Qui ramassera les miettes de l’ordre mondial en déclin ?

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Published : June 07th, 2016
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Category : Today's Editorial

Au cours de ces quinze derniers mois, du premier août 2014 au 27 novembre 2015, les réserves internationales, telles qu’elles sont calculées par Bloomberg, ont chuté de trois quarts de trillion de dollars (752 milliards de dollars), ou de 6,52%. Elles ont atteint un record de 12,032 trillions de dollars le premier août 2014, et n’ont plus cessé de chuter depuis, jusqu’à atteindre 11,28 trillions de dollars le 27 novembre 2015.

Les banques centrales accumulent des réserves en achetant des obligations gouvernementales – libellées en dollars, en euros, en livres ou en yens – lorsqu’elles obtiennent de ces devises en conséquence d’un surplus des exportations sur les importations. Tous les pays du monde cherchent à enregistrer de tels surplus, parce que s’ils ne sont pas capables d’exporter plus qu’ils n’importent, ils sont condamnés à dévaluer leur devise afin de rendre leurs exportations plus intéressantes. Ils souffrent également d’un taux d’intérêt plus élevé sur leurs emprunts, en conséquence de la menace de dévaluation. Une hausse des taux d’intérêt exacerbe à son tour les flux sortants de devises de réserve et rend la dévaluation d’autant plus nécessaire.

Le fait est que les pays qui accumulent des réserves n’ont pas payé pour l’intégralité de leurs surplus d’exportations. Conserver des réserves, c’est octroyer un crédit. La preuve en est que les réserves détenues par les pays exportateurs sont des obligations, c’est-à-dire des certificats d’endettement. Le 27 novembre 2015, ces certificats d’endettement représentaient 11.280.000.000.000 dollars – 11,28 trillions de dollars. Ce chiffre représente ce que les exportateurs du monde ont vendu aux pays qui ont émis des devises de réserve, et qui n’a pas été payé depuis le 15 août 1971.

A l’heure actuelle, le système qui est en place depuis la fin de la seconde guerre mondiale opère à l’envers. Les réserves diminuent, et une majorité de ces réserves sont libellées en dollars. Les obligations gouvernementales accumulées en réserve sont vendues. Dans le monde du commerce, une importante contraction a lieu aujourd’hui.

Les pays exportateurs n’obtiennent pas d’excès de financements (issus de leurs exportations supérieures à leurs importations) avec lesquels acheter des obligations. Au contraire, une fuite de capital à lieu depuis les pays exportateurs vers les pays émetteurs de devises de réserve, et les banques centrales des pays exportateurs vendent leurs réserves pour contribuer à cette fuite de capital.

Puisque 6,52% des réserves totales ont été vendues sur le marché, nous pourrions nous attendre à ce que la valeur des obligations ait baissé, et que leurs taux d’intérêt aient grimpé. Si les taux d’intérêt n’ont pas augmenté, ce doit être en raison de la générosité des acheteurs de ces obligations. Peut-être les entités qui font preuve d’une telle générosité sont-elles les mêmes que celles qui achètent ces obligations les premières, dont la Réserve fédérale ?

La Fed et la BCE ont eu la possibilité confortable de faire baisser les taux d’intérêt et grimper la valeur des obligations qu’elles vendent. Lorsque les taux des obligations de long terme passent de 4 à 2%, la valeur de ces obligations tend à doubler. Mais lorsque ce taux passe de 2 à 2,25%, la valeur des obligations s’effondre brutalement. La Fed et la BCE doivent racheter les obligations vendues en cas de crise de la liquidité, sans quoi l’univers des obligations s’effondrerait.

Le yuan chinois a récemment été accepté par le FMI dans le cadre d’un panier de devises, et il devrait bientôt se voir accordé le statut de réserve de devise. Si cela venait à se produire, la Chine disposerait de sa propre devise de réserve, et aurait besoin de maintenir bien moins d’obligations en dollars et en euros dans ses réserves. La vente d’obligations internationales deviendrait plus importante encore. La Fed et la BCE ont vendu des obligations à des prix plus élevés que jamais et à des taux très bas, si bas qu’en Europe, elles ont un rendement négatif. Elles devront bientôt développer un appétit pour les obligations, parce que la Chine revendra une partie des siennes une fois que le yuan sera devenu une devise de réserve. Et à mesure que la Chine liquidera une partie de ses réserves, devinez ce que la Chine achètera avec les dollars et les euros qu’elle recevra en échange de ses obligations ?

Une majorité des réserves internationales est libellée en dollars, comme je l’ai déjà expliqué. Lorsque ces obligations en dollar seront vendues, elles seront vendues contre des dollars pour satisfaire la fuite de capital, et l’achat de dollars en fera grimper la valeur. En seulement quelques années, depuis environ 71 contre un panier de devises, le dollar est passé à 100 aujourd’hui, ce qui a augmenté de 41% le fardeau porté par les débiteurs (les pays exportateurs) qui doivent des dollars. Ce poids ne fait qu’exacerber le besoin de se débarrasser de la dette en dollar et stimule la fuite de capital.

Ce dont nous sommes témoins aujourd’hui est la contraction de l’activité économique autour du monde, qui ne fait que se renforcer. Les réserves internationales sont vendues dans une tentative désespérée d’obtenir de la liquidité. La contraction a originellement été générée par le ralentissement des économies émettrices de devises de réserve : les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Europe et le Japon.

Il est évident que la Chine ait des projets dont elle ne nous fasse pas part, puisque nous pouvons évidemment voir qu’elle achète des quantités importantes d’or. Les Etats-Unis continuent dans le même temps d’en faire baisser le prix, comme si le dollar pouvait demeurer la devise suprême jusqu’à la fin des temps.

Les Chinois continuent d’accumuler de l’or sans rien dire. Mais nous pouvons deviner ce qu’ils pensent : « Les Etats-Unis sont embourbés dans un problème qui leur sera fatal. Ne les provoquons pas. Ils se détruiront eux-mêmes ».

Un monde qui souffre de problèmes économiques accrus n’est pas un monde qui sera dans la position de continuer de respecter les traités de régulation commerciale, et encore moins les rêves que sont des actions coordonnées face aux changements climatiques.

Ce qui nous attend est une situation où chaque pays prendra des mesures désespérées pour s’assurer un minimum de stabilité interne. Les traités seront ignorés ou jetés par les fenêtres. Les dévaluations prolifèreront tout autour du monde et certains pays se déclareront en banqueroute. Le sérieux de la crise rendra ces évènements inévitables. L’Inde vient tout juste de refuser de se plier aux demandes de l’Organisation mondiale du commerce, qui voudrait que les gouvernements n’accordent pas de subventions aux secteurs de leur économie. Mais l’Inde n’a pas d’autre choix que de subventionner son agriculture, parce qu’elle a une population d’un milliard d’habitants et que 67% de ses habitants dépendent de la disponibilité de produits alimentaires peu chers pour pouvoir survivre. Les règles internationales étatiques qui émanent pour la plupart des Etats-Unis et visent à diriger le monde finiront par être abandonnées.

Et lorsque la situation deviendra désespérée, la Chine, avec sa population d’1,3 milliard d’habitants, prendra des mesures peu orthodoxes. La pression démographique poussera le gouvernement chinois à cesser d’adhérer aux conventions internationales. Il fera de son mieux pour donner de l’espoir à sa population, composée principalement d’hommes et de femmes intelligents.

La Chine annoncera ensuite au monde : « Nous vendrons peu cher. Très peu cher, pour très peu d’or. Et nous paierons ce que nous achèterons en or, très peu d’or, mais de l’or. Si vous voulez nous acheter quoi que ce soit, vous devrez payer en or. Qu’auriez-vous d’autre à nous offrir ? Si vous avez quelque chose que nous voulons, nous paierons en or. Que le reste du monde fasse ce qui lui chante. »

Les nations du monde plieront sous la crise qui s’abat sur nous. La Chine sortira de cette crise en établissant ses propres règles. Ces règles, ce sera l’or. Le reste du monde ne pourra que suivre.

 

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