepter le fait que notre paradigme techno-industriel ait été destiné à fonctionner grâce à un pétrole peu cher qui n’est tout simplement plus disponible aujourd’hui.

Géopolitique

La nervosité se fait sentir. Les gens ne peuvent plus s’empêcher d’en revenir aux mystérieux évènements qui nous ont menés à la première guerre mondiale, qui a mis fin avec éclat à la première itération du globalisme. Les grandes nations de 1914 semblent avoir entraînées malgré elles dans une débâcle pour laquelle personne ne s’était préparé – le massacre des tranchées, la banqueroute des Trésors nationaix, la chute de trois dynasties, la montée du fascisme et des Bolcheviques…

Ceux qui sont encore dotés d’une cervelle ne peuvent manquer de percevoir des situations similaires se présenter aujourd’hui – un mouvement global vers un conflit majeur. Nous avons par exemple les efforts en cours des Etats-Unis d’antagoniser la Russie pour aucune bonne raison apparente, qui ont entraîné avec eux les dupes de l’OTAN. Je ne reviendrai pas sur notre décision absurde de déstabiliser l’Ukraine. David Stockman l’a déjà très bien couvert la semaine dernière sur son blog. Et de toute façon, l’affaire remonte à 2013-14. Le pays est désormais en faillite. Je ne serais pas surpris si, d’ici la fin de l’année, l’Ukraine suppliait la Russie de la reprendre sous son aile et d’en devenir une fois encore une province. Mais la Russie refusera. Pourrait-elle vraiment se permettre une telle annexe, anciennement son ennemie, indigne de confiance et coûteuse ? Alors l’Ukraine s’en retournera supplier les Etats-Unis et l’OTAN pour leur soutien financier. Mais quand le moment sera venu, les Etats-Unis et l’Europe seront dans une telle situation financière qu’ils ne pourront que prétendre refinancer l’Ukraine, de la même manière qu’ils ont prétendu maintenir leurs propres économies grâce aux manipulations et aux tours de passe-passe des banques centrales. L’Ukraine s’enfoncera dans un Monde fait main de néo-médiévalisme, et donnera l’exemple au reste du monde. Imaginez seulement cela : bandits, autarcie de gangsters, néo-servage. Un avenir rigoureux certes, mais un avenir néanmoins.

En 2015, les relations entre les Etats-Unis et la Russie se sont concentrées sur la Syrie. Nos erreurs colossales au Proche-Orient, qui ont donné lieu à la naissance d’ISIS, nous ont dérobés de toute solution cohérente de lutte contre le barbarisme et l’animosité de l’Islam radical. C’est pourquoi notre « adversaire », M. Poutine, a décidé d’agir, et a décrété que déstabiliser ce qu’il reste aujourd’hui du gouvernement de M. Assad n’était peut-être pas une si bonne idée – comme il l’a clairement expliqué devant l’Assemblée des Nations-Unies. Reste encore à voir si la Russie sera capable de pacifier la Syrie, un pays désormais majoritairement en ruines. Mais contrairement aux Etats-Unis, la Russie n’a pas d’intentions ambivalentes concernant ISIS. Nous avons longtemps prétendu que n’importe quelle bande de brutes opposée à Assad était notre amie, mais les objectifs de la Russie sont plus directs : soutenir Assad, sauver ce qu’il reste des institutions du gouvernement en Syrie, et détruite ISIS. Et en échange, la Russie obtient un port d’eau tempérée sur la Mediterranée, qui représente supposément une menace existentielle pour les Etats-Unis.

Le conflit régional majeur concerne ici les Sunnites et les Chiites, ou si vous préférez, les maniaques religieux sponsorisés par l’Arabie Saoudite et les maniaques religieux sponsorisés par la Perse. Malheureusement, la situation se traduit par un conflit entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis, et l’Iran et la Russie. Ajoutez à cela des cartes joker comme le Hezbollah et Israël, et vous avez la recette parfaite d’une escalade du conflit. Malheureusement, les Etats-Unis ne semblent pas capables de formuler une stratégie qui n’aggraverait pas la situation pour les citoyens de la région ou des Etats-Unis (ou ceux de ses alliés européenns, envahis par des réfugiés qu’ils ne peuvent pas absorber confortablement, et objets de la terrible menace terroriste).

Je suppose qu’en 2016, Obama se contentera de ne plus marcher dans les pieds de Poutine et attendra de voir ce qui en ressortira. Il n’a plus beaucoup d’autres solutions. La pire conséquence qui puisse en découler pour Obama, c’est le succès de Poutine à pacifier la Syrie, qui fera passer les dirigeants américains pour des incompétents, chose qu’ils sont après tout. Il faut parvoir savoir accepter ses erreurs. Bien qu’Obama n’ait aucune affection pour Hillary Clinton, je doute qu’il veuille faire s’effondrer la pyramide favoritiste grinçante du Parti Démocrate à Washington DC. Il se pourrait donc qu’il s’efforce de ne pas déclencher une troisième guerre mondiale en période d’élections. Il lèguera la tâche à Hillary, si elle venait à être couronnée le 20 janvier 2017.

En 2016, tout sera possible au sein du monde islamique. Toutes les nations islamiques sont surpeuplées, compte tenu de la mauvaise qualité du terrain. La plupart d’entre elles ont été établies sur un territoire terriblement dégradé par l’explosion démographique survenue au cours de ces cent dernières années, et devraient souffrir des anormalités climatiques et météorologiques qui les attendent. Les gouvernements continueront de tomber sans pour autant être remplacés par un système politique cohérent. L’Algérie, la Libye, l’Egypte, l’Irak (oubliez celui-là), le Pakistan, la Malaisie et l’Indonésie ne sont que marginalement stabilisés. L’Afghanistan est sans espoir. Il ne nous sera jamais possible de contrôler son territoire où les habitants qui y vivent. Mais nous y maintiendrons une garnison pour défendre Kaboul et de prétendre qu’il est suffisant de contrôler la capitale d’un pays.

Vient ensuite le gros calibre qu’est l’Arabie Saoudite, avec ses revenus pétroliers en déclin et sa multitude de dépendants paresseux. Les mésaventures du roi Salman pendant la guerre civile au Yémen a donné naissance à un autre Etat en faillite et à une réduction des ressources de l’Arabie Saoudite. Si les autres clans de l’Arabie, quels qu’ils soient, renversaient Salman, ils créeraient une ouverture pour une guerre civile influencée par des non-royaux affiliés à ISIS. Un soulèvement en Arabie Saoudite aurait certainement de profondes conséquences pour les marchés pétroliers. Les Etats-Unis se retrouveraient entraînés dans ce combat de boue, et nos tentatives de stabiliser notre vieil « allié » sur le terrain ne fonctionneraient certainement qu’aussi bien que nos aventures en Irak. La conséquence en serait un conflit plus large encore dans cette partie du monde, pour des ressources de plus en plus rares, et notamment pour l’accès à l’eau. Les guerres chaudes se multiplieront à diverses échelles, et les populations fuiront les zones de crise en masse. Si elles prenaient la route de l’Europe, on leur fermerait très vite la porte au nez.

La Turquie, qui dispose de la deuxième plus grosse armée parmi les membres de l’OTAN, aurait pu être une force de stabilité au Proche-Orient, mais son président, Recep Tayyip Erdogan, n’en fait qu’à sa tête. Il ne peut pas décider s’il est du côté des Islamistes ou de l’Occident, et tente de s’accorder aux deux tout en accumulant de grandes richesses personnelles. Les deux camps sont désormais méfiants envers lui. Il est récemment allé jusqu’à abattre un avion de chasse russe et recevoir des livraisons de pétrole envoyées par ISIS depuis des puits volés en Syrie et en Irak. Il a été incapable de convaincre l’OTAN quant à l’affaire de son espace aérien, et a fatalement aliéné ses auditeurs occidentaux par ses actions. Il a de la chance que Poutine n’ait pas décidé de faire d’Ankara un cendrier. Les Kurdes de la frontière sud de la Turquie menacent le pays de guerre civile par la formation de leur propre nation. Et l’économie turque est encore une fois en déclin, ce qui renforce son statut d’ « homme malade de l’Europe ».

Les jours de gloire de l’Europe en tant que parc d’attraction du tourisme occidental sont derrière nous. Le continent s’en est retourné à un dangereux désordre de nations, de tribus et de factions, envahi d’intrus islamiques qui ne font que compliquer les choses. Qui sait ce qui explosera ensuite. Quand il deviendra évident en 2016 que l’afflux de réfugiés enregistré en 2015 n’était pas une situation exceptionnelle et que la zone euro ne pourra pas l’absorber, les nations individuelles se lanceront dans des déportations de masse. Elles n’y parviendront qu’après avoir parcouru un chemin difficile qui ne sera pas sans raviver les mémoires de l’Holocauste. Contrairement aux Juifs dans les années 1930, les Islamistes assassinent aujourd’hui des jeunes dans des salles de concert, placent des bombes dans les métros, tirent sur des civils en terrasse, décapitent des journalistes et menacent directement l’existence de la société européenne. Ce problème de l’Islam est différent, et quatre générations se sont déjà succédé depuis Auschwitz. Les Européens auront bientôt à se lever pour défendre leurs cultures respectives et collective.

La France choisira un nouveau président en 2017. Il reste encore une année entière à François Hollande pour prouver de sa faiblesse. Mais les Français pourront-ils supporter l’idée du régime fasciste de Marine le Pen ? La droite française n’est pas en faveur d’une réduction du gouvernement et ne cherche qu’à réorganiser les choses différemment. A mesure que s’écoulera 2016, attendez-vous à voir le bon vieux Sarko leur mettre des bâtons dans les roues. Il est peut-être malhonnête, mais il est tout aussi entêté que Le Pen, et bien moins fou. Les électeurs français en ont assez de la souplesse de Hollande, mais ils ne sont pas prêts pour une version féminine d’Hitler. Sarko est le Diable qu’ils connaissent, et ils veulent le voir revenir.

La même situation se présentera en Allemagne. Les électeurs du pays se révolteront peu à peu face à ce que représente Mutti Merkel, qui leur a imposé un million de réfugiés islamiques. Ils n’opteront pas non plus pour un nouvel Hitler, mais ils partiront à la recherche d’un dirigeant aux poings d’acier pour protéger le Volk face à l’arrivée de nouvelles hordes dont ils ont vraiment assez. Sans oublier le baby-sitting par l’Allemagne des banqueroutes des nations du Sud.

A mesure que s’écoulera l’année 2016, les PIIGS seront de nouveau placés en soins intensifs. L’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Grèce devront finalement faire face à l’absence d’acheteurs pour leurs obligations et à la fausseté de leurs taux d’intérêt très bas. L’Espagne, pour ce qui la concerne, n’en a pas fini avec le problème de sécession de la Catalogne. Le Portugal n’aura d’autre choix que de s’en retourner au XVIIe siècle. Les clowns de Bruxelles n’ont aucun projet pour réparer les finances de l’Euroland au-delà d’un QE massif qui ne pourra pas durer indéfiniment. Celui qui remplacera Merkel en tant que chancellier sera peut-être celui qui réalisera que l’Allemagne doit en finir avec la devise unique et les terribles responsabilités qu’elle implique.

Le Royaume-Uni est une cause perdue qui ne sait plus dans quel camp se blottir. Il n’a plus aucune économie en-dehors de celle des fraudeurs de la City, sa version personnelle de Wall Street. Cet établissement dilapidé a perdu sa place de capitale financière désirable après des années de mauvaises pratiques, et voit aujourd’hui un pourcentage accru de ses activités relocalisé à Shanghai. Le Premier ministre conservateur David Cameron est le gigolo des grosses banques. Le chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, est un unioniste romantique vieux-jeu au beau milieu d’une nation dont la force de travail industrielle n’existe pratiquement plus. L’implosion de la dette et la Grande dépression 2.0 prévues pour 2016 placeront le chef du Parti indépendentiste Nigel farage sous les projecteurs en tant que sauveur de ce qu’il reste encore de la Grande-Bretagne.

Concernant l’Asie, la question que tout le monde se pose est de savoir si la Chine pourra se sortir de l’impasse dans laquelle elle est aujourd’hui coincée : un système bancaire empris de corruption, des montagnes de dettes toxiques et un malinvestissement tel que le monde n’en avait encore jamais vu. Le pays s’étouffe sur ses excès de capacité industrielle à une heure où le monde entre dans une phase de contraction d’une échelle monumentale. La Chine pourra-t-elle continuer de pomper des essoreuses à salade et des poupées d’Han Solo dans un monde noyé sous les babioles en plastique et trop fauché pour en acheter davantage ? Elle possède encore 3,4 trillions de dollars de réserves étrangères pour, théoriquement, se refinancer en cas de pépin. Mais ces réserves commencent à affecter la valeur de sa devise rattachée au dollar, et son partenaire commercial principal (les Etats-Unis) pourra lui mener une guerre monétaire interminable pour la dissuader de se débarasser de ce qui lui reste de papier du Trésor américain ; ce qui, bien évidemment, l’énerve davantage et la pousse à chercher d’autres manières de se défendre – c’est là l’essence même des guerres des monnaies. Et c’est aussi la raison pour laquelle la Chine (avec la Russie et les autres) a lancé sa propre version du FMI, la Banque de développement de la BRIC, ainsi qu’une alternative au système international de compensation qu’est SWIFT.

Les statistiques économiques et financières de la Chine sont moins fiables encore que le gateau trop cuit que nous offrent les agences américaines, mais l’effondrement des prix des marchandises à l’échelle internationale nous en dit suffisamment long : la Chine ne pourra plus faire gonfler son économie comme elle l’a fait jusqu’à maintenant, et peut être plus du tout. Le voyage a été plaisant, et très rapide, mais il s’est produit alors que le monde atteignait les limites de sa croissance. La contraction de la Chine pourra être aussi prompte que sa montée en puissance, et si c’était le cas, elle entrerait le même vortex de contraction qui a déjà aspiré tous les autres.

Ma prédiction quelque peu farfelue concernant la Chine est qu’après que Kim Jong-Un aura pris une décision un peu trop hostile face à son voisin du sud, la Chine envahira la Corée du Nord et y établira un régime plus rationnel. Kim Jong-Un finira sa vie à chanter dans les salon-bars de Macao.

Les ébats des Etats-Unis

Ayez crainte. Donald Trumps n’est plus drôle du tout. Il est Hitler, mais sans la cervelle et le charisme. Et s’il en est arrivé où il est aujourd’hui, c’est bien pour une raison. Il représente parfaitement le caractère dépravé de la culture de laquelle il ressort : narcissiste, moralement à la dérive, perdu dans ses fantaisies, incapable de honte, vulgaire et sadique. Hillary (inutile de mentionner son nom de famille) n’est pas beaucoup mieux, mais elle n’est clairement pas aussi idiote. Elle n’est que plus corrompue. Voilà quels sont les avatars de nos deux partis politiques majeurs. Ayez crainte, et pleurez.

La bonne nouvelle, c’est qu’il arrive occasionnellement aux partis politiques d’éclater et de disparaître, ce qui serait une conséquence intéressante des élections présidentielles de 2016. Trump pourrait y parvenir assez rapidement avec les Républicains. Il a déjà expliqué clairement qu’il ne ressent aucune loyauté envers l’Equipe rouge, et la rumeur courre déjà en coulisses que certains membres du parti trouveraient bien un moyen ou un autre de mettre fin à la Créature de Trump. Compte tenu de notre société litigieuse, l’une des conséquences possibles serait une élection prise en otage par les cours judiciaires. Oy vey is mir. Une autre possibilité serait la transmission d’un message à l’Equipe Tump par une combinaison d’éléments de la NSA et du complexe militaire qui lui conseillerait d’abandonner, sans quoi… Ce qui serait bien sûr fait de telle manière à ce que Trump ne puisse pas y avoir recours pour alimenter son grand monologue narcissique. Si rien de tout cela ne se produisait et que Trump parvenait à être élu, alors je ne m’étonnerais pas de voir se développer un coup d’Etat contre lui avant avril 2017. Bonjour, crise constitutionnelle. Et personne ne pourra savoir ce qui se passera ensuite.

Parmi les opposants de Trump à une nomination à la tête des Républicains se trouve Rand Paul, qui est lui-aussi un personnage dérangeant sans pour autant être un maniaque. Il ferait selon moi un bon président, sobre, réfléchi et libre de toute obligation envers les forces du racket. Mais ses chances d’être nominé sont aussi presque nulles.

Hillary est tout le contraire de dérangeante. Elle est la marraine du racket. En revanche, au vu de la manière dont se présentent les choses, elle ne fera que présider sur la Grande dépression 2.0. Contrairement à FDR pendant GD 1.0, Hillary n’obtiendra pas la confiance de la population qui n’aura que soif de vengeance contre ses électeurs, et plus particulièrement contre les banquiers de Wall Street. La nation plongera dans des guerres de faction et pourrait traverser une division régionale sous le règne de Mademoiselle C’est-Mon-Tour. Mais je m’emporte… la question est de savoir si Hillary pourra être arrêtée. A l’heure actuelle, je ne vois pas comment, compte tenu du poids de la machinerie calibrée en sa faveur par la tout-aussi-odieuse directrice du Parti national, la membre du Congrès Debbie Wasserman Schultz.

Bernie Sanders a établi une compagne d’opposition respectable, et il est peut-être trop tôt pour se persuader de son échec avant les élections primaires en Iowa et dans le New Hampshire. Peut-être pourra-t-il en effet affronter Rodan le Reptile volant – mon surnom préféré pour Hillary. Je ressens toutefois de l’aversion pour la philosophie politique de Bernie en tant que « socialiste » auto-proclamé. Je me rends compte que cela peut paraître comme le rejet éhonté d’une étiquette politique cartoonesque, mais je trouve que cette auto-proclamation laisse présumer un gouvernement plus large encore à la tête de notre nation. L’Histoire voudrait désormais nous mener dans n’importe quelle direction, à condition que nous nous éloignions de cette forme de contrôle hyper-centralisé. Nous irons à contre-courant de son désir à notre plus grand péril. Bien que j’admire la présence de Bernie en tant qu’opposition vocale à Hillary, je ne suis pas favorable à ce qu’il essaie de nous vendre.

Je sais que Martin O’Malley est toujours dans les parages, mais il ne ressemble à plus rien qu’une cartouche vide, à un tas de muscles à la recherche d’une opinion sur le monde, et je ne crois pas, contrairement à certains observateurs, que son absence dans les débats soit la faute des média. Au cours des quelques discussions démocratiques qui ont été tenues l’année dernière, il n’a su offrir rien de plus qu’une liste d’idéologies centristes conventionnelles et déjà usées – il n’a aucunement fait mention des problèmes extraordinaires auxquels fait face le pays en cette apogée de l’idylle techno-industrielle, et de la longue urgence qui viendra ensuite.

C’est tout ce que nous obtenons pour le moment du Parti démocrate : un sens profond de lendemain meilleur. Et pourtant, le véritable problème du caractère infect d’Hillary ne disparaît pas, et pourrait peser lourd sur les voix. Il y a même des chances que beaucoup de femmes votent contre elle. Ma conclusion provisoire est qu’Hillary perdra les élections face à un individu encore inconnu qui ne sera pas Trump. Président Cruz ? Rubio ? Christie ? Jeb ? El pendejo supremo! A suivre…

Les relations raciales et la couardise des classes de penseurs

2015 a été une mauvaise année pour les groupes d’Américains qui ont essayé (ou pas) de s’entendre, notamment pour les relations entre Blancs et Noirs. La société américaine ressent la force des idéologies identitaires qui se propagent sur les campus d’universités depuis quelques dizaines d’années, et qui se manifestent aujourd’hui par une orgie de victimisation, de beaux discours identitaires, d’hystérie sexuelle, de dénonciation de boucs-émissaires, de despotisme intellectuel, de chantage juridique et (n’oublions pas ce dernier point) de positionnement carriériste. Moins l’éducation supérieure est pertinente, plus les persécutions des inquisiteurs de la justice sociale envers ceux qui n’achètent pas l’agenda de privilège racial sont vicieuses. En 2015, elles se sont transformées en une campagne contre la liberté d’expression et d’enquête. Les doyens de la « diversité » se multiplient tels des mouches du vinaigre.

J’ai récemment fait l’ « erreur » de suggérer que les Afro-américains bénéficieraient d’un meilleur apprentissage de l’Anglais parlé au sein du primaire et du secondaire – et j’ai été vilifié pour mes propos. Mes opposants ne m’ont pas offert d’idée contraire et se sont contentés de m’injurier. Je suspecte que beaucoup de pesonnes aux bonnes intentions perdent patience face à ce racket – un racket d’extorsions de traitement préférentiel et d’argent à des Blancs qui se sentent coupables.

Dans le domaine du crime et de la police, la situation est particulièrement déplorable. Les vies noires ont de l’importance, mais pas tant que ça aux yeux des Noirs eux-mêmes, qui ne cessent plus de se massacrer les uns les autres à Baltimore, St Louis, Detroit, Milwaukee et « Chi-raq » plus rapidement que n’importe quel autre groupe ethnique sur le territoire. Les martyrs du mouvement agissent comme s’ils souhaitaient qu’il leur arrive quelque chose, comme par exemple le malheureux Tamir Rice, qui à l’âge de douze ans a brandi une arme à balles BB ressemblant de très près au calibre .45 ACP conçu en 1911 pour l’US Army, ou encore Michael Brown qui s’en est pris à l’officier Darren Wilson, ou Trayvon Martin qui en est venu aux mains avec George Zimmerman. Les policiers présents lors de ces incidents incluent des officiers noirs, dont une femme sergent qui faisait la ronde des trottoirs sur Staten Island quand son collègue a étranglé Eric Garner (elle n’a rien fait pour intervenir), et les nombreux policiers noirs de Baltimore qui ont emmené Freddy Gray faire le tour en camion-cellule qui lui aura été fatal. La scène est truffée d’ambiguïtés, et je reste généreux. 

Où allons-nous en termes de relations raciales ? Pour le moment, certainement pas dans la bonne direction. La tendance sera à l’étiquetage de certains quartiers par la police comme « zones interdites » - si ce n’est que pour éviter les litiges aux plusieurs millions de dollars qui surgissent de ces confrontations ambigües. Certains pourraient y voir du positif, mais cela vient en réalité s’inscrire dans la théorie décadente du « tout peut arriver et plus rien n’a d’importance ». La grande question à laquelle nous devrons répondre sera de savoir si l’Amérique Noire continuera de s’imposer comme une culture d’opposition. C’est ce qu’elle est devenue, bien que les classes de penseurs ne l’admettent pas. Elles ne reconnaîtront pas non plus le besoin d’une culture commune au sein de notre nation, d’un ensemble de valeurs et de normes de conduites partagées par tous.

Changements climatiques

Ils sont la base même du désespoir à laquelle les personnes les plus réfléchies ne peuvent cesser de penser lorsque tous les petits problèmes des relations humaines et du projet de civilisation sont laissés de côté. Une météo bizarre ? Des inondations bibliques ? La fonte des glaciers ? Il a fait 70 degrés Farenheit la veille de Noël à New York City, des fleurs continuaient de pousser dans les jardins jusqu’il y a deux semaines. Certaines de mes connaissances ne peuvent plus cesser de parler des changements climatiques. Je parviens toutefois à me sortir le problème de la tête en me concentrant sur quelque chose de moins lointain – un bon repas, une rencontre entre amis, un concert… mais il reste toujours tapi dans le fin fond de ma mémoire tel un voleur masqué des caricatures du New Yorker.

Malgré la conférence sur le changement climatique à Paris, je ne suis pas persuadé que les gouvernements régionaux feront quoi que ce soit, ou que ce qu’ils feront pourra améliorer la situation. Et je ne suis même pas inquiet de la responsabilité de l’Homme dans les changements climatiques. J’accepte simplement que quelque chose se passe et que nous devions nous y ajuster. Il me sembe que cet ajustement ne sera pas facile, et que d’ici cinq-cent ans, il y aura bien moins d’êtres humains sur Terre, si tant est qu’il en reste encore. Et du point de vue de la survie de la planète, c’est probablement une bonne chose.

En attendant, faisons de notre mieux pour nous comporter avec autant de courtoisie que possible les uns envers les autres. Bonne chance pour 2016 !

 

<< Previous article
Rate : Average note :3 (2 votes)
>> Next article
James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
WebsiteSubscribe to his services
Comments closed
Latest comment posted for this article
Be the first to comment
Add your comment
Top articles
World PM Newsflow
ALL
GOLD
SILVER
PGM & DIAMONDS
OIL & GAS
OTHER METALS