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Au bord de la paralysie

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Published : June 27th, 2011
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Il y a des jours où la brièveté s’impose : des deux côtés de l’Atlantique, il y a blocage sévère ! Aux États-Unis et en Europe, la crise des dettes publique et privée confondues ne trouve aucune solution et menace de dégénérer. Tout donne le sentiment de pouvoir basculer.


Symboles de cette double situation d’impuissance, la Fed américaine vient de conclure deux jours de réunion en avouant ne pas comprendre ce qui se passe – et en restant l’arme au pied – tandis que les chefs d’État et de gouvernement européens se réunissent ce soir en sommet, ayant prévu… de ne rien décider de tangible à propos du sauvetage financier de la Grèce, en dépit des alarmes américaine et chinoise qui les pressent.


Qualifiée d’attentisme cette véritable paralysie n’a rien de surprenant, elle témoigne de l’incapacité des autorités en charge d’opérer les mises en cause qui seules leur permettraient d’agir.


Dans ce contexte pesant, un rapport du bureau du budget du Congrès américain vient de donner un éclairage, prévoyant une explosion de la dette publique, passée de 40 % du PIB en 2008 à 70 % cette année, les projections lui faisant atteindre le chiffre de 200 % vers 2035 si rien n’est fait. On conçoit qu’empêcher cette évolution demande de prendre des décisions radicales, mais lesquelles ? Cette fois-ci, c’est bien la fin du rêve américain qui est en tout état de cause enclenchée.


Il a fallu à la Fed deux jours de réunion de son comité de politique monétaire pour décider de ne pas bouger. Prise, comme sa collègue britannique qui vient également de tenir une réunion avec le même effet, entre des signes inflationnistes et une détérioration des prévisions de croissance et du chômage. Et pour cause : ni ses injections de liquidités ni le maintien de son taux directeur au plus bas n’y font quoi que ce soit. « Nous sommes préparés à prendre des mesures supplémentaires, manifestement, si les conditions le justifient » a été le seul commentaire un tant soi peu concret de Ben Bernanke, le président de la Fed, qui a reconnu « ne pas avoir de lecture précise des raisons pour lesquelles ce rythme ralenti de croissance persiste », une manière de reconnaître que ses outils conceptuels sont aussi inopérants que ne l’est sa panoplie d’outils.


Ce n’est pas plus brillant du côté européen, si l’on un croit un nouveau cri d’alarme de Jean-Claude Trichet. Tandis que les agences de notation annoncent qu’elles vont scruter à la loupe les conditions dans lesquelles les banques pourraient participer au sauvetage financier grec, afin de conclure un défaut sur la dette au plus petit soupçon, ces dernières font entendre un silence assourdissant, après avoir réclamé de généreuses compensations. L’initiative de Vienne dont se prévalent les dirigeants politiques tend à se réduire une fois de plus à des mots.


« La plus sérieuse menace qui pèse sur la stabilité financière dans l’Union européenne vient de l’interaction entre les vulnérabilités des finances publiques de certains États membres et le système bancaire, avec des effets de contagion potentiels dans l’Union et au-delà » a déclaré Jean-Claude Trichet, au nom du Comité des risques systémiques dont il est le président. L’inquiétude pointe après les menaces, l’amenant à entrer dans le vif du sujet de la situation des banques.


Tardivement mais non sans à-propos, le régulateur européen suprême des banques, l’EBA (European Banking Authority), vient de demander aux 90 banques pour lesquelles des stress tests sont en cours de remettre leur ouvrage sur le métier et d’inclure de manière impromptue dans leurs simulations l’éventualité d’une décote de 36% sur la dette grecque.


Devant l’imminence du danger, une réunion a été improvisée avant le sommet européen, regroupant outre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, Jean-Claude Trichet, George Papandréou, Jean-claude Juncker, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso. A part réaffirmer sous une forme dramatisée de grands principes dont toute la difficulté réside dans leur mise en musique, on ne voit pas très bien ce qu’ils vont pouvoir décider.


Ils ne peuvent au mieux que boucher les trous financiers immédiats de la Grèce pour convaincre le FMI, qui se fait tirer l’oreille, de faire de même. Ils en sont là, à régler les problèmes à la petite semaine.



Billet rédigé par François Leclerc


Paul Jorion




(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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