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En
rejetant avant même la tenue du sommet européen le plan pourtant
déjà émoussé du quartet, le ministre
allemand adjoint aux affaires étrangères, Michael Link,
s’est placé à l’avant-garde des opposants à
toute tentative de compromis. La ligne pure et dure de la «
chancelière de fer » n’a pas changé : l’union
politique d’abord, mais plus tard, le reste éventuellement
ensuite. Risque de ne survivre du savant échafaudage qui n’est
plus proposé que dans ses grandes lignes, même pour le volet de
l’union bancaire, que le transfert à la BCE de la supervision
bancaire de la zone euro. Une seule porte de sortie reste ouverte :
l’application de la stratégie allemande reposant sur le
désendettement public prioritaire.
Pour
le sommet, Angela Merkel refuse « les
formules magiques » et cherche à s’en tenir au «
message fort » que représente le plan de croissance
décidé à Rome, immédiatement
considéré comme quantité négligeable.
François Hollande devra s’en contenter pour faire bonne figure.
« Il s’agit de trouver des solutions durables et non de faire un
feu de paille », ajoute-t-elle. Les « réformes structurelle
seront tout en haut de l’ordre du jour » a-t-elle proclamé
devant le Bundestag, s’il restait encore une équivoque, quitte
à utiliser à sa façon le document du quartet…
Cette
stratégie continue pourtant d’être mise en échec.
Les Grecs reconstituent une équipe gouvernementale
étêtée par des problèmes médicaux, alors
que les prévisions leur accordent désormais une contraction de
-6,7 % de leur PIB cette année ; Mariano Rajoy
averti que l’État espagnol ne va pas pouvoir longtemps se
financer aux taux qu’il doit consentir sur le marché, alors que
la récession s’approfondit ; la rumeur d’une
éventuelle démission de Mario Monti commence à se
répandre, tandis que Silvio Berlusconi fait sa réapparition
dans la coulisse.
La
poursuite du bras de fer engagé par Angela Merkel
n’a comme limite que l’épuisement des ressources du FESF
et du futur MES, qui interviendra sans rémission lorsque
l’Italie basculera à son tour dans le trou. À moins,
comme elle l’espère, que les dirigeants européens ne
viennent auparavant à résipiscence, prolongeant une agonie
devenue collective. On aura rarement vu pareille détermination
à promouvoir sa propre perte.
Mariano
Rajoy a donné son accord pour une «
union budgétaire et bancaire plus étroite », mais le
compte n’y est pas. Dans une tentative de sauver le projet du quartet,
José Manuel Barroso traçait hier la perspective d’une
nouvelle rédaction du traité budgétaire afin d’y
intégrer les nouvelles dispositions contraignantes qu’il
propose. Le compte n’y est toujours pas. Mario Monti est prêt
à travailler tard dans la nuit de dimanche pour avancer. On verra
bien.
Le
gouvernement grec est mal parti pour obtenir la renégociation du
second plan de sauvetage, en application du mandat qui a
présidé à sa constitution. Chypre, qui demande à
son tour une aide européenne pour ses banques (qui devra être
étendue au pays, comme dans le cas de l’Espagne), tout en se
préparant à un afflux de réfugiés syriens,
s’apprête à prendre la présidence de l’Union
européenne, tout un symbole. Mario Monti peut commencer à
écrire sa lettre, au cas où… Car une émission
obligataire italienne à six mois a aujourd’hui vu ses taux
grimper, à la veille d’une autre à cinq et dix ans.
Ceux
qui veulent que les fenêtres soient fermées dans les bus ont
toujours raison. C’est le règlement.
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