Il y a quelques mois, l’opposition publique d’un certain nombre de sites internet importants a forcé le Congrès américain à retirer son vote en faveur des deux lois connues à Washington sous le nom de SOPA et de PIPA. Ces deux lois menaçaient sites internet et moteurs de recherche d’être fermés par le Département de la Justice si ces derniers manquaient à se montrer coopératifs dans le cadre de la ‘guerre contre le terrorisme’, ou s’ils se voyaient accusés de violation de droits d’auteurs. Fort heureusement, le public Américain a inondé Washington de coups de téléphones, forçant ainsi le Congrès à abandonner les deux projets.
Nous ne devrions cependant jamais cesser de sous-estimer le désir insatiable du gouvernement de contrôler le monde de l’internet. Etatistes de toutes nationalités et de tous bords politiques éprouvent une forte haine à l’égard de la libre-circulation de l’information, des idées et des biens rendue possible par l’internet. Ils ne trouvent pas juste que les gens ordinaires puissent librement communiquer et commercer d’un bout du monde à l’autre sans d’abord leur demander leur avis. Ils essaient donc sans cesse de prendre le contrôle de l’internet, sous prétexte de combattre le terrorisme et de protéger les droits d’auteur.
Le dernier assaut à avoir été porté à la liberté de l’internet, et qui devrait être pris en considération par le Congrès, porte le nom de ‘Cyber Intelligence Sharing and Protection Act’, ou CISPA. CISPA est essentiellement une loi en faveur de l’enregistrement internet qui permettrait au gouvernement fédéral ainsi qu’aux sociétés privées d’avoir accès à vos conversations en ligne sans avoir à demander d’autorisation judiciaire préalable – le tout bien entendu en le nom de ce qu’ils appellent la ‘cybersécurité’. Ce projet de loi est rédigé de manière très vague, ce qui le rend très étendu. Il autorise le Département de la Défense Nationale à obtenir diverses informations contenues dans vos emails ou vos conversations en ligne, et permet également à ce que ces emails et informations privées échangés sur la toile soient utilisés à des fins allant bien au-delà de la guerre contre le terrorisme.
CISPA représente une forme alarmante de corporatisme, dans la mesure où elle lie le gouvernement à des sociétés telles que Google et Facebook. Elle permet aux sociétés internet de livrer vos informations confidentielles aux officiels du gouvernement sans utiliser de mandat, contournant ainsi les lois fédérales que sont le Wiretrap Act et l’Electronic Communications Privacy Act. CISPA permet également aux sociétés de livrer ces informations sans risquer de poursuite judiciaire de votre part, vous laissant impuissant face à leur intrusion dans votre vie privée. Pour dire les choses simplement, CISPA encourage les plus importantes des sociétés internet à agir en tant qu’espionnes du gouvernement ; développe la méfiance des gens envers les réseaux sociaux ; et rend toute forme de communication électronique plus terrifiante que jamais dans ce secteur économique sur lequel règnent encore les Etats-Unis.
Les partisans du projet de loi CISPA sont peut-être bien intentionnés, il n’en est pas moins qu’ils transforment les Etats Unis en un état policé plutôt qu’en une république constitutionnelle et libre. Imaginez-vous que les employés de Facebook aient d’abord à être approuvés par le gouvernement pour ensuite lui servir d’informateurs au sujet de leurs clients Américains. Si vous soutenez le respect de la vie privée et les marchés libres, vous devriez vous inquiéter de cet éventuel mariage entre l’intelligence du gouvernement et des sociétés privées à but lucratif. CISPA n’est autre que la légalisation de Big Brother, forçant les industries privées à espionner les citoyens.
Nous ne pouvons qu’espérer que le public accueillera CISPA de la même manière qu’il a accueilli SOPA en janvier dernier.