En
arrêtant de faire des fausses distinctions, on fera progresser le
débat économique et on favorisera l’information aux
salariés.
De
quelle distinction s’agit-il ?
De la distinction entre les charges salariales et les
charges patronales. Qu’on les appelle patronales ou salariales ne change par leur nature. Certes
sur sa fiche de paie, le salarié n’est en mesure que d’en
voir une partie alors que les autres sont dissimulées. Mais cela ne
change pas le fait que les unes comme les autres doivent être
payées par l’entreprise. Obligatoires, elles sont
calculées selon des barèmes établis par les pouvoirs
publics et correspondent notamment à l’obtention des services
publics de protection sociale.
Où est le problème ?
Dans le fait
que cette distinction patronal/salarial peut laisser croire que les
employeurs contribuent autant voire plus que les salariés. C’est
trompeur car cela n’a aucun sens économique. Les cotisations
« patronales » comme
« salariales » sont versées au titre de
l’activité du salarié. Elles vont tout simplement en
déduction des sommes qu’il pourra librement dépenser.
L’ impact
sur le pouvoir d’achat
La
réalité des prélèvements obligatoires est sans
rapport avec les ordres de grandeurs qu’ont en tête les
salariés. Beaucoup se focalisent sur les impôts visibles, qui ne
sont pas prélevés à la source, sans mesurer
l’impact sur le pouvoir d’achat de prélèvements
moins visibles tels que les cotisations sociales. Pourtant ces
dernières, représentent de loin l’essentiel des
prélèvements obligatoires supportés par le
salarié moyen, sauf au Danemark (2%), en Irlande (41%) et au
Royaume-Uni (50%).
L’employeur
français doit par exemple débourser 230 € pour que son salarié
moyen dispose de 100 € de pouvoir d’achat. A
l’opposé, les employeurs du Royaume-Uni, d’Irlande, de
Chypre ou de Malte peuvent se contenter de distribuer entre 157 et 125
€ pour générer 100 € de pouvoir d’achat
réel.
Fusionner les cotisations patronales et
les cotisations salariales, c’est aussi mettre en
évidence ce que coûte in fine un salarié à son
entreprise.
C’est
aussi l’intérêt de supprimer cette distinction. Il ne sera
ainsi plus possible de commettre l’erreur répandue qui consiste
à croire qu’une partie des charges est payée par le
salarié et une autre par l’employeur.
De fait, sur un marché, aucun employeur ne peut se
permettre de payer un salarié plus que ce qu’il rapporte
à son entreprise. Quel que soit le mode de calcul utilisé,
l’offre de salaire d’un employeur à un futur
salarié prend nécessairement en compte tous les coûts
associés à l’embauche, qu’ils soient apparents ou
pas pour le salarié.
En France, un individu qui négocie son futur
salaire intègre immédiatement que le montant qu’il
recevra en fait sera diminué de 15% de charges. Ce qu’il ne
réalise pas, c’est que l’employeur a aussi
intégré les charges patronales qu’il devra payer à
son salarié et que c’est ce coût total qui sert de base
à l’embauche ou pas d’une personne.
Ces
charges sociales ont cependant une utilité
Elles financent effectivement notre système de
protection sociale. Le problème, c’est que le
salarié ne se rend pas compte de ce qu’elle coûte. Cette relative myopie est liée
au fait qu’on recourt à une combinaison de cotisations sociales
« patronales » et « salariales »
contribuant à rendre peu lisible le coût réel de la
protection sociale.
L’intérêt de la fusion est donc
qu’il rendra plus transparent le coût de la protection sociale
pour le salarié. Ce dernier pourra ainsi en toute connaissance de
cause se demander si les services de sécurité sociale
qu’il perçoit, valent ce qu’il paie pour eux.
La proposition de fusionner les cotisations sociales va donc
dans le sens de la transparence et de l’information aux
salariés.
|