Comment la FED a aidé à financer la première guerre mondiale

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From the Archives : Originally published November 14th, 2010
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Les gouvernements ont la possibilité de payer leurs factures de trois manières différentes : par les impôts, la dette et l’inflation. Le peuple est généralement conscient des deux premiers parce qu’elles sont difficiles à camoufler. Mais le troisième mode de paiement tend à passer inaperçu aux yeux du grand public parce qu’il implique une réduction lente et subtile du pouvoir d’achat de la monnaie ainsi qu’une politique généralement complexe.


Dans cet article, je vais me pencher sur le rôle de la Réserve Fédérale pendant la première guerre mondiale et expliquer quels instruments et leviers ont été utilisés par les autorités monétaires pour réduire la valeur de la monnaie publique afin de financer les dépenses de guerre. Cet exemple va aider les lecteurs à mieux comprendre l’idée plus générale d’un « impôt par l’inflation » et comment une telle taxe pourrait être utilisée dans le futur pour financer les conflits.


C’est le monopole du gouvernement sur l’offre de monnaie qui lui permet de se servir de l’inflation comme source de revenus. Les souverains, en réduisant secrètement la quantité d’or incluse dans les pièces de monnaie émises au public, pouvaient récupérer l’or et avec ce dernier avoir les moyens de financer leurs conquêtes. Peu à peu le public se rendait compte que les pièces étaient adultérées et qu’elles contenaient moins d’or qu’indiqué sur leur face. Leur valeur baissait et les pièces détenues par le public supportaient le coût de cette perte de pouvoir d’achat.


Les lois sur les monnaies à cours forcé adoptées par les gouvernements ont empêché le public d’échanger les mauvaises pièces contre une valeur moindre que leur valeur faciale. Une baisse de leur pouvoir d’achat supprimerait une source de revenus significative : la possibilité pour le gouvernement d’émettre de mauvaises pièces à un niveau de valeur élevé.


L’usage de la force pour subventionner une pièce de monnaie d’une valeur inférieure à sa valeur faciale a réduit son attractivité et sa capacité à se procurer un détenteur. L’usage de la force a corrompu la valeur des informations contenues que sont les prix et a diminué la confiance du public envers la monnaie. Ce déclin de l’efficacité du système monétaire en raison de l’adoption d’une mauvaise monnaie et de la mise en place de lois en faveur d’une monnaie à cours forcé constitue a un coût supporté par le public qui utilise cette monnaie.


Tandis que les rois adultéraient leurs pièces de monnaie pour aider au financement des guerres qu’ils menaient, la Réserve Fédérale a utilisé l’inflation pour aider à financer sa participation à la première guerre mondiale. Elle l’a fait en créant et en émettant des dollars en échange de la dette émise par le gouvernement. En fait, l’actif du bilan de la Fed s’est transformé en un déversoir pour obligations de financement de la guerre. De plus, la Fed a acheté cette dette comptabilisée dans son bilan à un cours plus élevé que le marché ne l’aurait absorbé, et sa participation au financement de la guerre représente donc une subvention supportée par tous ceux qui détiennent de la monnaie dont le pouvoir d’achat décline.


Avant d’expliquer comment fonctionne ce processus, il est nécessaire de connaître un certain nombre de choses sur la Fed. L’institution a commencé ses opérations en 1914 sur le principe des « real bills » [effets de commerce]. Les banques membres ont pu emprunter du liquide à la Fed, mais uniquement en soumettant des « effets de commerce » en tant que garantie.


Ces billets à ordre étaient des instruments à court terme créés par les organisations commerciales pour aider au financement de leurs opérations courantes. Les billets étaient garantis par les inventaires/stocks des entreprises émettrices, c’est là l’élément « réel » du billet à ordre. En discomptant ou en prêtant du liquide aux banques sur la base de billets à ordre, la Fed a pu augmenter l’offre monétaire.


A l’origine, la section 16 de la Loi sur la Réserve Fédérale exigeait que tous les billets en circulation émis par la banque centrale soient couverts à 100% par des billets à ordre. En plus de cela, la Fed devait détenir 40% de ses réserves en or. A cette époque-là, les billets de la Fed étaient convertibles en or et les 40% de réserves détenues en or constituaient une sécurité additionnelle. Ainsi, pour chaque dollar de dette émis, la Fed devait virtuellement détenir 140% de réserves dans ses coffres, 1 dollar en billet à ordre et 40 cents en or à l’actif de son bilan.


Il était également permis à la Fed de s’engager dans les achats d’obligations du gouvernement et de créances bancaires sur le marché libre. Mais la dette gouvernementale n’était pas de nature commerciale et donc n’était pas considérée comme un véritable billet à ordre.  Et comme le taux de 100% de couverture ne pouvait être atteint pour les billets émis en contrepartie de la part de la dette gouvernementale détenue par la Fed, la Fed ne pouvait émettre qu’un nombre limité de billets pour financer la dette avant de se confronter à l’exigence qu’était celle de la couverture à 100%.


Ainsi, la doctrine des billets à ordre telle que le prévoyait la loi sur la Réserve Fédérale limitait de manière significative le fait que l’actif du bilan de la Fed ne serve de réceptacle pour l’accumulation de la dette gouvernementale et de reconnaissances de dettes. Pour soutenir le financement de la guerre dans laquelle il était entré en avril 1917, le gouvernement américain devait ouvrir l’actif du bilan de la Fed à la dette de guerre du Trésor américain.


« Pour aider au financement de la guerre, le gouvernement américain devait ouvrir le bilan de la Fed aux dettes de guerre du Trésor ».


Un pas important a été réalisé en juin 1917 avec la relaxe de la double exigence de 100% de billets à ordre et de 40% d’or pour chaque dollar émis. Un petit changement de la Section 16 indiquant que 40% de réserves d’or pouvaient être simultanément remplacées par 40% de billets à ordre.


Au lieu de détenir 1.40$ d’actifs pour chaque dollar émis (1,00$ en billets à ordre et 40 cents en or), la Fed n’avait  plus besoin que de détenir 1$ comprenant 40 cents en or et 60 cents en billets à ordre. Le montant important de garanties ainsi dégagées servirait à l’émission de nouveaux billets. L’ajout en 1916 de la Section 13.8 à la loi sur la Réserve Fédérale a constitué un pas important permettant à la Fed de financer l’effort de guerre. Ce changement a permis à la Fed d’accorder pour la première fois des prêts à des banques avec la dette gouvernementale comme garantie. Mais une telle garantie n’était pas considérée comme un véritable billet à ordre et n’était donc pas éligible pour contribuer aux 100% de couverture requis pour chaque dollar émis.


Ainsi, alors que les emprunts sur la dette gouvernementale étaient autorisés, leur quantité était largement limitée. S’ il y avait un peu de mou concernant les billets à ordre détenus en excès par la Fed couvrant le billet d’un dollar nouvellement émis, alors, selon la section 13.8, un crédit pourrait être octroyé.


Les Etats-Unis se préparant à la guerre, le Président Woodrow Wilson annonçait en avril 1917 la campagne de lancement des premières obligations de financement de la guerre ou « obligations de la Liberté ». Pour aider au lancement de ces obligations de guerre, un autre changement légal avait eu lieu pour permettre l’acceptation dans le bilan de la Fed de la dette gouvernementale. La section 13.8 permettait maintenant aux crédits de servir, au même titre que les effets de commerce et l’or, en tant qu’actifs de garantie pour l’émission des billets de monnaie de la Réserve Fédérale.


Ainsi, on pouvait maintenant satisfaire à l’exigence de 60% de couverture “réelle” non seulement au moyen d’effets de commerce mais aussi au moyen de papiers « virtuels » de la dette gouvernementale. La Fed n’était dès lors plus confrontée à aucune exigence de couverture et pouvait ainsi introduire la dette gouvernementale sans dans son bilan pour augmenter l’émission de papier-monnaie.


La possibilité de prêter avec comme garantie la dette gouvernementale a été renforcée par l’adoption par la Fed d’un taux d’escompte préférentiel sur tous les crédits garantis par les Obligations de la Liberté. Ce taux a été fixé à 3%, soit un pourcent en dessous du taux habituel.


Selon Fishe, [1] les banques membres pouvaient ainsi réaliser un profit sur la marge en achetant les bonds de la Liberté à 3,5% lors de la mise sur le marché des obligations du gouvernement et ensuite financer ces achats en présentant ces obligations à la Fed pour obtenir un crédit au taux préférentiel de 3%. « Si les banques membres souscrivaient aux émissions de la totalité des obligations de la Liberté par cette méthode…elles réalisaient un gain de 410 958 $ net d’impôts tous les 15 jours. » écrit Fishe.




Ces changements ont eu pour résultat immédiat un allongement massif du bilan de la Fed, fondé pratiquement uniquement par les crédits de la Fed à ses banques membres et garantis par la dette gouvernementale. Cela est facilement observable dans notre graphique ci-dessus. Le composant escomptes/avances des actifs de la Réserve Fédérale s’est rapidement accru en 1917. En 1919, les escomptes garantis par les obligations du gouvernement représentaient pratiquement 100% de tous les escomptes réalisés (comme le montre le bas du graphique). Les garanties données avant ces changements étaient avant tout des dettes privées.


Les modifications qui ont libéré la Fed de l’exigence de garanties permettaient maintenant au bilan de la Fed de fonctionner comme un « réceptacle » très efficace en faveur de l’accumulation de la dette gouvernementale. Le Trésor ne dépendait plus du bon-vouloir des individus privés et des banques pour intégrer la dette gouvernementale dans leurs bilans respectifs, il disposait maintenant du bilan de la Fed comme débouché sur lequel il pouvait compter.


«En 1920, un dollar permettait d’acheter seulement la moitié des biens qu’il permettait d’acheter en 1914 ».


De plus, en surévaluant les garanties des dettes gouvernementales par un taux d’escompte préférentiel, la Fed a créé un système d’incitation qui a encouragé le secteur privé à utiliser la Fed comme « déversoir ». Les investisseurs privés pouvaient acquérir les obligations de la Liberté, puis les soumettre à la Fed pour obtenir des crédits à taux réduits.


Le Trésor US était ravi de ce mécanisme parce que cela signifiait que les campagnes d’émission des obligations de la Liberté auraient toujours une demande significative de la part des investisseurs. La nécessité de détourner les investisseurs du secteur des obligations privées au moyen d’un gain attractif (un taux facial élevé) était évitée. Le Trésor pouvait alors narguer la concurrence en utilisant la Fed pour fournir des crédits subventionnés par un taux préférentiel.


Le résultat de toutes ces machinations a été une inflation importante variant entre 13 et 20% pendant la plus grande partie de la guerre comparé au taux de 1% d’inflation de la première année d’existence de la Fed. En 1920, le dollar avait un pouvoir d’achat inférieur de 50% à celui du dollar d’avant-guerre.


Pour résumer, en surévaluant la dette gouvernementale, la Fed a été capable d’émettre de la monnaie à un rythme plus élevé que cela n’aurait été le cas autrement. Le secteur privé, attiré par la carotte qu’était le taux d’escompte réduit, s’est tourné vers la Fed pour obtenir de la liquidité, mais le secteur n’avait pas de demande réelle à long terme pour ces dollars et a essayé de s’en débarrasser, ce qui a résulté en une chute de la valeur du dollar.


Au même moment, en surévaluant les garanties gouvernementales qu’elle attirait dans son bilan, la Fed réduisait la qualité de ses propres actifs. Les banquiers et investisseurs qui observaient de telles statistiques devenaient de plus en plus inquiets et vendaient leurs dollars en échange de bien ayant une valeur plus digne de confiance.


De cette manière, une bonne portion des coûts de la guerre étaient payés par tout un chacun détenant des dollars dont le pouvoir d’achat était à la baisse. Et en effet, Friedmann et Schwartz estiment que 5% des coûts de la guerre ont été financés par l’inflation de la Fed. [2].


En élargissant le bilan de la Fed et en lui permettant d’accepter des dettes (obligations) gouvernementales, l’Etat s’était assuré de pouvoir financer la guerre via l’inflation. Une banque centrale indépendante, telle qu’établie dans les années 1950, n’a réussi que partiellement à réduire la possibilité pour le Trésor d’utiliser la Fed pour subventionner ses guerres. Ce n’est qu’en retirant complètement le monopole sur la monnaie de la Réserve Fédérale et en introduisant un choix et une compétition entre les monnaies que ce lien funeste pourra être strictement contrôlé. 


[1] Fishe, P.H. (Aug., 1991). "The Federal Reserve Amendments of 1917: The Beginning of a Seasonal Note Issue Policy." Journal of Money, Credit, and Banking.

[2] Friedman, M., and Schwartz, A. A Monetary History of the United States, 1867–1960.


 

 


John Paul Koning

 

 

 

 

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la fed n as pas fait que financer la premiere guerre mondiale la deuxième a également été financée par les mêmes !!
a lire absolument " Des pions sur l'échiquier " le Commodore William Guy CARR (1895-1959) , de la Marine Royale Canadienne , fut longtemps membre des Services de Renseignements et se consacra à partir de 1931, sauf pendant l’interruption de la guerre, à des tournées de conférences destinées à faire connaître la «Conspiration Internationale».
livre gratuit sur ce lien
http://www.mecanopolis.org/wp-content/uploads/2010/11/Des-pions-sur-l_echiquier.pdf

l étonnante lettre de Pike à Giuseppe Mazzini du 15 août 1871 et dans laquelle Pike aurait expliqué le but des trois guerres mondiales dans des termes étonnants pour un écrit de 1871

La Première Guerre Mondiale devait permettre aux Illuminati de renverser le pouvoir des Tsars en Russie et de transformer ce pays par la mainmise du Communisme athée. Les divergences « naturelles », attisées par les Agents des Illuminati entre les Empires Britannique et Allemand devaient servir à fomenter cette guerre. Le conflit terminé, le Communisme devait se constituer et être utilisé pour détruire les autres gouvernements et affaiblir les religions.

“La Deuxième Guerre Mondiale devait être fomentée en jouant sur les divergences entre Fascistes et Sionistes Politiques. Cette guerre devait permettre la destruction du Nazisme et accroître la puissance du Sionisme Politique de façon à ce que l’Etat souverain d’Israël put s’établir en Palestine. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, la puissance du Communisme International devait arriver au niveau de celle de la Chrétienté tout entière. Arrivé à ce point, il devait être contenu et mis en réserve jusqu’à son utilisation pour le dernier cataclysme social.

“ Quelle personne informée pourrait nier que Roosevelt et Churchill ont réalisé cette politique ?

“ La Troisième Guerre mondiale doit être fomentée en utilisant les divergences que les agents des Illuminati attiseront entre les Sionistes Politiques et les dirigeants du monde musulman. La guerre doit être menée de telle manière que l’Islam (le monde Arabe y compris la religion de Mahomet) et le Sionisme Politique (y compris l’Etat d’Israël) se détruisent mutuellement. Dans le même temps, les autres nations une fois de plus divisées entre elles à ce propos, seront forcées de se combattre jusqu’à un état d’épuisement complet, physique, moral, spirituel et économique.

“ Quelle personne impartiale et raisonnable pourrait nier que les intrigues en cours au Proche, au Moyen Orient et à l’Extrême Orient ne préparent pas la réalisation de ce dessein infernal ?

“ Le 15 août 1871, Pike disait à Mazzini qu’après la Troisième Guerre Mondiale, ceux qui aspirent à dominer le monde sans conteste provoqueront le plus grand cataclysme social que le monde ait jamais connu. Nous citons ses propres termes empruntés à la lettre cataloguée au British Museum Library à Londres : ”
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Quelle sera la solution cette fois ?

Dans un document publié à la fin du mois de mai, le géant des banques d’investissement américain JPMorgan Chase réclame l’abrogation des constitutions démocratiques bourgeoises établies après la Seconde Guerre mondiale dans une série de pays européens et la mise en place de régimes autoritaires.

Le document de 16 pages a été réalisé par le groupe Europe Economic Research de JPMorgan et est intitulé « L’ajustement de la zone euro – bilan à mi-parcours. » Le document commence par faire remarquer que la crise de la zone euro a deux dimensions.

Pour commencer, il affirme que des mesures financières sont nécessaires pour garantir que les principales institutions d’investissement comme JPMorgan puissent continuer à engranger d’énormes bénéfices de leurs activités spéculatives en Europe. Ensuite, les auteurs soutiennent qu’il est nécessaire d’imposer des « réformes politiques » destinées à supprimer l’opposition aux mesures d’austérité massivement impopulaires qui sont appliquées au nom des banques.

Le rapport exprime sa satisfaction vis à vis de l’application par l’Union européenne d’un certain nombre de mécanismes financiers visant à garantir les intérêts bancaires. A cet égard, l’étude souligne que la réforme de la zone euro en est pratiquement à mi-chemin. Mais le rapport réclame aussi davantage d’action de la part de la Banque centrale européenne (BCE).

Depuis l’éruption de la crise financière mondiale de 2008, la BCE débloque des milliers de milliards d’euros en faveur des banques pour leur permettre d’effacer leurs créances douteuses et de redémarrer une nouvelle série de spéculations. En dépit d’une pression grandissante venant des marchés financiers, le chef de la BCE, Mario Draghi a déclaré l’été dernier qu’il ferait le nécessaire pour consolider les banques.

En ce qui concerne les analystes de JPMorgan, ceci n’est cependant pas suffisant. Ils exigent de la part de la BCE une « réponse plus spectaculaire » à la crise.

Les critiques les plus dures du document sont cependant formulées à l’égard des gouvernements nationaux qui ont mis bien trop de temps à appliquer le genre de mesures autoritaires nécessaires à l’imposition de l’austérité. Le processus d’une telle « réforme politique » précise l’étude, a « même à peine commencé. »

Vers la fin du document, les auteurs expliquent ce qu’ils entendent par « réforme politique. » Ils écrivent : « Au début de la crise l’on avait pensé que ces problèmes nationaux hérités du passé étaient en grande partie d’ordre économique, » mais « il est devenu manifeste qu’il y a des problèmes politiques profondément enracinés dans la périphérie qui, à notre avis, doivent être changés si l’Union monétaire européenne (UME) est censée fonctionner à long terme. »

Le document détaille ensuite les problèmes existant dans les systèmes politiques des pays de la périphérie de l’Union européenne – la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie – qui sont au centre de la crise de l’endettement en Europe.

Les auteurs écrivent : « Les systèmes politiques de la périphérie ont été établis après une dictature et ont été définis par cette expérience-là. Les constitutions ont tendance à montrer une forte influence socialiste, reflétant la force politique que les partis de gauche ont acquise après la défaite du fascisme. »

« Les systèmes politiques autour de la périphérie affichent de manière typique les caractéristiques suivantes : des dirigeants faibles ; des Etats centraux faibles par rapport aux régions ; une protection constitutionnelle des droits des travailleurs ; des systèmes recherchant le consensus et qui encouragent le clientélisme politique ; et le droit de protester si des modifications peu appréciées sont apportées au statu quo politique. Les lacunes de cet héritage politique ont été révélées par la crise. » Quelles que soient les inexactitudes historiques contenues dans leur analyse, il ne peut y avoir l’ombre d’un doute que les auteurs du rapport de JPMorgan plaident pour que les gouvernements adoptent des pouvoirs de type dictatorial afin de mener à bien le processus de contre-révolution sociale qui est déjà bien avancé à travers toute l’Europe.

En réalité, il n’y avait rien de véritablement socialiste dans les constitutions établies durant la période d’après-guerre partout en Europe. De telles constitutions visaient à garantir le régime bourgeois dans une situation où le système capitaliste et ses agents politiques avaient été totalement compromis par les crimes des régimes fascistes et dictatoriaux.

Les constitutions des Etats européens, y compris celles de l’Italie, de l’Espagne, de la Grèce et du Portugal, ont été élaborées et appliquées en collaboration avec les partis socialistes et communistes des pays respectifs et qui ont joué le rôle clé dans la démobilisation de la classe ouvrière pour permettre à la bourgeoisie de maintenir son régime.

Dans le même temps cependant les classes dirigeantes discréditées de l’Europe étaient parfaitement conscientes que la Révolution russe demeurait une inspiration pour de nombreux travailleurs. Elles se sont senties obligées de faire une série de concessions à la classe ouvrière dans le but d’empêcher une révolution – sous la forme précisément de protections sociales et constitutionnelles, dont le droit de manifester, ce que JPMorgan aimerait à présent voir aboli.

Dans une certaine mesure, les critiques de la banque à l’égard du manque d’autoritarisme des gouvernements européens sonnent creux. Partout en Europe, les gouvernements ont à maintes reprises recouru ces dernières années à des mesures d’Etat policier pour réprimer l’opposition à l’encontre de leur politique.

En France, en Espagne et en Grèce, des décrets d’urgence et l’armée ont été utilisés pour briser des grèves. La constitution adoptée en Grèce en 1975, après la chute de la dictature des colonels, n’a pas empêché le gouvernement grec de licencier en masse des fonctionnaires. Et dans un certain nombre de pays européens, les partis dirigeants sont en train d’encourager le développement de partis néofascistes tel le mouvement Aube dorée en Grèce.

Toutefois, pour JPMorgan cela ne suffit pas. Afin d’éviter une révolution sociale dans la période à venir, ses analystes préviennent qu’il est indispensable que les gouvernements capitalistes partout en Europe se préparent aussi vite que possible à mettre en place des formes de régime dictatoriales.

A la fin du document, les auteurs avancent une série de scénarios qui, selon eux, pourraient découler de l’échec des gouvernements européens à ériger des systèmes autoritaires. Ces variantes comprennent : « 1) l’effondrement de plusieurs gouvernements favorables aux réformes en Europe méridionale, 2) un effondrement du soutien à l’euro ou à l’UE, 3) une victoire électorale incontestée de partis anti-européens radicaux quelque part dans la région, ou 4) l’ingouvernabilité de fait de certains Etats membres une fois que les coûts sociaux (notamment le chômage) dépasseront un certain seuil. »

C’est la voix authentique du capital financier qui parle. Il faut rappeler que JPMorgan est profondément impliqué dans les opérations spéculatives qui ont dévasté la vie de centaines de millions de travailleurs partout dans le monde. En mars de cette année, une commission du sénat américain a rendu public un rapport de 300 pages documentant les pratiques criminelles et la fraude réalisées par JPMorgan, la plus grande banque des Etats-Unis et le plus grand agent de produits dérivés du monde. En dépit des révélations détaillées dans le rapport, aucune action ne sera prise à l’encontre du PDG de la banque, Jamie Dimon, qui jouit de la confiance personnelle du président américain.

Cette même banque se permet à présent de faire la leçon aux gouvernements. Soixante-dix ans après la prise de pouvoir par Hitler et les nazis en Allemagne, dont les conséquences furent catastrophiques pour l’Europe et le monde, JPMorgan est le premier à réclamer des mesures autoritaires pour réprimer la classe ouvrière et éradiquer ses acquis sociaux.

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