Le déclassement de la note de
crédit des Etats-Unis de AAA à AA-plus par Standard & Poor a été une
grande première pour le pays. S&P a pris sa décision malgré le projet
présenté la semaine dernière par le Congrès dans l’objectif d’augmenter le
plafond de la dette.
Ce déclassement, a déclaré
S&P, ‘reflète notre opinion selon laquelle le projet de consolidation
fiscal sur lequel se sont récemment mis d’accord le Congrès et
l’administration n’est pas suffisant, selon nous, à la stabilisation des
dynamiques de la dette du gouvernement sur le moyen-terme’.
Ce sont ces mêmes problèmes de
moyen et long terme qui inquiètent le professeur Laurence J. Kotlikoff,
économiste en chef du Comité des Conseillers Economiques du président Ronald
Reagan. Selon lui, la dette nationale, qui selon le Trésor s’élève à 14
trillions de dollars, n’est que la partie visible de l’iceberg.
‘L’ensemble des dettes non-officielles
est énorme en comparaison à la dette officielle’, expliquait Kotlikoff à
David Greene, invité du weekend chez All things Considered. ‘En ne mettant
l’accent que sur la dette officielle, nous tentons de rééquilibrer les
mauvais bilans’.
Selon Kotlikoff, les paiements
d’obligations non-officiels des Etats-Unis – comme la sécurité sociale,
Medicare et les aides de santé – font substantiellement flamber le chiffre de
la dette.
Laurence J.
Kotlikoff a été économiste en chef du Comité des Conseillers Economiques sous
Ronald Reagan et est professeur d'économie à l’université de Boston.
‘Si vous ajoutez à cela les
promesses de dépenses d’obligations qui ont été faites, dont les dépenses de
défense, et que vous y soustrayez les taxes que nous devrions récolter, l’écart
est de 211 trillions de dollars. Voilà à quoi ressemble l’écart fiscal. Voilà
à quoi ressemble notre endettement’.
Comme l'explique Kotlikoff, si
nous n’entendons pas plus parler de ce chiffre ahurissant, c’est que les
hommes politiques choisissent leurs mots très attentivement pour maintenir ce
problème hors des débats.
‘Pourquoi tentent-ils
d’équilibrer le budget ? Ils devraient plutôt penser à nos problèmes
fiscaux sur le long terme’.
Selon Kotlikoff, l’un des plus
gros problèmes sur lequel devrait se pencher le Congrès est le devoir des
Etats-Unis de verser une sécurité sociale aux générations futures de
personnes âgées.
’78 millions de baby-boomers
devraient toucher près de 40.000 dollars chacun dans 15 à 20 ans. Cela
représente 3 trillions de dollars par an pour une portion de la population.
C’est une facture très lourde qui nous pend au-dessus de la tête, et le
Congrès ne s’en soucie pas’.
‘Nous en avons fait trop peu
et bien trop tard, ne nous sommes intéressés qu’au court terme, avons décrété
que le futur prendrait soin de lui-même, que nous nous soucierions du reste
demain. Devinez quoi ? Nous ne pouvons pas continuellement remettre la
résolution de nos problèmes à plus tard’.
Pour éliminer l'écart fiscal,
les Etats-Unis devront augmenter les taxes et réduire leurs dépenses bien
au-delà de ce que négocie aujourd’hui Washington.
‘Ce que nous devons faire est
soit augmenter les taxes de deux tiers immédiatement et de manière
permanente, ou réduire indéfiniment les dépenses de 40%. Les chiffres présentés
par le bureau budgétaire du Congrès nous indiquent que nous avons de
nombreuses épreuves devant nous’.