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Sur le principe de sécession personnelle

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Lew Rockwell
Published : October 01st, 2013
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Ludwig von Mises a mis le doigt sur quelque chose d’important en écrivant ceci : ‘Lorsque nous appelons une société capitaliste une démocratie des consommateurs, nous affirmons que le pouvoir de disposer des moyens de production, qui appartient aux entrepreneurs et aux capitalistes, ne peut être acquis que par le biais du vote des consommateurs qui se tient chaque jour sur le marché’.

William H. Peterson, avec qui j’ai eu l’honneur de pouvoir communiquer, a développé ce principe dans un certain nombre de ses articles.

Cette idée de démocratie des consommateurs, ou encore de marché, est toutefois trop limitée. Elle a besoin d’être extraite de la sphère économique et d’être appliquée à la sphère socio-politico-légale. Afin de rendre cela possible, nous avons besoin d’en extraire l’essence. La caractéristique première d’une démocratie de marché est que chaque personne choisit chaque jour ce qu’elle consomme, ce qui permet l’équilibre avec ce que produisent les entrepreneurs. Il nous faut également prendre en compte les produits associés aux systèmes socio-politico-légaux. Je ne les mentionnerai pas, parce que la démocratie personnelle les perçoit comme les objets de choix susceptibles de varier en fonction des individus. Certains peuvent les appréhender comme étant des arrangement qui ont quelque chose à voir avec les règles et la loi ou encore avec une adjudication couvrant une série de comportements interpersonnels, et d’autres comme impliquant des produits spécifiques ayant un lien avec la sécurité, la protection et la défense.

Tentez maintenant d’étendre ce choix personnel à celui des systèmes légal, social et de gouvernement. Imaginez qu’il soit possible pour un individu de choisir son système socio-politico-légal. C’est ce pouvoir qui représente l’équilibrage ultime, d’une magnitude plus importante encore que la machinerie gouvernementale arrangée par les législateurs et qui, nous le savons aujourd’hui, est sérieusement défective.

Si toute personne avait le droit d’entrer et de sortir d’un système socio-politico-légal, alors un système qui ne satisferait pas ceux qui y adhèrent finirait par les perdre. Un système qui satisferait aux besoins de ses adhérents les pousserait à rester et en attirerait peut-être plus. Le pouvoir et les limites territoriales cesseraient d’être le critère par lequel ceux qui fournissent des services à un système attirent de nouveaux adhérents. Les décisions personnelles de chacun contribueraient à la formation du système. Chacun pourrait choisir entre une série de systèmes socio-politico-légaux.

Notre pensée est contenue par les termes liés aux gouvernements monopolistiques d’aujourd’hui. En raison de ce vocabulaire limité, le terme qui se rapproche le plus de cette idée de pouvoir entrer ou quitter un système socio-politico-légal est ‘sécession personnelle’. Les Etats monopolistiques sont typiquement opposés à une subdivision en de plus petites unités politiques, c’est pourquoi nous voyons parfois éclater des guerres civiles, mais il existe des circonstances en lesquelles de telles ruptures peuvent être opérées dans un climat de paix. Le monde a reconnu, formellement ou non, le droit des gens de faire sécession sous certaines conditions imposées par l’Etat.

Le principe de sécession personnelle va aussi loin que le concept de sécession puisse aller. Il prend en compte le droit de tout un chacun de sélectionner une société, un système légal et un arrangement politique qui lui conviennent sans pour autant faire partie d’un collectif que nous appelons le ‘peuple’, bien que ce soit une possibilité.

La démocratie personnelle peut être définie en reprenant les termes de Mises. ‘’Lorsque nous appelons une société une démocratie personnelle, nous affirmons que le pouvoir de fournir des systèmes légal, social et politique, qui appartiennent aux entrepreneurs et aux capitalistes, ne peut être acquis que par le choix personnel de leurs adhérents à des intervalles consenties’.

La motivation immédiate de ce principe de ‘panarchie’, qui est connectée à des idées passées, peut être illustrée par les lois anti-terroristes récemment mises en place par le gouvernement des Etats-Unis. Elles sont imposées sur tous et apparaissent comme draconiennes, coûteuses, insensées, cruelles et discriminatoires.

Les lois anti-terroristes sont un exemple du processus par lequel les élus font et imposent les lois. Un citoyen a le droit de se prononcer contre ce problème et de voter ou non pour une série de candidats. Un citoyen a le droit de se présenter aux élections, de déménager dans un autre état ou pays. C’est une partie de ce que signifie aujourd’hui le terme démocratie. Mais ces principes sont très éloignés de la démocratie personnelle.

Ici encore, nos idées sont restreintes par notre vocabulaire. La démocratie d’aujourd’hui est une démocratie qualifiée. Appelons-la une démocratie d’Etat. Elle est une démocratie entièrement liée au principe qu’un Etat seul puisse représenter une unique unité politique souveraine. Les droits mentionnés ci-dessus ont à voir avec les citoyens d’un Etat et du système politique qui y est lié. Un citoyen n’est pas une personne libre de ses choix dans un système socio-politico-légal. Il dispose de droits limités par l’Etat, qu’il le veuille ou non.

Tous les discours sur la liberté, la démocratie et la diffusion de la démocratie à travers le monde et la rhétorique autour de la supériorité du système Américain font référence à la démocratie d’Etat. C’est une erreur conceptuelle que de confondre démocratie avec démocratie d’Etat. Pour nous en rendre compte, il nous faut noter que la démocratie d’Etat est l’opposé de la démocratie personnelle. La démocratie d’Etat est un monopole imposé à l’intérieur de frontières territoriales qui ne permet qu’un choix très limité de système socio-politico-légal. C’est la démocratie, au travers du vote et de certaines lois, qui offre à chaque personne son pouvoir. La démocratie personnelle est définie par le droit de tout un chacun de choisir un système socio-politico-légal sans frontières territoriales. C’est un choix individuel qui n’est pas limité par un vote au sein d’un système ou par tout autre droit qui accompagne une démocratie d’Etat. Le choix revient à la décision de participer, de dépenser des ressources et d’accepter des ressources de manière volontaire. L’élément commun de ces deux concepts démocratiques est celui du choix individuel. Dans une démocratie d’Etat, ce choix est contenu par des frontières qui vont au-delà du choix individuel. Dans une démocratie personnelle, ce choix est plus large, similaire à celui dont une personne dispose sur le marché libre.

Le modèle et le contenu du paysage social, politique et légal qui en découle est le résultat de tous ceux qui agissent en tant que clients ou adhérents, acheteurs ou demandeurs, comme sur un marché. Il n’est ni prédéterminé ni imposé, au contraire de ce qu’il se passe dans une démocratie d’Etat. Aucun système de vote politique n’est imposé. Aucune Constitution n’est imposée. Aucunes frontières ne sont imposées. Aucune nationalité n’est imposée. Une personne choisit de joindre ou de ne pas joindre un système, et c’est là la caractéristique essentielle de la démocratie personnelle.

Si un groupe de personnes désire vivre dans une société qui punit d’une peine de 50 ans d’emprisonnement le fait de tirer à l’arme à feu sur un véhicule, il pourrait le faire grâce au principe de démocratie personnelle. Il devrait vivre avec les coûts et les bénéfices d’une telle loi. Il ne pourrait pas l’imposer à ceux qui n’y adhèrent pas. De la même manière, si un groupe de personnes désirait vivre au sein d’un système qui requiert la restauration de la propriété endommagée comme punition pour un tel acte, il pourrait le faire, et devrait vivre avec les coûts et les bénéfices de cette loi.

Puisque la communication est ce qu’elle est, et que le droit de choisir de souscrire ou non se verrait offert à tous, les systèmes entreraient en compétition. Des équilibrages seraient forcés par le principe de démocratie personnelle. Il y aurait des essais et des erreurs, mais puisque les gens seraient libres de souscrire ou non, ils pourraient bénéficier de la compétition en en tirant des leçons.

La démocratie d’Etat est basée sur le principe de la souveraineté d’Etat. Le pouvoir de l’Etat prévaut. Les citoyens sont associés à cette souveraineté. Peu importe la base de cette souveraineté, rien ne peut entraver son chemin lorsqu’une loi est formulée, acceptée et mise en application. Aucun équilibrage n’est fait depuis l’extérieur. Les citoyens ne peuvent qu’utiliser leur droit limité qu’est celui de protester, de voter, de déménager et de se présenter aux élections. La démocratie d’Etat est une démocratie limitée, une démocratie monopolistique.

Ce qui motive les citoyens des démocraties d’Etat est de prendre le contrôle de la machinerie gouvernementale et de l’utiliser en leur avantage en formant des coalitions capables de faire imposer des lois dont tout le monde veut. Voilà qui résume l’histoire du gouvernement des Etats-Unis et des autres démocraties qui y ressemblent, et la raison pour laquelle leurs torts s’aggravent avec le temps jusqu’à ce qu’ils effleurent la catastrophe et que tout recommence une nouvelle fois à zéro.

La démocratie personnelle ouvre le système fermé qu’est celui de la démocratie d’Etat. Ce qui motive les gens au sein d’un tel système est le droit de pouvoir choisir ce qu’ils considèrent être juste. Il n’y a aucun moyen de prendre un gouvernement au détriment de ceux qui y adhèrent. Ils se contenteraient simplement de cesser d’y adhérer.

Il est impossible de prédire ce qui pourrait rendre un système satisfaisant. Certains éléments pourraient rester les mêmes qu’aujourd’hui, d’autres pourraient se voir transformés. La vie humaine et le bonheur ne peuvent pas atteindre leur apogée dans le système actuel de démocraties d’Etat. Viendra un jour ou nous rejetterons en bloc la démocratie d’Etat. Nous nous mettrons à la recherche de meilleures alternatives. La résurrection du monopole de la démocratie d’Etat sera possible, mais pourquoi devrions-nous nous y intéresser, puisque la conséquence pourrait en être un mélange de compromis qui ne satisferaient personne ?

La démocratie personnelle est ce à quoi nous devons aspirer.

 

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Les intellectuels Américains confondent état et nation. Les Etats-Unis d'Amérique est une nation de colons qui s'est constituée en état au moment où les état-nations sont apparus à la fin du XVIIIème siècle inaugurant ce que j'appelle l'ère fasciste. L'auteur souhaite que n'importe qui puisse s'installer n'importe où. Je suis d'accord avec lui sauf que je considère que les nations ont une culture et un territoire légitime. Les autochtones ont donc plus de droits que les allogènes et ces droit ne peuvent s'acquérir que par la filiation. Les Américains confondent état et nation pour faire oublier qu'ils n'étaient pas là les premiers. Nous vivons l'apogée des états bien que cela puisse encore empirer avec l'état-providence qui devient l'état crapuleux sous nos yeux.
Pour entrevoir ce que l'avenir nous réserve, je prends l'exemple des religions. Totalitaires à leur apogée, les religions finissent par perdre leur emprise parce que le pouvoir devient trop faible pour soumettre les hommes libres, l'individualité reprend le dessus. Les religions les plus libérales sont le catholicisme et le bouddhisme, on peut intégrer ou quitter la communauté facilement. A contrario, l'islam punit de mort les apostats.
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Pierre70 - 10/3/2013 at 3:39 PM GMT
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