Les révélations de Bloomberg sur le scandale du Libor sont à proprement parler stupéfiantes.
Voici un email au sujet de la fixation du taux sur trois mois envoyé par un trader de Barclays au banquier de Londres responsable de la soumission des taux : ‘Hey. On vient d’acquérir une grosse position de trois millions sur le LIBOR pour ces trois prochains jours. Ce serait possible de pouvoir maintenir le taux à 5,39 pour quelques jours ? Ca nous aiderait beaucoup. On ne veut pas qu’il dépasse cette limite. Merci beaucoup’.
Les banquiers responsables de la soumission de taux ont répondu à cette demande comme s’il s’agissait d’une simple routine : ‘Tout ce que tu voudras’, ou encore ‘C’est fait, mon grand’, selon les publications de Bloomberg. Il semblerait également que les services rendus aient été grandement acceptés : ‘Je te dois gros !’, ‘Passe un jour après le boulot, j’ouvrirai une bouteille de Bollinger’…
Les traders de Barclays se sont également coordonnés avec des contreparties d’autres banques. Par messagerie instantanée, un trader Barclays a envoyé ceci à un trader d’une autre banque : ‘Si tu sais garder un secret, je t’en dirai plus par la suite. On va tirer le cash vers le bas… Gardes ça pour toi, ou rien ne marchera’.
Le LIBOR, surveillé par la British Bankers Association, opère aujourd’hui de la même manière que dans les années 1980. Même après que les médias aient fait paraître des preuves de sa manipulation en 2008, le lobby bancaire n’a quasiment rien mis en place pour améliorer la véracité de ses chiffres. La meilleure des solutions, comme l’a déclaré Bloomberg View, est de mettre fin au LIBOR et de mettre en place un point de référence déterminé en fonction des données réelles de prêts, plutôt que de s’attendre à ce que les banques disent la vérité quant à leurs coûts d’emprunts.
La réelle tragédie de ce scandale est l’apparent manque d’éthique des personnes impliquées. Après la perte de plusieurs milliards de dollars par les traders de JP Morgan Chase and Co à Londres, ce nouveau scandale vient nous apporter une nouvelle preuve que l’industrie bancaire est incapable de s’autoréguler et que nous ne pouvons lui faire confiance.
Encore une fois, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer à la vue de ce qu’est devenu notre système financier.