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L’avenir incertain des constructeurs automobiles français

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Jean de Selzac
Published : January 22nd, 2013
652 words - Reading time : 1 - 2 minutes
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La France est le pays où tout est possible. Non pas en matière de libre entreprise, mais en matière de subvention. Aussi n’est-il pas rare de voir des responsables de grandes entreprises françaises réclamer leur part d’argent public et sommer le gouvernement de faire quelque chose pour eux afin de protéger leur marché, vendre leur produit, booster leur bénéfice. L’industrie automobile en est un exemple.


Ainsi, le 12 juin 2012, Carlos Tavares, numéro 2 de Renault, s’est plaint de ne plus avoir d’aides du gouvernement. Et avec un aplomb à peine croyable pour un homme du secteur privé, il a déclaré : « Ce que j'appellerais de mes vœux, c'est qu'on soutienne le marché français et européen ». En langage clair et précis, « soutenir le marché » signifie que le gouvernement français donne de l’argent public pour aider les constructeurs automobiles à vendre leur voiture.


D’ailleurs, il faut dire que le gouvernement français a été généreux ces dernières années en mettant en place deux subventions : la prime à la casse et le bonus-malus écologique. L’État a déboursé pour le premier 1 milliard d’euros entre 2009 et 2010, et pour le second 1,2 milliard entre 2008 et 2011. Ce sont au total 2,2 milliards de subventions qui ont été injectées dans le marché de l’automobile.  Tout cela aux frais des contribuables français qui se retrouvaient à financer les voitures de tout le monde sans s’en rendre compte. Voilà une réalité rarement rappelée et pourtant tellement basique : chaque prime, chaque bonus, chaque aide provenant de l’État est une dépense publique effectuée avec l’argent des français.


Les effets de ces aides sont-ils durables sur le marché ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis la fin de la prime à la casse le marché s’effondre. Et le bonus-malus écologique n’est pas aussi incitatif que la prime à la casse auprès des clients potentiels. Dans son ensemble le marché de l’automobile en France a connu une baisse des ventes de 13,3%, sachant que les ventes des groupes français PSA Peugeot Citroën et Renault ont chuté de 18% tandis que les groupes étrangers reculaient de 6,9%. Ajoutons à cela que 15 000 emplois de l’industrie automobile disparaissent, 8 000 chez PSA Peugeot-Citroën et 7 500 chez Renault.


C’est un vrai sujet d’inquiétude pour les constructeurs français d’autant plus qu’ils se trouvent pris maintenant dans un étau. D’un côté il y a les Big Three - GM, Chrysler et Ford – qui reprennent des couleurs sur un marché américain qui renoue avec la croissance : de 10,4 millions de voitures en 2009, la production est passée à 15 millions en 2012. De l’autre côté, il y a la Chine qui devient le premier marché mondial automobile avec une prévision de 20 millions de voitures produites pour 2013 et surtout des constructeurs chinois qui partent à la conquête de marchés internationaux : la présence du Guangzhou Automobile Group au salon de Detroit qui vient d’ouvrir ses portes est plus que symbolique.


Devant un marché en mutation, le retour de constructeurs qui se sont adaptés et l’entrée en scène de nouveaux acteurs, il est nécessaire d’avoir un vrai avantage compétitif pour conserver ses parts de marché et en conquérir d’autres. Malheureusement, en créant un marché soutenu artificiellement par des primes, l’État n’a pas permis aux entreprises automobiles françaises de se restructurer aussi profondément qu’elles auraient pu le faire si elles avaient été confrontées à une vraie logique de marché. En d’autres termes, PSA et Renault n’ont pas bénéficié de la « destruction créatrice » résultant des périodes de crise. Certes une partie de leur activité et de leur production aurait peut-être disparu, mais en même temps ces constructeurs se seraient adaptés aux réalités du marché et auraient innové pour avoir un véritable avantage compétitif. Mais voilà, malgré les apparences, subvention ne rime pas avec innovation. Et l’État, en voulant protéger son industrie automobile, l’a peut-être tout simplement condamnée.

 

 

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