Tel
est l’intitulé du séminaire organisé par
l’Institut Coppet le 28 juin à Paris au 6 rue du Montparnasse
à partir de 17h.
Ce
séminaire a pour objectif de montrer pourquoi les principes et la
dynamique de la démocratie conduisent à des résultats
négatifs. Pourquoi la démocratie est le nouveau socialisme et
pourquoi leurs résultats sont similaires.
Dans la
première partie de la soirée Frank Karsten, l’un des
auteurs hollandais de Dépasser la démocratie,
expliquera les problèmes inhérents à cette dernière
et pourquoi elle ne délivre pas les biens désirés :
liberté, cohésion sociale et prospérité. À
l’aide de graphiques, il illustrera les tendances négatives de
la démocratie. Dans la deuxième partie, Karsten
présentera une meilleure alternative à travers des exemples
dans le monde. Il expliquera comment il est possible d’aller dans cette
direction.
Interview
de Damien Theillier, président de l’Institut Coppet.
Quel problème y
a-t-il avec la démocratie ? Pourquoi chercher une alternative à
la démocratie?
L'un
des plus grands mythes au sujet de notre démocratie actuelle est
qu'elle serait synonyme de liberté. Or, l'idéal
démocratique, c'est avant tout que chacun puisse décider de
tout et l'imposer aux autres. L'idée de la liberté, au
contraire, c'est que chacun puisse décider pour lui-même, sans
rien imposer aux autres.
Comme le
reconnaissaient les penseurs libéraux du passé, la
démocratie est en réalité une forme — très
subtile — de socialisme. Ce qu’il reste aujourd’hui de
notre liberté est due à la tradition libérale qui reste
vivante en Occident. Elle n’est pas le fruit de la démocratie.
Celle-ci est souvent assimilée à la paix, à la
prospérité, à la tolérance, à la solidarité
et à la liberté, mais dans les faits elle apporte, au
contraire, mécontentement, tensions sociales, hausse des impôts
et de la dette, et de moins en moins de liberté économique et
personnelle.
En
réalité la démocratie est une forme de collectivisme :
« une seule taille pour tous ». Dans une
démocratie, chacun de nous peut prescrire aux autres comment vivre
leur vie, faire fonctionner leurs entreprises, qui ils peuvent embaucher,
quel salaire ils peuvent payer, où, quand, et comment ils peuvent
acheter ou vendre, ce qu'ils peuvent enseigner, fumer, boire et manger, quels
médicaments ils peuvent prendre, quelles maisons ils peuvent
construire et où ils peuvent construire, ce qu'ils peuvent dire et
écrire, comment et où ils peuvent pratiquer leur religion, avec
qui ils peuvent se marier, avec qui ils peuvent s'associer…
Est-ce l'échec de
la démocratie ou l’incompétence et
l’indifférence politique du peuple ?
Si
la démocratie échoue ce n'est pas tant par
désintérêt des citoyens que du fait des idées
erronées qui circulent à son sujet. La démocratie
souffre des mêmes maux que le socialisme parce que dans les deux cas
l'individu est subordonné au collectif. Chaque décision est une
décision collective et cette décision devient la norme pour
tous. Fondamentalement, aucune liberté individuelle n'est en sécurité
dans une démocratie. Aucune propriété n’est
réellement privée. Des groupes minoritaires bien
organisés peuvent piller ou asservir les autres à travers les
urnes.
L'argument
décisif en démocratie est la supériorité
numérique. Il s'agit de maximiser l'armée des électeurs
pour l'emporter à tous les coups. Par ailleurs, elle conduit à
une politique de court terme. Un élu n’a aucune incitation
à penser à l’avenir de la nation. Il n’est que
locataire pendant un terme électoral fixé à
l’avance, et son objectif est de maximiser les bénéfices
qu’il retire (lui ou son entourage) de son passage au pouvoir.
C’est pourquoi les politiciens se soucient peu des dettes qu'ils
laissent à leurs successeurs. Pratiquement tous les pays
démocratiques souffrent d'énormes dettes. Dans l’ensemble
des pays démocratiques, les impôts sont passée de 10% du
PIB en 1910 à environ 50% en 2010. L'homme politique dans une
démocratie doit promettre toutes sortes de choses irréalistes
pour arriver au pouvoir, tout en restant très discret sur leurs
coûts réels et les conséquences à long terme de
telles dépenses. Les décisions difficiles qu’il faut
ensuite prendre pour remédier à tous les effets pervers
d’un tel système sont toujours laissées aux successeurs.
Cela
conduit à la servitude, à la bureaucratie, aux monopoles, à
la médiocrité, au parasitisme, à la centralisation et
à la stagnation économique. La démocratie, c'est cette
grande fiction dans laquelle les gens peuvent vivre aux dépens des
autres, pour paraphraser Frédéric Bastiat.
Il existe
différentes formes de démocraties. Y a-t-il une forme
démocratique souhaitable, ou préférez-vous la
disparition pure et simple de la démocratie ?
L'usage de la
démocratie pour la prise de décision est utile dans certains
contextes, par exemple dans les petites communautés ou au sein
d'associations. Mais la démocratie parlementaire nationale, telle
qu’elle existe dans quasiment tous les pays occidentaux a largement
fait la preuve de son échec. Le Liechtenstein (160 km2), Monaco (2
km2), Dubaï, Hong Kong (1100 km2) et Singapour (710 km2) ne sont pas des
démocraties parlementaires. Pourtant, ces pays prospèrent.
En
fait, les gens devraient être libres de déterminer sous quelle
forme de gouvernement ils veulent vivre : la démocratie, le
capitalisme, le socialisme, la dictature ou la monarchie. La règle
principale est de ne commettre ni fraude, ni violence, ni vol. Tant que les
gens s'en tiennent à cette règle, ils peuvent offrir tous les
services, y compris ceux qui sont aujourd’hui considérés
comme des « services publics ». Ils peuvent également
créer comme ils l’entendent leurs propres communautés
— monarchiste, communiste, conservatrice, religieuse ou même
autoritaire, pour peu que leurs « clients » adhérent
volontairement et pour peu qu'ils laissent les autres communautés
tranquilles.
Cela
dit, il est certain que la Suisse avec sa démocratie
décentralisée est une meilleure forme de gouvernement que la
démocratie parlementaire française. Car il y est possible de
voter avec ses pieds et d’aller voir ailleurs. L’alternative est
de mettre un bulletin dans l’urne tous les cinq ans t de rester
esclave. En Suisse, il y a concurrence entre les unités
administratives, il y a un vrai marché de la gouvernance. Puisque les
communautés et les cantons suisses sont petits, les gens peuvent non seulement
voter, mais ils peuvent aussi se déplacer facilement s'ils sont
mécontents du mode de gouvernement. De cette façon, les
mauvaises mesures politiques sont chassées par les bonnes.
Comment passer de la
démocratie centralisée à davantage d’autonomie
sans provoquer le chaos ?
Ce
que veulent les gens, c’est reprendre le contrôle de leur propre
existence. Ce chemin de la liberté passe par l'autonomie maximale et
l’autogouvernement c’est-à-dire par la
décentralisation et la multiplication de petites unités
administratives, conçues par les gens eux-mêmes. Bien sûr,
la sécession ne peut pas nécessairement conduire
immédiatement à l'autonomie administrative complète.
Mais, ce qui y conduit, c’est de privilégier toute forme de
décentralisation qui transfère certaines responsabilités
du gouvernement central vers un gouvernement local. Les décisions
doivent être prises localement, au niveau administratif le plus bas
possible, jusqu’au quartier. Cela pourrait être une forme
réaliste de transition entre la situation actuelle et la
sécession complète..
À quoi
ressemblerait l'alternative à la démocratie ?
Les
grandes organisations gouvernementales seraient démantelées. Il
n’y aurait plus de ministères de l'Éducation, de la
Santé, des Affaires sociales, des Affaires économiques, de
l'Agriculture, des Affaires étrangères, des Finances et de
l'Aide au développement. Seuls des services publics essentiels pour
assurer l'ordre public et pour faire face aux enjeux environnementaux seraient
tolérés.
L'État-providence
serait converti en un régime d'assurance privé. Cela offrirait
liberté et sécurité aux citoyens. Ils seraient en mesure
de prendre une assurance individuellement ou collectivement par les syndicats
ou les entreprises pour lesquelles ils travaillent.
Le
contrôle de l’État sur notre système financier
serait aboli afin que les gouvernements ne puissent plus éroder la
valeur de notre monnaie et provoquer des cycles économiques. De cette
façon, un marché financier international équitable
serait créé, ayant cessé d’être
manipulé par les États et les institutions financières
reliées aux gouvernements.
Enfin,
les citoyens qui voudraient des gouvernements forts, paternalistes et
coûteux (qu’ils soient de gauche ou de droite) pourraient les
avoir sans les imposer à tout le monde. Il est parfaitement vain
d’essayer de convaincre ces gens-là qu’ils ont tort.
Encore une fois, la seule solution c’est de multiplier les
unités administratives. Les citoyens pourront ainsi se détourner
eux-mêmes des gouvernements autoritaires et mal gérés et
rejoindre ceux qui produisent les meilleurs services au plus bas coût.
De même, chaque politicien et chaque haut fonctionnaire sera
incité par la concurrence à rendre son gouvernement aussi efficace
et utile que possible.
Si la démocratie
est si nocive, pourquoi tant de gens croient en elle ?
La
foi en la démocratie nous est inculquée dès l'enfance
par l'éducation, les médias et la politique. Il y a une
véritable foi dans le dieu de la démocratie parlementaire.
Comme toute religion, la démocratie a son ensemble de croyances
— des dogmes qui semblent être des faits indiscutables pour tout
le monde.
De
plus, les gens pensent que la seule alternative à la démocratie
est la dictature ou la monarchie absolue. Ils ne se rendent pas compte
qu’ils vivent dans une semi-dictature car ils ont tendance à ne
voir que les avantages offerts par la démocratie, et non les
coûts.
Une
des raisons pour lesquelles il en est ainsi est que l'État collecte
les impôts par de nombreuses voies indirectes et
détournées. Il exige ainsi que les entreprises collectent les
impôts sur les ventes ou que les employeurs collectent les charges de
sécurité sociale. Il emprunte de l'argent sur les
marchés financiers (un argent qui finira un jour ou l’autre par
être remboursé par les contribuables) ou fait gonfler la masse
monétaire — de façon à ce que les gens ne se
rendent pas compte de ce que l'État leur confisque en
réalité.
Une
autre raison à cela est le fait que les actions de l'État sont
visibles et tangibles. Toutes ces choses qui auraient pu être
réalisées si le gouvernement n'avait pas commencé par
confisquer l'argent du peuple restent au contraire invisibles.
C’était la grande leçon de Bastiat entre « Ce
qu’on voit et ce qu’on ne voit pas ».
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