Les Pays-Bas, plus grands alliés de Berlin dans sa mission
d’imposer une meilleure discipline budgétaire à l’Europe, sombrent à leur
tour dans la crise économique. L’économie autrefois exemplaire des Pays-Bas
souffre de très importantes dettes et de l’éclatement d’une bulle sur l’immobilier
qui a paralysé la croissance et mis en danger beaucoup d’emplois.
‘Underwater’. Sous l’eau. Voilà
une description parfaite de la crise dans un pays dont une majeure partie du
territoire se trouve en-dessous du niveau de la mer. Ironiquement, les
Pays-Bas, qui sont perçus par beaucoup comme une économie modèle, font
aujourd’hui face à une crise de l’immobilier telle que seuls les Etats-Unis
et l’Espagne n’en ont fait l’expérience jusqu’à maintenant. Les banques du
pays ont injecté des milliards d’euros de prêts sur les marchés immobiliers
privés et commerciaux depuis les années 1990, sans se soucier de savoir si
les emprunteurs disposaient de nantissements suffisants.
Les acheteurs privés pouvaient par exemple aisément trouver
une banque capable de leur proposer un financement à hauteur de 100% du prix
de la propriété qu’ils désiraient acheter. ‘Vous pouviez obtenir un prêt s’élevant
à cinq fois votre salaire annuel’, déclare Scheepens.
‘Le tout sans aucun fonds propre’. Une telle chose était possible à l’époque,
parce que les propriétaires immobiliers étaient dans le droit de déduire les
intérêts liés à leur prêt de leurs impôts.
Plutôt que de rembourser leur prêt, les emprunteurs
plaçaient chaque mois une partie de leur argent sur un fonds d’investissement
dans l’espoir d’en tirer quelque profit. Cet argent était ensuite utilisé
pour rembourser leur prêt, du moins en partie. Mais il devint vite de coutume
de s’attendre à ce que la valeur d’une propriété augmente substantiellement
avec le temps. De nombreux épargnants Hollandais s’attendaient à ce que la
revente de leur domicile leur rapporte assez d’argent pour rembourser leur
prêt et en tirer un profit conséquent.
Aucune nation de la zone Euro n’est plus endettée que les
Pays-Bas, où les banques ont un total de 650 milliards d’euros de prêts
immobiliers inscrits sur leurs bilans.
La dette des consommateurs s’élève à environ 250% des
revenus disponibles. En comparaison, en 2011, le ratio d’endettement des
Espagnols ne s’élevait qu’à 125%.
Les Pays-Bas sont encore l’un des pays les plus
compétitifs de l’Union Européenne, mais maintenant qu’une bulle sur l’immobilier
y a explosé, leur économie toute entière se retrouve menacée. Le chômage est
à la hausse, la consommation chute et la croissance semble paralysée. Malgré
de fermes mesures d’austérité, le gouvernement de La Hague finira cette année
par violer les critères de déficit Européens qui interdisent les nouveaux
emprunts de plus de 3% du PIB.
C’est un fardeau très lourd, tout particulièrement pour le
ministre des Finances Hollandais Jeroen Dijsselbloem,
qui est également à la tête d’Euro Group, et se retrouve à la fois dans le
rôle de gendarme de l’union monétaire et de candidat à la crise.
Même les 46 millions d’euros de mesures d’austérité ne
sont pas suffisantes pour que le pays puisse respecter la limite d’endettement
fixée par l’Union Européenne. Bien que Dijsselbloem
ait annoncé une réduction de 4,3 milliards d’euros des services publics et
des services de santé, cette dernière ne devrait prendre effet qu’en 2014.