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A qui la faute ? 3ème partie

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Published : January 23rd, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

Les années 1970 sont marquées par une brève période d’inflation aux États-Unis et en Europe. Au début de cette période, des taux d’intérêt bas ont incité les banques à chercher de meilleurs rendements ailleurs ; ce qu’elles ont fait en investissant dans des pays en voie de développement. Les banques, échaudées par la crise de la dette de ces mêmes pays au début des années 1980, profitent de la hausse des taux d’intérêt dans les pays occidentaux pour y rediriger leurs investissements. Pendant ce temps, les banques de détail s’engagent de plus en plus dans le métier de banque d’investissement, notamment via la souscription des titres financiers innovateurs et la création de nouveaux schémas d’investissement. Le point de départ visible de ce « Big Bang » financier remonte à 1986 avec les réformes de la place financière de Londres.


Le boom financier des années 1980 a d’abord été caractérisé par l’irruption de schémas dits de crédit syndiqué. Ce genre de schéma permettait à un investisseur, associé à des banques ou fonds d’investissement, d’acheter des grandes entreprises tout en limitant l’engagement de ses propres fonds. Ceci était possible grâce à l’effet de levier.[1] Les banques associées à l’opération levaient les fonds nécessaires grâce à la souscription d’obligations et par la création de nouveaux crédits. Évidemment, le montage visait le rachat d’entreprises à fort potentiel (valorisation boursière et rentabilité élevée) et se justifiait par des  anticipations de gains élevés.


S’il est vrai que les États-Unis constituaient le principal marché de ces opérations, force est de constater qu’elles étaient, en général, gérées par des banques européennes, par des filiales européennes de banques américaines et par des banques japonaises. Le Glass-Steagall Act imposait, en effet, une séparation stricte aux Etats-Unis entre les métiers traditionnels de la banque et ceux de la banque d’investissement. Par conséquent, elles ne pouvaient pas  participer à ces opérations via  la souscription de titres,  mais rien ne les empêchait d’y concourir par la  création de crédit. L’intensité de la concurrence internationale entre banques à réserves fractionnaires conduira le système à financer de plus en plus d’opérations risquées. Le crash boursier de 1987 va cependant tirer la sonnette d’alarme sans pour autant mettre fin à l’explosion  de ces opérations à levier financier.


Face à ces prises de risques de plus en plus importantes,  la BIS (Bank of International Settlements) qui observe l’accumulation d’actifs de plus en plus risqués dans le bilan des banques  depuis la fin des années 1970, va essayer de les discipliner.  C’est ainsi qu’avec  les principales banques centrales du monde, ils  décident du premier accord de Bâle, dit Bâle-I, en 1988 – suivi de Bâle II en 2004 et Bâle III en 2010-2011. Cet accord établit que les banques commerciales doivent détenir sous forme relativement liquide 8% du montant total de leurs actifs, pondérés par le risque en capitaux propres. L’objectif est de rendre le système plus stable.


La réponse des  banques commerciales aux nouvelles dispositions en vigueur va être des schémas financiers plus innovants encore.  C’est ainsi qu’on voit apparaître des SIVs (Structured Investment Vehicles) et des SPVs (Special Purpose Vehicles) qui ont la particularité de permettre aux banques de faire disparaître de  leurs bilans les actifs les plus risqués et donc les plus gourmands en capitaux propres, selon les critères de Bâle.


Un SIV vise à profiter des écarts de rendement entre des créances de court-terme et des produits financiers structurés de long-terme. Le SIV émet des créances à court-terme,  continûment renouvelées,  dont les recettes servent à acquérir des actifs de long-terme, moins liquides, mais plus rentables. En général, le SIV a un partenariat avec une banque qui fournit le levier nécessaire aux  opérations et peut ainsi  valoriser  des créances peu rentables. Tant que le flux de recettes lié aux placements à long terme – remboursements  de crédit hypothécaires et autres crédits à la consommation – se maintient, le SIV peut rembourser ses créances à court terme et dégager un profit.


Un SPV est quant à lui une succursale de banque. Il est généralement créé pour isoler certains actifs de la banque de ses activités courantes. Avec les accords de Bâle, les banques ont utilisé les SPVs pour y transférer leurs actifs les plus risqués –souvent des crédits hypothécaires et autres crédits de consommation. Ces derniers  serviront de base à l’émission de produits dérivés. Les recettes de la vente de ces dérivés sont inscrites sous forme de liquidité dans le bilan des banques. Ici, le schéma ne peut être maintenu que si les crédits sous-jacents des dérivés sont remboursés.


Tant les SIVs que les SPVs sont considérées comme des entités externes et indépendantes des  banques qui les ont créées et ne sont donc pas soumises aux dispositions des accords de Bâle. Leur création est tout à fait légale et a permis aux banques de respecter les accords de Bâle. Une chose est cependant certaine. Les banques savaient très bien que leurs bilans étaient criblés de mauvais actifs et elles n’avaient aucune intention d’en cesser la création. Pour preuve, les banques ont continué, jusqu’à l’écroulement du système en 2008,  à créer à tour de bras des crédits  qu’elles transféraient à leurs véhicules d’investissement pour se débarrasser du risque et obtenir des liquidités additionnelles. À suivre la conclusion sur la culpabilité de la crise.


Voir la 1ère partie et la 2ème


 

 



[1] L’effet de levier fait référence à l’amplification du rendement potentiel d’un investissement rendu possible grâce à l’usage d’instruments financiers ou de capital emprunté.

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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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La "faute" est à tout le monde ! à ceux qui agissent en (provisoire) toute impunité - à ceux qui laissent faire - à ceux qui font des promesses intenables que tout le monde accepte les yeux fermés.
C'est très judéo-chrétien de chercher le coupable qui, comme par hasard, est toujours le clampin de base qui est resté appuyé sur son manche de balai au lieu de s'en servir pour balayer les salopards qu'il ne peut même pas reconnaître ! A vos souhaits à tous ! que ce monde idiot s'écroule !
"Les banques, je les ferme, les banquiers, je les enferme" - Vincent Auriol

Reviens Vincent !
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Et vivent les espèces : déposées sous le matelas (blindé) et ressorties pour aller payer EDF GDF LOYER téléphone, magasins, achats internet, etc... Quel pied grandiose. Vincent était un bien brave homme, un peu C..C.. certes, mais pas bien gênant !
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Le prix et les inconvénients de l'indépendance...
La vie est faite de choix.
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Et puis cela réglera le problème des retraites trop longues avec les nombreuses attaques sanglantes des "petits vieux et vieilles" qui seront obligées de se balader avec plein d'espèces.
..."petits vieux et vieilles" qui seront épargnés en laissant leur livret A , plan assurance vie gavé de CDO et autres bonds Grec , Portugais, Italien , Français à la banque.
Ils seront épargnés et ruinés...

Lorsque la monnaie s’effondrera ...Les banques fermeront leur guichet...les déposants auront instantanément tout perdu .
Les mêmes causes produisant depuis la nuit des temps les mêmes effets.

Ce sera en Europe comme en Argentine , lors du corralito , les "petits vieux et vieilles" ,faisaient les poubelles pour manger.

Qui fait encore confiance à l'Euro , a part les futurs pigeons qui n'ont pas encore tout retiré ?

La vie est un choix .
Cordialement , mon cher Philvar .

NB J'espère que vous avez converti votre épargne en physique et sorti du papier, car ça commence à chauffer au moyen orient.
oui, c' est çà, du socialisme !, encore du socialisme !!, toujours du socialisme !!!,... du socialisme à jouir !!!!!!...
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fredbob - 1/25/2012 at 6:35 PM GMT
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