In the same category

L’exubérance de Trump ne durera pas

IMG Auteur
Published : December 30th, 2016
976 words - Reading time : 2 - 3 minutes
( 15 votes, 4.5/5 ) , 7 commentaries
Print article
  Article Comments Comment this article Rating All Articles  
[titre article pour referencement]
0
Send
7
comment
Our Newsletter...
Category : Editorials

« Les marchés se sont remis du référendum sur le Brexit en quelques jours. Ils se sont remis de l’élection de Donald Trump en une seule journée. Ils ont oublié le référendum italien en quelques heures. Je ne serais pas surpris s’ils ignoraient complètement une invasion de la planète Terre par des extra-terrestres. »

— Albert Edwards, Société Générale

A cette époque de l’année, seuls les cœurs les plus durs manquent de faire preuve de bienveillance à l’égard de leurs semblables. Ceci étant dit, la lune de miel dont a profité Donald Trump depuis son élection pourrait prendre fin plus tôt que prévu, Mme Yellen semblant désormais prête à répondre favorablement aux attentes d’une hausse des taux d’intérêt. Même une hausse modeste des taux suffirait à esquinter les rachats d’actions qui alimentent le marché haussier depuis huit ans, et que de nombreux observateurs autrefois sains d’esprit considèrent désormais être une caractéristique permanente de la condition humaine. Le marché des obligations, qui semble durer depuis une éternité, commence lui-aussi à piquer du nez.

Son égo éléphantesque aura mené notre pauvre Trump par le museau jusqu’à un assommoir qui lui sera fatal. Les trumpublicains qui ont voté pour lui s’attendaient à un nouveau miracle à la Morning in America. Nous sommes déjà passés par là. C’était la bonne époque. Mais aujourd’hui, c’est différent. Les conditions ne sont plus les mêmes qu’en 1981. Pour commencer, une décennie après le pic historique de production pétrolière de 1970, les champs de pétrole du versant nord de l’Alaska, de la mer du Nord et de la Sibérie entraient en pleine production.

Le boom pétrolier de l’Alaska n’est pas parvenu à ramener la production jusqu’à son niveau de 1970, mais a pu réduire l’influence de l’OPEP et rediriger le prix du baril vers des niveaux plus tolérables pour une économie industrielle. Le reste du miracle Reagan a été accompli par la dette. La même chose peut-être dite de Mme Thatcher au Royaume-Uni. Elle n’était pas une magicienne économique, simplement la bénéficiaire d’une brève aubaine pétrolière qui a fait du Royaume-Uni un exportateur net d’énergie deux décennies durant, et a pu fournir une illusion de prospérité permanente et une couverture pour la financiarisation de l’économie. Mais maintenant que les réserves de la mer du Nord s’épuisent, il ne reste plus de la nécromancie bancaire que Threadneedle Street.

Reagan a fait son arrivée alors que le directeur de la Réserve fédérale de l’époque, Paul Volker, menait une guerre ouverte contre l’inflation. Les taux d’intérêt des obligations américaines à dix ans ont atteint 15% en septembre 1981. Imaginez verser 18% d’intérêts sur votre prêt immobilier! C’était loin d’être une bonne idée… c’était même une idée désastreuse – mais pour notre cher Ronnie, cela ne signifiait qu’une chose : les taux d’intérêt ne pouvaient plus que baisser. Et parce que les prix des obligations ont une corrélation inverse avec les taux, ils ne pouvaient quant-à-eux que grimper, ce qu’ils ont fait pendant une trentaine d’années, jusqu’il y a très récemment. Sur toute la période, le marché global des obligations n’en a jamais eu assez… jusqu’à aujourd’hui. La Chine et l’Arabie Saoudite commencent désormais à régurgiter leurs réserves de bons du Trésor américain.

Quand Reagan est arrivé au pouvoir, la dette nationale n’était que (!) d’un-demi trillion de dollars. Elle sera de plus de 20 trillions de dollars quand Trump suspendra son logo doré au portique de la Maison blanche. Un trillion de dollars, c’est mille milliards de dollars ; et un milliard de dollars représente mille millions de dollars. C’est juste un petit rappel. Reagan pouvait largement se permettre des manigances financières. Mais ce ne sera pas le cas de Trump. Bush numéro un, Clinton, Bush deux et Obama ont creusé le piège dans lequel les élections l’ont poussé. Il se croit au sommet de sa tour enchantée. Mais en réalité, il est coincé au fond d’un trou.

Trump croit encore qu’il pourra reconstruire les autoroutes et les ponts des Etats-Unis pour donner vie à un nouveau siècle d’automobilisme – pour refaire des Etats-Unis ce qu’ils étaient en 1962, et ce pour toujours. N’en rêvez pas trop. Le marché des obligations menace de s’effondrer à l’heure même où j’écris ces lignes, et les experts monétaires sélectionnés par Trump (les employés de Goldman Sachs qu’il a rassemblés sous son aile) parlent tous d’émettre des obligations à cent ans pour financer la grande reconstruction de l’Amérique. Leurs narines ont peut-être été prises par le coup de froid de Medellin.

Et croyez-moi, ils n’y parviendront pas en faisant grimper les impôts. Ceux de qui ? Des entreprises ? Laissez-moi rire. Des un pourcent ? Mais bien sûr. De tous les autres ? Ils n’hésiteront pas à brandir torches et fourches.

Les sociétés pétrolières américaines ne peuvent plus vivre de leurs activités. Les activités de production d’Exxon Mobil ont perdu 477 millions de dollars au troisième trimestre, pour passer un septième trimestre consécutif dans le rouge. Pourquoi ? Parce que l’extraction de pétrole coûte bien plus cher aujourd’hui qu’il y a dix ans, et parce que ce coût d’extraction plonge sociétés pétrolières et les petites économies dans la banqueroute. Voilà quelles sont les conséquences du pic du pétrole que tant de gens continuent d’ignorer. Elles finiront par mettre le système bancaire à genoux.

La déception qui ressortira de ces circonstances malheureuses pourrait prendre d’époustouflantes proportions après que Trump se sera heurté au mur et que de futiles tweets échapperont du trou dans lequel il sera pris au piège. La période de Noël passera bientôt, et emportera avec elle les espoirs d’une recrudescence des ventes. L’essence pourrait rester abordable, mais les petites gens ne pourront plus se permettre d’acheter des voitures. A dire vrai, elles ne pourront plus rien se permettre du tout. Pas même des tatouages. La différence de tempérament entre Donald J. Trump et Franklin D. Roosevelt deviendra bientôt évidente.

 

<< Previous article
Rate : Average note :4.5 (15 votes)
>> Next article
James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
WebsiteSubscribe to his services
Comments closed
  All Favorites Best Rated  
J'apprécie et donne beaucoup de crédit à James Kunstler. Mais quand à considérer Trump comme un guignol juste bon à être mené par le museau à l'abattoir, je veux bien mais n'en suis pas (encore) totalement convaincu.

Les compte-rendus des déclarations de Trump me font penser qu'il est très conscient de la gravité de la situation, et qu'il a véritablement l'intention de doter les Usa d'infrastructures d'avenir qui ne consisteront pas en des autoroutes et ponts inutiles dans le futur qui s'annonce.

Il lui faut grosso-modo 1 Trillion de dollars et je suis certain qu'il va réduire drastiquement les dépenses en démantelant par exemple les bases militaires à l'étranger, supprimant les prêts étudiants, les programmes du Pentagone (voir F35)....

Il lui faut aussi du pétrole à un prix acceptable, et le fait d'avoir nommer Tyllerson pour négocier avec Poutine signifie pour moi qu'il va s'assurer un approvisionnement par les russes. Ce qui veut dire aussi que Porochenko va devoir quitter prochainement l'Ukraine pour Eurabia.

Par contre Eurabia devrait mal finir en étant envahie par les hordes musulmane mais bon, les électeurs ont fait un choix en ne votant pas FN, qu'ils assument!!
J'apprécie et donne beaucoup de crédit à James Kunstler. Mais quand à considérer Trump comme un guignol juste bon à être mené par le museau à l'abattoir, je veux bien mais n'en suis pas (encore) totalement convaincu.

Les compte-rendus des déclarations de Trump me font penser qu'il est très conscient de la gravité de la situation, et qu'il a véritablement l'intention de doter les Usa d'infrastructures d'avenir qui ne consisteront pas en des autoroutes et ponts inutiles dans le futur qui s'annonce.

Il lui faut grosso-modo 1 Trillion de dollars et je suis certain qu'il va réduire drastiquement les dépenses en démantelant par exemple les bases militaires à l'étranger, supprimant les prêts étudiants, les programmes du Pentagone (voir F35)....

Il lui faut aussi du pétrole à un prix acceptable, et le fait d'avoir nommer Tyllerson pour négocier avec Poutine signifie pour moi qu'il va s'assurer un approvisionnement par les russes. Ce qui veut dire aussi que Porochenko va devoir quitter prochainement l'Ukraine pour Eurabia.

Par contre Eurabia devrait mal finir en étant envahie par les hordes musulmane mais bon, les électeurs ont fait un choix en ne votant pas FN, qu'ils assument!!
Il me parait évident que nous arrivons à un point de rupture: il n'y a plus de sous pour acheter la paix sociale, le chômage croît et on ne sait plus comment occuper notre descendance , la robotisation et la numérisation vont encore aggraver ce problème, et pire, l'Occident ne fait plus d'enfants ce qui pourrait être une solution, mais dirigé par des traitres ou des fous, favorise l'entrée de populations totalement étrangères à nos mœurs et qui n'ont rien à secouer de nos principes hérités d'un christianisme dévoyé, la Sécurité sociale ne va plus pouvoir assurer une médecine de plus en plus chère et sophistiquée. L'insécurité permanente croît et notre société incapable d'y faire face, ligotée par des principes d'un autre âge, multiplie les mesures de protection illusoires: grilles, portiques, caméras, digicode, judas électronique, reconnaissance faciale, vigiles, toutes ruineuses et inutiles puisque la sanction ne suit pas et la récidive est la règle.
Quand les peuples vont se réveiller, faute de fric, la réaction sera terrible. On aura droit aux massacres de Septembre, puis à la guerre, comme Napoléon avec ses conquêtes est venu clore la folie révolutionnaire, elle même due à l'inconscience et l'incapacité de la Haute Noblesse qui avait perdu le sens du devoir et de l'exemplarité.
Rate :   4  0Rating :   4
EmailPermalink
Et les militaires partout dans les rues et le métro... la facture est lourde.

De l'autre côté du monde ils ne font pas mieux. Cette année le Japon a intercepté un nombre record d'avions "intrus" chinois.
Mais ceci n'est pas lié à une augmentation des intrusions. Dans les faits, le Japon a simplement élargi sa zone d'identification aérienne, de manière à la faire chevaucher une partie de la zone d'identification chinoise (il faut savoir que ces zones n'ont aucun statut légal et ne correspondent pas nécessairement à l'espace aérien national). Du coup, les intercepteurs japonais avaient automatiquement plus de boulot...
Et pendant ce temps, c'est nous le bas-peuple qui devons payer les taxes CO2...

Cela étant, il est un fait avéré qu'en cette fin d'année les Chinois ont sensiblement accéléré leur équipement militaire. Ils présentent de plus en plus de drones armés, de nouveaux missiles AS pour ces drones, mettent en service de nouvelles frégates et destroyers, vont titiller les voisins avec leur premier porte-avions.
Et il n'y a pas que la Chine. Le Vietnam a mis en service des avions Su 30 récemment, ce qui lui donne la possibilité théorique de bombarder des cibles en Thaïlande, du coup la Thaïlande vient d'acheter des missiles Sol-Air chinois pour défendre ses bases militaires...
(En fait ces missiles ne sont pas le meilleur choix possible, mais la Thaïlande n'avait pas les moyens de s'offrir le top du top, ce qui indique que les dépenses militaires de la région sont plus que tendues).

Rate :   1  0Rating :   1
EmailPermalink
Il ne restera plus qu'à rendre matérielle une guerre que les USA livrent depuis les années 90 à la Chine. C'est déjà amorcé avec le fameux coup de fil de la présidente de Taiwan...

La propagande anti-russe sert surtout à camoufler cette guerre, qui est une "guerre sans limites". Poutine, probablement allié stratégique de Pékin, joue le jeu à fond, il provoque, chipe des morceaux de territoire à ses voisins, sème le trouble, bombarde la Syrie (il annonce avoir tué 35.000 rebelles), appelle à gonfler l'arsenal nucléaire...
Mais il n'a même pas les moyens financiers de tenir cette confrontation. Je pense qu'il sert de paratonnerre.

Avec l'arrivée de Trump, ce sera la détente entre les USA et la Russie, histoire de donner le tournis aux pathétiques eurocrates, obligés d'encore re-re-retourner leurs vestes... (en hiver ils vont prendre froid).
Ce sera alors l'occasion de faire surgir le conflit direct avec la Chine...

Il faut bien comprendre qu'une guerre majeure, ça ne se gagne pas avec quelques missiles et deux navires. C'est l'effort dirigé de toute une nation pour rassembler les moyens financiers et matériels.
Il a fallu l'attaque de Pearl Harbor et une énorme propagande pour mobiliser la nation étasunienne dans un effort de guerre sans précédent. Coïncidence (?), cela a justement amorcé la relance de l'économie mondiale prise au piège de la grande dépression.

Nous revoilà en période de dépression, l'économie est fragile, amorphe, les discours radicaux enflent, les gens se gavent de psychotropes (y compris les enfants) et autres médicaments pour la tête...
L'heure est venue de mobiliser. Après, on mettra tout le carnage sur le dos de Trump-le-psychopathe (des psychiatres ont écrit à Obama pour qu'il exige un diagnostic de son successeur). Ainsi l'Histoire retiendra ça comme un accident, comme avec Hitler et consors... histoire de cacher les mécanismes plus profonds à l'oeuvre.

Cela étant, cette guerre sera la plus dangereuse de toutes. D'après les scientifiques, il suffirait d'une vingtaines d'explosions atomiques dans un bref laps de temps (genre conflit entre Inde et Pakistan) pour dérégler gravement le climat mondial pendant plusieurs années.
(On comprend mieux le titre du film "The day after tomorrow", qui présente un après-demain fait de froid et de glaces, surgi brusquement, venu de nulle part)
Rate :   2  0Rating :   2
EmailPermalink
"D'après les scientifiques, il suffirait d'une vingtaines d'explosions atomiques dans un bref laps de temps (genre conflit entre Inde et Pakistan) pour dérégler gravement le climat mondial pendant plusieurs années."
Ce commentaire est une fantaisie chimiquement pure : depuis l'ère atomique, plus d'un millier de bombes atomiques ont explosé au titre des essais conduits par les différentes puissances nucléaires, au sol, dans l'atmosphère, dans l'océan, dans le sous-sol, dont certaines avec des niveaux de puissance inutiles (bombe soviétique Tsar approchant les 50 MT) à intervalle très rapproché.
Ce ne sont pas 20 de plus qui pourraient tout à coup tout dérégler. Les bombes actuelles dépassent rarement le 1 MT. En fait, même si tout l'arsenal nucléaire mondial devait exploser, cela représenterait 100.000 fois Hiroshima, explosion qui a détruit 11km², cela raserait l'équivalent de 1,1 millions de km², soit 2 fois la surface de la France. Cela correspond à 1/500ème de la surface de la Terre.
Rate :   4  2Rating :   2
EmailPermalink
"dans un bref laps de temps"
Rate :   2  0Rating :   2
EmailPermalink
Latest comment posted for this article
J'apprécie et donne beaucoup de crédit à James Kunstler. Mais quand à considérer Trump comme un guignol juste bon à être mené par le museau à l'abattoir, je veux bien mais n'en suis pas (encore) totalement convaincu. Les compte-rendus des déclarations d  Read more
mordoric - 12/31/2016 at 10:26 AM GMT
Top articles
World PM Newsflow
ALL
GOLD
SILVER
PGM & DIAMONDS
OIL & GAS
OTHER METALS