Compétitivité Globale et Avenir, 1ère Partie

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Published : April 02nd, 2012
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Category : History of Gold

 

 

 

 

Dans un article paru en 1994, Paul Krugman souligne l’utilisation erronée qu’on fait de l’expression « compétitivité nationale ». Selon Krugman, les pays ne se trouvent pas nécessairement en concurrence l’un avec l’autre pour des marchés ou des investissements. Malgré les critiques qu’on peut faire à Krugman, il faut admettre la justesse de son argument.


Attirer des investissements dans un pays n’équivaut pas à les enlever au pays dont ils sont originaires, car les investisseurs étrangers ciblent justement  des opportunités d’investissement inexistantes ou inexploitables dans leur propre pays. En outre, ces investissements étrangers visent souvent l’exportation vers d’autres pays que leur pays d’origine. De surcroît, la réussite sur un marché étranger oblige les  producteurs nationaux à s’améliorer, ce qui sera bénéfique, à terme, aux marchés étrangers en question. Les producteurs inefficients – c’est-à-dire, ceux qui pour un même résultat utilise plus de ressources que d’autres producteurs – sont écartés par la concurrence. Cela entraîne la libération des ressources productives pour leur investissement dans d’autres entreprises nationales avec un potentiel de rentabilité et flexibilité plus performants.


Autrement dit, plutôt que de parler de compétitivité, il faudrait sans doute voir le processus de coopération qui s’opère. Les pays qui ont accumulé du capital et exploité bon nombre des opportunités existantes à un moment donné sur leur territoire, cherchent de nouvelles opportunités ailleurs. Les pays en manque de capital, mais avec un fort potentiel de développement, essayent de leur côté d’attirer ce capital.


D’un autre côté, les pays producteurs dont la demande nationale est insuffisante pour absorber toute leur production chercheront à placer leurs excédents dans des pays où l’offre est insuffisante, inexistante, ou inefficiente pour satisfaire la demande locale. Ainsi plutôt que de se focaliser uniquement sur la compétitivité nationale, on devrait aussi voir l’attractivité d’un pays pour les investissements étrangers et nationaux, ainsi que son insertion potentielle dans les marchés étrangers.


Les gens ont malheureusement tendance à penser que la compétitivité est question de moyens de production relativement simples, comme le travail ou les matières premières. Les cas de la Chine et de l’Inde viennent alors à l’esprit avec leurs masses de travailleurs à bon marché.


Néanmoins, si l’on pousse cette logique jusqu’au bout, plusieurs pays Africains, Asiatiques et Sud-Américains devraient être très compétitifs par rapport à la Chine ou l’Inde. Et pourtant, quand on analyse le Global Competitiveness Report 2011-2012 élaboré par le Centre for Global Competitiveness and Performance du Forum Économique Mondial, on trouve que la Chine – en 26ème position dans le classement en termes de compétitivité – est dépassée par des pays développés aux coûts de production notoirement plus élevés. L’Inde ne fait pas mieux avec sa 56ème place dans le classement, derrière des pays comme l’Italie (43ème) ou le Brésil (53ème).


Effectivement, un survol de ce rapport pourrait provoquer des migraines au néophyte économique. Le Top 10 de la compétitivité inclut uniquement des pays riches – par exemple, la Suisse (1er), la Suède (3ème), ou le Danemark (8ème) – avec des coûts de production élevés par rapport aux pays émergents ou autres pays en voie de développement.


Cependant, tous les pays du Top 10 offrent des législations du travail et de la production beaucoup plus flexibles que leurs voisins, riches mais moins performants comme la France (18ème), l’Autriche (19ème) et l’Espagne (36ème). Toutefois, d’autres pays connus pour leurs réglementations souples en matière de production présentent néanmoins des résultats médiocres comme le Costa Rica (61ème), les Philippines (75ème) ou le Paraguay (122ème).


Ce casse-tête est facile à résoudre. Un pays peut avoir des avantages comparatifs en termes d’abondance de matières premières et de travail, une politique industrielle ouverte et peu interventionniste, ainsi qu’une législation du travail flexible et, toutefois, être très peu compétitif. En effet, les investisseurs et partenaires commerciaux d’un pays ne s’intéressent pas seulement à la rentabilité qu’ils peuvent y dégager. Ils les évaluent en fonction du contexte, notamment  institutionnel du pays.


Rentabiliser un investissement ou établir des échanges commerciaux est probablement l’objectif principal de l’investisseur global. Néanmoins, il est aussi important de s’assurer que tout investissement ou échange commercial s’opère dans un cadre stable et protégé de toute expropriation privée comme publique. Parfois, les avantages comparatifs institutionnels sont largement suffisants pour compenser de faibles rentabilités et amplifier la compétitivité d’un pays. Ce qui est assez clair lorsqu’on analyse les statistiques officielles – disponibles dans le rapport mentionné ci-dessous – des pays scandinaves.


Cette série d’articles a l’objectif de montrer au lecteur que les avantages comparatifs d’un pays, et donc les sources de sa compétitivité, ne se limitent pas uniquement aux coûts de production. Le concept englobe l’ensemble des facteurs disponibles et des institutions en place. La combinaison de ces éléments augmente ou réduit les coûts d’opportunités du pays en question.


Dans les prochains articles, nous verrons que les plans d’austérité européens visent à rétablir la compétitivité par des gains compétitifs en termes d’exportation et sacrifient ce faisant la compétitivité interne du pays. Si les pays européens comme la France ne sont pas irrémédiablement destinés à devenir des musées pour touristes, il est vrai que si les institutions n’y évoluent pas, c’est bien ce qui pourrait arriver à bon nombre d’entre eux. .


À suivre : l’austérité et la compétitivité limitée.


 

 

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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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