L’étalon or inaltéré

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From the Archives : Originally published June 19th, 2013
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Mon utilisation du terme ‘inaltéré’ n’est pas accidentelle. Il a jusqu’à présent existé une multitude d’étalons or, dont ceux que nous connaissons aujourd’hui sous le nom d’étalon or classique, étalon or lingot, ou encore étalon de change-or. Chacun d’entre eux a ses défauts. Tous sont des étalons or altérés.


Pour vous donner un exemple, par le Coinage Act de 1792, le gouvernement des Etats-Unis a demandé à ce que le prix de tout produit soit fixé en fonction d’un autre produit. Ce mécanisme est expliqué dans la section 11 de cet acte de loi :


¹


Il est évident que les gens ne sont pas insensibles à de telles distorsions. Lorsque le gouvernement fixe le prix d’un produit trop bas, les gens se mettent à l'accumuler ou l'exporter. Au contraire, si le prix d’un produit est trop élevé, ils en inondent le marché.


Voici ce qu’en dit Craig K. Elwell dans son 2011 Congressional Research Service Report :


‘Parce que les marchés globaux les évaluent (l’or et l’argent) à un ratio de 15/1, une majorité de l’or a quitté le pays et l’argent est de facto devenu l’étalon dominant’. ²


En conséquence, le gouvernement des Etats-Unis a changé d’attitude :


‘En 1834, le contenu en or du dollar a été réduit pour faire passer le ratio à 16/1. En conséquence, l’argent a quitté le pays, et l’or est devenu l’étalon dominant’.


Si la loi dicte le ratio or/argent, alors seul un des deux métaux – celui qui est sous-évalué – est utilisé. Il s’avèrerait extrêmement difficile pour le gouvernement de fixer un ratio parfait. Et même s’il y parvenait, aussitôt que la valeur marché changerait, ce ratio deviendrait erroné, et seul un métal finirait par circuler.


Le gouvernement ne devrait pas tenter de forcer un prix sur le marché. Dans le cas de l’étalon or inaltéré, le marché est autorisé à fixer le prix de l’argent, du cuivre, du pétrole, du blé, d’un costume en laine fine, et ainsi de suite. Il permet aux gens d’utiliser l’or comme monnaie, voire même des coquillages s’ils le désirent (le marché n’a tout au long de l’histoire moderne jamais choisi les coquillages).


Au cours du XIXe siècle, de nombreuses lois ont été mises en place dans l’objectif d’imposer de nouvelles restrictions aux banques. L’une des restrictions les plus populaires a été de demander aux banques d’acheter des obligations au gouvernement afin d’obtenir leur charte (qui n’est autre que leur permission d’opérer en tant que banque).


C’est là une idée pernicieuse. Les banques ont besoin d’actifs productifs pour égaler les obligations liées aux comptes de dépôt. Pourquoi ne pas les obliger à acheter des obligations gouvernementales en échange du droit d’opérer ? Parce qu’il ne s’agit de rien de plus que de chantage. Dans un pays libre, personne ne devrait à demander la permission d’exercer une activité, ni être forcé de faire quelque chose en l’échange de cette permission.


Cette politique a deux effets économiques distincts. Premièrement, elle pousse le prix des obligations gouvernementales au-delà de ce qu’il devrait être, ce qui signifie qu’elle diminue le taux d’intérêt. Cette distorsion se répercute au travers de l’ensemble de l’économie.


Deuxièmement, elle expose les banques agréées par l’Etat à l’irresponsabilité fiscale du capitole. Et bien entendu, le capitole est encouragé à emprunter et à dépenser par cette politique perverse, parce qu’il sait qu’il existera toujours un marché pour ses obligations. Jusqu’à ce qu’il fasse défaut, bien évidemment. Et lorsqu’il le fera, les banques agréées deviendront insolvables. Il ne s’agit en rien d’un échec de l’étalon or ou du marché libre. Il s’agit d’un échec lié au déficit, aux politiques de dépense et à la planification centrale.


Cela nous mène à un autre problème. Les banques recueillent des dépôts, principalement des dépôts à vue, et achètent des obligations, notamment des obligations à long terme. Cela s’appelle ‘emprunter à découvert pour prêter à couvert’, et c’est une pratique dangereuse parce que si leurs déposants demandent à récupérer leur or ou leur argent, les banques peuvent se retrouver avec rien de plus que leurs obligations non-liquides. Les déposants ne veulent bien entendu pas d’obligations gouvernementales, et les banques peuvent être forcées de faire défaut si des retraits massifs s’ensuivent.


Cette pratique est aussi appelée ‘durée de non-appariement’, et finit tôt ou tard par échouer. La raison à cela, c’est que le déposant, qui est l’émetteur ultime du crédit, signale à sa banque qu’il désire simplement étendre son crédit pour une courte durée. Mais sa banque, elle, a étendu son crédit sur le long terme. Ce n’est pas à elle de prendre cette décision, et en ne respectant pas la volonté de son déposant, elle se rend elle-même vulnérable à une panique bancaire. ³


En 1864, le National Banking Act vint imposer une taxe de 10% sur les billets de banque émis par les banques d’Etat. Il est inutile de préciser que les banques agréées par l’Etat ont répondu à cette menace. Il existait 1466 banques agréées en 1863. Cinq ans plus tard, 83% d’entre elles avaient fait faillite ou avaient reçu une charte faisant d’elles des banques nationales. ⁴


L’une des provisions de cette loi était l’obligation pour les banques nationales de détenir des obligations gouvernementales afin de pouvoir émettre des billets de banques standardisés à l’échelle nationale et d’autres types d’obligations. ⁵ L’une des raisons à cela était que le gouvernement était très impatient de pouvoir financer la guerre civile (1861-65). Quelques années plus tard, alors que le gouvernement eut à rembourser sa dette, les banques se retrouvèrent en difficulté, ce qui entraîna une déflation et une panique bancaire.


Le problème n’a fait qu’être exacerbé lorsque le gouvernement repris la frappe de pièces. ‘Le Crime de 1873’ ⁶ est le nom qui a été donné par beaucoup au Coinage Act de 1873, qui démonétisa l’argent. Il ne s’agissait de rien de plus que d’un transfert massif de capital depuis les plus petits épargnants tels que les fermiers qui gardaient leur argent chez eux vers les demeures des plus riches qui conservaient leur or auprès de leur banque.


Ces problèmes se sont développés sous l’étalon or classique. Avant même le Federal Reserve Act de 1913, nous avons pu assister aux altérations suivantes :


  1. Un ratio or/argent fixe sous un étalon bimétallique. En conséquence, l’or, puis plus tard l’argent, ont quitté les Etats-Unis.


  1. Des lois permettant aux banques d’entrer en activité. Les gouvernements dépensiers, qui avaient besoin d’un marché pour leurs obligations, ont forcé les banques à acheter leurs obligations en échange d’une charte qui leur permettait d’opérer. Ainsi, les banques se sont retrouvées exposées à la banqueroute lorsque ces obligations ont fait l’objet de défaut, et un autre problème s’est développé lorsque la taille du secteur bancaire s’est retrouvée restreinte par la valeur de l’encours des obligations gouvernementales.


  1. Démonétiser un métal entraîne un transfert du capital depuis une classe d’épargnants vers une autre.


  1. La durée de non-appariement est à l’origine des cycles économiques. La croissance apparaît suite à l’expansion du crédit qui se fait au-delà de l’intention des épargnants. La récession commence lorsque les autres déposants réalisent que la banque ne possède ni monnaie ni actif de court terme. La banque ne détient rien de plus que des obligations de long terme et ne peut pas rembourser ses déposants. Une panique se développe, qui laisse la banque en banqueroute. Finalement, une dépression apparaît.


Dans ma deuxième partie, j’aborderai l’étalon or physique et l’étalon de change-or…


¹http://nesara.org/files/coinage_act_1792.pdf, accessed Oct 2012
²http://www.fas.org/sgp/crs/misc/R41887.pdf, accessed Oct 2012
³http://keithweiner.posterous.com/duration-mismatch-necessarily-fails
http://en.wikipedia.org/wiki/National_Bank_Act
http://www.let.rug.nl/usa/essays/general/a-brief-history-of-central-banking/national-banking-acts-of-1863-and-1864.php
http://en.wikipedia.org/wiki/Coinage_Act_of_1873



 

 

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Keith Weiner est un entrepreneur dans les nouvelles technologies et président du Gold Standard Institute. Il s’est spécialisé dans l’analyse des métaux précieux et travaille à la promotion d’un retour à un véritable étalon or.
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Ce n'est pas comme le cours .
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C'est clair. Ce sont toujours les états qui sont à l'origine des crises.
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Pour éviter les crises monétaires, le mieux est encore de ne pas commencer une politique monétaire.
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