Dépolitiser le mariage

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Published : November 19th, 2012
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Category : Fundamental

 

 

 

 

Y a-t-il un droit au « mariage pour tous » ? Telle est la question qui sera prochainement discutée au Parlement. En effet, un projet de loi « ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe » a été présenté mercredi 7 novembre en conseil des ministres. Les couples homosexuels pourront aussi, en leur qualité d'époux et parce que le mariage est indissociable de la filiation, adopter un enfant. L’État a-t-il compétence pour redéfinir le mariage ? L’État doit-il protéger la famille traditionnelle ? Le mariage doit-il être politisé ?


On pourrait tout d’abord appliquer au mariage l’analyse hayekienne des institutions. Selon Hayek, les traditions morales et culturelles spontanées sont des institutions fondamentales qui ont survécu à travers les siècles. Du fait qu’elles ont survécu, elles doivent très probablement avoir une importante fonction sociale, de sorte que nous devons éviter de les manipuler, surtout si nous ne savons pas toujours précisément quelle est leur fonction. Les modifications apportées à ces institutions ne sont pas absolument exclues, mais elles doivent toujours être effectuées avec prudence, à titre provisoire et de manière parcellaire. En tout cas, le fardeau de la preuve en revient toujours aux innovateurs et non aux conservateurs de la tradition. Certains changements peuvent en effet se révéler bénéfiques, permettant à la société dans laquelle elles ont lieu de s’épanouir et de surpasser ses concurrents, mais d’autres pourraient bien s’avérer dangereuses et inefficaces, de sorte que la société qui abandonne ses traditions peut, dans le pire des cas, se dissoudre ou s’effondrer.


Partant de là, il serait tentant de penser que, le mariage étant un contrat de droit naturel pré-politique, l’État doit simplement le reconnaître et le protéger, comme l’ensemble des droits fondamentaux. Beaucoup de conservateurs s’en tiennent là et voient dans l’État leur meilleur allié. À ceux-là je réponds que c’est un leurre. Car l’État devenu État-providence est aujourd’hui le plus grand fossoyeur du mariage. Ainsi par exemple, la légalisation du divorce sans faute, autorisant une partie à abroger le contrat de mariage sans pénalité et sans considération pour l’autre partie, a complètement détruit l’idée de contrat de mariage. Pire, il a sapé depuis bien plus longtemps encore deux autres éléments constitutifs de la famille : l’autorité des parents et la propriété privée.


L’autorité des parents s’exerce par l’éducation. La production des attitudes morales et des comportements vertueux provient de la famille. C’est en son sein que les enfants apprennent à réfléchir de façon critique, à exercer leur liberté et leur responsabilité. De façon plus générale, la famille est une organisation économique beaucoup moins coûteuse que les services publics.


Or L’État-providence, la nouvelle religion civile du monde moderne, est une institution collectiviste monopolistique qui exclut par principe toute concurrence. Ainsi, au nom du bien, il exige de ses citoyens une pensée conformiste et parfaitement normalisée. Pour ce faire il a mis en place un monopole de l’éducation, s’assurant que les professeurs n’enseignent que les programmes dictés par la loi. Pour ne rien laisser passer, il a mis aussi en place des garderies subventionnées, retirant les plus jeunes enfants à la garde de leur mère. En pratique, le droit fondamental des parents d’éduquer leurs enfants, selon leurs propres convictions, n’existe plus car le lavage des cerveaux, qui commence au berceau, est permanent.


 L’État ne protège pas la famille, il en est le véritable fossoyeur.


Tout cela ne serait pas si grave si le droit de propriété protégeait encore les familles contre les empiètements du pouvoir. Mais c’est précisément pour limiter au maximum ce droit de propriété que l’État-providence a mis en place une fiscalité confiscatoire. L’épargne est taxée, quand elle n’est pas insidieusement et volontairement détruite par l’inflation. Quant au patrimoine, il est rendu quasiment intransmissible aux enfants. Or sans héritage, les enfants ne peuvent pas prendre soin de leurs parents correctement. Ainsi, c’est toute la solidarité entre les générations qui est disloquée. Isolées, désunies, appauvries de toutes les façons possibles, les familles ne peuvent que tout attendre de l’assistance de l’État et des services publics.


C’est pourquoi, la défense du mariage traditionnel doit se faire désormais par les institutions sociales ou la société civile (églises, associations) et non plus par la contrainte de la loi. Quand la loi prétend établir tel ou tel modèle de vie, il en résulte une lutte entre des factions qui veulent se l’approprier pour leur propre compte. Il en fut ainsi quand la loi établissait le christianisme comme religion d’État. On a vu le résultat : la lutte des anticléricaux pour s’emparer du pouvoir et faire des lois antireligieuses.


Il se passe la même chose aujourd’hui pour la famille. La loi défendait la famille traditionnelle. Résultat : des groupes de pression s’en emparent pour établir des lois anti-famille. Ceci n’est pas pour conclure que tous les modes de vie se valent et qu’il n’existe pas de normes objectives. Ainsi, tout en étant convaincu que la norme hétérosexuelle est et doit être une norme dominante pour des raisons tant biologiques que psychologiques, il serait erroné de penser qu’elle doit être imposée par la loi. D’ailleurs, si les modèles de vie sont en concurrence, il est possible d’affirmer que, l’homme étant doué d’un principe naturel de jugement, les modèles les plus viables, les moins coûteux humainement et économiquement, en un mot : les plus sains, attireront davantage que les autres.


Entre ceux qui voudraient redéfinir le mariage par la contrainte de la loi et ceux qui espèrent de la loi qu’elle protégera le mariage traditionnel, il y a donc place pour une autre option, qui reste à explorer, celle de la privatisation du mariage civil et de la dépénalisation du mariage religieux. En effet, selon le code civil : « Tout ministre d'un culte qui procédera, de manière habituelle, aux cérémonies religieuses de mariage sans que ne lui ait été justifié l'acte de mariage préalablement reçu par les officiers de l'état civil sera puni de six mois d'emprisonnement et de 7500 euros d'amende ». Une peine doit être appliquée quand il y a un agresseur et une victime. Dans le cas du mariage religieux, où est l’agresseur est où est la victime ? Le rôle de la loi est de veiller à la sûreté des personnes et des biens, en particulier des plus fragiles. Mais elle n’a pas à s’immiscer dans les choix privés des individus pour les réglementer.

 

 

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Damien Theillier est professeur de philosophie en terminale et en classes préparatoires à Paris. Il est l’auteur de Culture générale (Editions Pearson, 2009), d'un cours de philosophie en ligne (http://cours-de-philosophie.fr), il préside l’Institut Coppet (www.institutcoppet.org).
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Bah...les chiens aboyent, la caravane passe.

Lev 18:22 : Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination.
Lev 20:13 : Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable; ils seront punis de mort: leur sang retombera sur eux.
Rom 1:26 : C'est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes: car leurs femmes ont changé l'usage naturel en celui qui est contre nature.
Rom 1:27 : et de même les hommes, abandonnant l'usage naturel de la femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement.

vous pouvez 100x valider ce comportemental, ça ne changera rien aux lois
fondamentales de notre monde. c'est comme avec les marchés: plus on oppose le cours
correct d'une matière, plus la réaction sera forte. l'entêtement infantile n'y changera rien.

l'Etat grand fossoyeur de la famille n'a aucun droit de monopoliser quoi que ce soit en matière familiale le code civil est clair dit code napoléon mais plutôt code regnault a 80%;l'éducation est faite pour les enfants mais non pour les profs;avec en plus les garderies subventionnées AIE AIE AIE!!! aura t'on demain des enfants libres ou des moutons de panurge qui iront tous mettre le même bulletin dans l'urne.
Il serait simple de reconnaître civilement les unions religieuses, et d'instituer une union civile avec ses propres règles pour ceux qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas une union religieuse.
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Déjà, quelque chose m'a toujours choqué dans le mariage civile: c'est le fait qu'il s'agit d'abord et avant tout d'une formalité d'enregistrement à laquelle l’État ne peut servir que de bureau attestant de la volonté des deux époux sans qu'il ait son mot à dire. Lorsque, hélas en cas de divorce, il devrait en être de même (sauf conflit) à savoir une déclaration manuscrite de séparation dûment enregistrée, sans juge parasite.
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