Une taxe originale à Chypre

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Published : March 26th, 2013
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Ce n’est pas pour son intérêt touristique que l’île d’Aphrodite (la déesse de la beauté serait née à Chypre selon la Théogonie d’Hésiode) fait la Une des journaux depuis plusieurs jours. Il s’agit en revanche de l’actualité économique et plus précisément de la décision du gouvernement chypriote de taxer à hauteur de 6,75 % les dépôts bancaires de moins de 100 000 euros, et de 9,9 % tous ceux qui dépassent ce seuil. À l’heure où ce billet est rédigé, cette taxe vient d’être refusée par le parlement chypriote. En l’absence de secret bancaire, il n’existait pas de véritable obstacle technique à son application, si ce n’est son rejet violent de la population. Compte tenu de son originalité, il est toutefois intéressant de revenir sur le principe de cette taxe et d’en évaluer les conséquences économiques.


Afin de mieux évaluer la portée économique de cette taxe inédite, il convient d’abord d’en comprendre le contexte. Il s’agit d’une taxe mise en œuvre dans le cadre d’un accord que le gouvernement chypriote aurait négocié avec la troïka  (le Fond monétaire international, la Commission européenne et la Banque centrale européenne) pour recevoir une aide 10 milliards d’euros, ce qui devait permettre au gouvernement chypriote d’équilibrer les comptes des trois principales banques du pays (les Banques de Chypre, Laiki et Hellénique) sévèrement exposées à la crise de la dette publique grecque. Puisque ces trois banques détenaient des quantités importantes d’obligations souveraines grecques, elles ont été lourdement pénalisées après l’effacement de 107 milliards d’euros de dette grecque.


Indépendamment du défaut du secteur bancaire, depuis son entrée dans l’Union européenne en 2004, Chypre se distingue des autres pays-membres par sa fiscalité particulièrement faible et donc très attrayante pour nombre d’entreprises, beaucoup plus taxées dans leurs pays d’origine.


Certes, en termes de transactions financières, Chypre reste un paradis fiscal relativement petit par rapport au Luxembourg ou à l’île de Man. Ce pays reste néanmoins très attractif puisque l’impôt sur les sociétés y est de 10% en dessous de 1,7 millions d’euros (dans le paquet négocié la semaine dernière avec les bailleurs de fonds, il passera à 12,5%), et de 15% au-delà. Quant à  l’impôt sur le revenu, il est de 30 % pour la tranche supérieure. Ceci a permis d’attirer au cours des dix dernières années d’importants capitaux étrangers puisque le taux moyen d’imposition sur les entreprises dans l’Union européenne était, selon Eurostat, de 26% en 2012. De fait, la petite île d’environ 800 000 habitants compte plus de 50 000 sociétés et des actifs bancaires huit fois plus importants que son produit intérieur brut.


Ce sont sans doute ces chiffres qui expliquent l’accord entre la troïka des bailleurs de fonds et le gouvernement chypriote. D’une part, l’intérêt de la troïka était d’enlever à Chypre son statut de paradis fiscal, qui dérange les autres membres de l’Union depuis son entrée. D’autre part, le gouvernement chypriote voyait dans cette taxe qui visait tous les comptes bancaires une alternative à une taxe sur le revenu, qui aurait exclusivement touché les chypriotes.


Sur le plan moral, cette taxe s’apparente tout simplement à un hold-up car, en dépit des rumeurs, elle est arrivée de manière inattendue. Le jour de son annonce avait été soigneusement programmé le 18 mars (le lundi gras orthodoxe), jour férié à Chypre qui ne laissait ainsi aucun autre moyen aux détenteurs de compte sur l’île de se précipiter sur les distributeurs automatiques de billets afin d’y retirer le maximum d’argent de leurs comptes bancaires personnels. 


Quant aux conséquences à moyen terme d’une éventuelle application de ce type de taxe, elles sont dommageables pour l’économie. Puisqu’une telle taxe touche non seulement les résidents mais aussi les investisseurs attirés par des conditions fiscales favorables, elle affecte non seulement l’épargne des citoyens mais aussi les capitaux étrangers, qui peuvent trouver d’autres horizons plus attrayants fiscalement. Leur départ pénalise donc lourdement et brusquement une économie qui dépend de ces investissements. Ces effets sont durables car il est ensuite très difficile de regagner la confiance du monde des affaires, et cela ne peut que se répercuter sur d’autres aires géographiques car ils démontreront la facilité avec laquelle le climat des affaires peut changer d’un jour à l’autre. Finalement, le parlement chypriote y a renoncé.


Reste que pour se protéger de ce genre de taxe, l’achat de l’or physique reste la seule solution de préserver son épargne car il permet d’échapper à la taxation tout en conservant des actifs à la fois liquide et d’une valeur stable. Cette taxe doit par ailleurs être interprétée comme un signal pour tous les détenteurs d’actifs visibles. À la recherche de nouveaux revenus, les États visent en premier les ressources qui sont déjà cartographiées : les salaires, les échanges commerciaux, les biens immobiliers ou encore les comptes bancaires (là où il n’existe pas de secret bancaire). Parmi tous les moyens existants pour protéger son épargne, l’or reste donc la meilleure solution.


 

 

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Marian Eabrasu est professeur d’économie et d’éthique à l’ESC-Troyes. Il a été chercheur à l’International Centre for Economic Research (Turin, Italie) et à l’institut Ludwig von Mises (Auburn, Etats Unis). Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture comme La Revue Française de Science Politique, Quarterly Journal of Austrian Economics, Business and Society, etc. Son dernier article publié en 2012 dans Raisons Politiques s'intitule "Les états de la définition wébérienne de l'Etat"
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Le Parlement Chypriote a rejeté le plan de taxation des dépôts bancaires.Et c'est le silence radio des terroristes de la pensée unique qui hurlaient au scandale et considéraient cette taxe comme une atteinte à la démocratie. Normal. Les alternatives sont toutes pires que cette taxe. La pire restant que les Chypriotes perdent 100% de leurs dépôts pour avoir refusé de payer 6.75%! Bien joué.

vIVe les abrutis !
Qu'ils se lancent aussi dans la frite.
C'est très lucratif.
Mais il faut travailler tard et le dimanche...

La Flandre compte un peu plus de 2.900 friteries , la Wallonie environ 1.500 et Bruxelles en abrite près de 300.
Selon l'Unafri, les friteries, qui au fil du temps voient naître une concurrence de plus en plus grande, résistent. "Notre part de marché diminue, mais dans un marché qui, lui, s'agrandit. Les friteries ont survécu naturellement à l'envahissement des fast-food .

Selon l'Unafri, pour éviter de se retrouver parmi les friteries malheureuses, une formation reste indispensable pour ouvrir un établissement.

"Il faut que les nouveaux sachent à quoi s'attendre, surtout au niveau de l'hygiène, des comptes et du calcul des prix".
La bonne cuisson, "c'est finalement le client qui décide".

Selon la dernière étude disponible, 81% de la population se rend de temps en temps à la friterie et 7% au moins une fois par semaine. Au total, 96% des Belges consomment des frites au moins une fois par mois.

Des recherches sont en cours à propos d'une nouvelle sorte de pommes de terre Bintje, une variété couramment consommée fraîche mais surtout... en frites.

Belga
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Qu'ils se lancent aussi dans la frite. C'est très lucratif. Mais il faut travailler tard et le dimanche... La Flandre compte un peu plus de 2.900 friteries , la Wallonie environ 1.500 et Bruxelles en abrite près de 300. Selon l'Unafri, les friteries, qu  Read more
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