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Un
spectre hante le monde entier : celui de l’étalon-or ! Steve
Forbes considère qu’un retour à l’or aux
États-Unis serait possible en cinq ans. Le patron de la Banque
Mondiale, Robert Zoellick, a déclaré qu’il
faudrait considérer l’or comme une référence
monétaire internationale. Selon Wikileaks,
la Chine redouterait que les États-Unis et l’Union européenne
adoptent l’étalon-or avant elle. En effet, l’or
représente respectivement 60,7% et 74,7% des réserves de
devises des pays de la Zone Euro et des États-Unis. Cependant, dans le
reste du monde (Chine, Inde et Russie incluses), l’or dépasse rarement
les 10% du total des réserves forex.
Dans
un système d’étalon-or, la base monétaire
d’un pays est constituée de ses réserves en or. La
fiabilité du système est fondée sur la convertibilité illimitée
du papier-monnaie en or. L’étalon-or exige donc une discipline
budgétaire sans pareil aujourd’hui. Il met une limite sévère
aux déficits de l’État en empêchant celui-ci de les
financer par la production monétaire directe ou par celle des banques
commerciales. En effet, la fin de l’endettement étatique
mettrait un coup fatal à la banque à réserves
fractionnaires dû à la fin du financement des besoins de liquidité
bancaire par une Banque Centrale.
Si
un retour à l’étalon-or est concevable, il est néanmoins
difficile d’imaginer qu’il puisse l’être de
façon durable ou même qu’il s’agisse d’un vrai
étalon-or. Rien ne nous permet aujourd’hui d’affirmer que les États du G20 ont une
quelconque intention d’éliminer leurs banques centrales ou de diminuer
considérablement leurs dépenses financées avec du
crédit bancaire. Du coup, si un étalon-or était restauré,
ce ne serait pas pour remplacer le système en place, mais pour
l’assainir temporairement et lui donner plus de
longévité.
Par
le passé, l’assainissement monétaire a
nécessité une indexation de la monnaie affaiblie à un bien dont le cours de marché était
solide : or, autres biens réels, ou monnaie
étrangère.
A
la fin du 18ème siècle, la circulation de
l’argent métallique diminue considérablement en Europe du
fait du commerce avec la Chine et des guerres Napoléoniennes. Pour
pallier au manque d’argent, les banques commerciales anglaises émettent
alors des notes bancaires en sus de leurs réserves en argent. Avec la
fin des guerres Napoléoniennes, le métal rentre massivement en
Angleterre ajoutant l’inflation métallique à
l’inflation papier. L’or va alors permettre de rétablir la
confiance dans la monnaie. En effet, la reprise de la frappe de pièces
en or et la stricte convertibilité des billets de la Banque
d’Angleterre en or vont assurer son acceptation auprès du grand
public au détriment de l’argent pour lequel les individus
avaient perdu confiance. Le Bank
Charter Act de 1844 donne cours légal
aux billets de la Banque d’Angleterre et inaugure
l’étalon-or moderne.
Au
lendemain de la Grande Guerre, l’Allemagne – manquant d’or
– met fin au processus hyper-inflationniste du Papiermark, initié en
1921, en cautionnant le Rentenmark de 1923 non par des réserves d’or,
mais par des obligations indexés au prix de l’or. La population rassurée
va utiliser le Rentenmark
qui deviendra le nouveau Reichsmark
en 1924. La qualité du Reichsmark
s’est maintenue jusqu’à l’arrivée au pouvoir du
parti Nazi en 1933 qui se lance alors dans de vastes programmes de
dépenses.
Au milieu des années 1990,
l’économie brésilienne souffre à son tour d’un
processus hyper-inflationniste initié 30 ans auparavant –
moyenne annuelle de 764% d’inflation entre 1990 et 1994. Après
cinq changements de monnaie, l’État crée, en mars 1994,
l’Unidade Real de Valor
(URV) indexée au Dollar
américain à un taux de change fixe. Le Dollar étant
très apprécié à l’époque par le
grand public, l’URV est vite reconnue comme une monnaie relativement « stable ». Elle remplace
le Cruzeiro Real en juillet 1994, pour
devenir la nouvelle monnaie, le Real.
Aujourd’hui, le Brésil est l’un des rares pays où le dollar s’est
valorisé ces derniers mois, ce qui révèle le
caractère à nouveau inflationniste de la politique
monétaire brésilienne.
De
mon point de vue, les États-Unis et la Zone Euro envisagent clairement
de nouvelles injections de
liquidité pour renflouer leurs banques. Une hausse significative de
l’inflation s’ensuivra, ainsi qu’une baisse de la valeur du
dollar et de l’euro. Le surendettement de l’État, le
fardeau fiscal et les législations économiques rigides se
chargeront du reste. Un assainissement monétaire deviendra absolument nécessaire
et il deviendra de plus en plus probable que l’or soit appelé
à la rescousse comme il a déjà pu l’être.
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