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Le
président François Hollande a multiplié au cours des
derniers mois des annonces indiquant qu’il aurait changé de cap
politique et miserait désormais sur la capacité des entreprises
à relancer la croissance et réduire le chômage. Du
rapport Gallois au choc de simplification, en passant par les assises de la
fiscalité, le pacte de responsabilité et le Conseil de l’attractivité,
tout semble réuni pour confirmer que le président aspirerait
à changer d’orientation politique. Il serait en passe de
reconnaître aux acteurs de la société civile -
entreprises, associations, etc. - un rôle plus actif pour relancer la
croissance. Cependant la surenchère de déclarations, d’initiatives
ou de projets entrants en contradiction avec l’orientation
affichée par le président, montre clairement que le projet
social-démocrate reste une esquisse.
Quand il s’agit de parler de l’attractivité
française, le président répond par des mesures
techniques comme la fusion l'Agence française des investissements
internationaux (AFII) et d'UbiFrance, la
réduction des délais d’obtention de visas à 48h ou
la mise en place d’aides à l’implantation de start-ups
étrangères. Quand il est question du pacte de
responsabilité, le président propose un accord qui va sans
doute dans la bonne direction, mais l’actualité montre que ce
n’est pas si simple.
Dans un pays extrêmement socialisé, les pouvoirs publics ne
peuvent pas se contenter de promesses ou de symboles. Il leur faut faire la
démonstration qu’ils sont réellement capables de
réduire les contraintes, de rendre l’environnement
économique plus lisible et de s’engager sur la durée pour
redonner confiance aux acteurs économiques.
Or au-delà des discours tout continue comme avant. Une proposition de
loi vise à contraindre tout groupe de plus de 1 000 personnes
souhaitant fermer un site à rechercher un repreneur trois mois avant
sous peine de pénalités. Dans le même temps les
initiatives en faveur d’une fiscalité comportementale prennent
de plus en plus d’ampleur. Après la taxe soda et
l’augmentation des taxes sur le tabac et l’alcool, des rapports
suggèrent une fiscalité encore plus lourde et complexe sur de
nombreux produits. Tout cela brouille les messages lancés par le
président, plus personne ne sachant si l’on va réellement
vers un allègement des contraintes pesant sur l’économie
française.
Ainsi, en dépit des intentions affichées, on est obligé
de constater que l’orientation sociale-démocrate manque de
cohérence.
Plus grave, un tel changement de fond ne peut être mené à
bien sans un travail méthodique de pédagogie. L’enjeu est
de convaincre, une fois pour toutes, que l’économie n’est
pas l’ennemie du social et que les pouvoirs publics ne doivent plus
tout faire. Quand on fait fi de ces recettes, on n’est plus en mesure
de créer la richesse et le bien-être que nous appelons tous de
nos vœux, d’où les problèmes que nous rencontrons
aujourd’hui.
A cet égard, l’exemple des réformes canadiennes des
années 1990 est extrêmement instructif. Dans ce pays
l’émergence d’un consensus autour des changements à
opérer a permis de retrouver une croissance supérieure à
l’ensemble de l’OCDE. Cette capacité à se
réformer a probablement contribué à faire des canadiens
un des peuples les plus heureux du monde.
L’enjeu
en France est de permettre à l’activité économique
de se développer à un rythme plus élevé pour
retrouver une croissance significative, à l’image du Canada.
Cela suppose évidemment de cesser de matraquer les acteurs
économiques et donc de réduire les dépenses publiques
qui dépassent 56% du produit intérieur brut en France depuis
2009.
Or
l’expérience canadienne montre qu’on ne peut pas baisser
durablement les dépenses sans inscrire cette évolution dans un
projet de société largement accepté. Sans un consensus
fort, il n’est pas possible de mener des réformes profondes. De
fait, il va nous falloir repenser l’importance relative de
l’ensemble des programmes publics afin de décider, comme au
Canada, ce qui doit rester dans la sphère publique ou doit, au
contraire, être confié aux initiatives privées,
marchandes ou associatives.
Au-delà
de ce devoir d’inventaire et de pédagogie, le projet
social-démocrate français doit permettre de supprimer les
obstacles à la création d’emplois. En la matière
un énorme travail reste à faire. La rigidité de notre
marché du travail – classé en 113ème
position sur 144 par le Forum économique mondial – explique en
grande partie les déboires de l’économie française
et la persistance d’un chômage anormalement élevé.
L’assouplissement des règles à tous les niveaux
(durée légale du travail, salaire minimum, assurance
chômage, barrières à l’embauche…) est une
condition nécessaire à toute réforme de fond.
C’est la seule méthode pour
retrouver le plein emploi qui, bien plus que tous les filets de
sécurité, constitue la vraie protection sociale.
Cet
assouplissement du marché du travail est stratégique, car il
conditionne toutes les autres réformes. On ne pourra pas
redéfinir ce qui au incombe au public et au privé si ce
dernier, tétanisé par les contraintes, se refuse à
embaucher et à reprendre sa place.
Aujourd’hui
François Hollande se cherche une vision et hésite sur les
moyens. Ce n’est qu’en tranchant de façon ferme et
cohérente qu’il pourra incarner un virage social-libéral
susceptible d’améliorer durablement la situation des
français.
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