In the same category

L’ordre spontané de Hayek : puissance et faiblesses

IMG Auteur
 
Published : November 17th, 2012
639 words - Reading time : 1 - 2 minutes
( 1 vote, 5/5 )
Print article
  Article Comments Comment this article Rating All Articles  
0
Send
0
comment
Our Newsletter...
Category : Gold and Silver

 

 

 

 

Rares sont les penseurs contemporains qui ont marqué intellectuellement le XXe siècle comme l’a fait Friedrich A. Hayek. Parmi bien d’autres, Margaret Thatcher a reconnu sa dette intellectuelle à son égard.


Pour autant, la pensée de Hayek n’était pas simple, loin s’en faut. Il est difficile de le suivre sans avoir lu l’intégralité de ses œuvres ou presque.


Une pensée parfois hermétique, donc, et souvent sujette à contradictions. Ce sont ces contradictions que révèle au grand jour Timothy Sandefur, chercheur associé au sein du Cato Institute, un think tank américain.


Sandefur présente d’abord l’œuvre d’Hayek et, notamment, une de ses théories majeures : l’ordre spontané. L’ordre spontané est un ordre qui émerge spontanément dans un ensemble comme résultat des comportements individuels de ses éléments, sans être imposé par des facteurs extérieurs aux éléments de cet ensemble.


Hayek était un virulent adversaire des « ordres construits », à savoir des projets de société émanant des hautes sphères étatiques. En cela, il combattait les théories socialistes et scientistes. Il a également souvent été considéré comme un anti-conservateur, reprochant auxdits conservateurs de vouloir modeler la société selon leurs vues.


Toutefois, l’ordre spontané, ne lui en déplaisait, est une théorie conservatrice en ce qu’elle s’oppose au rationalisme et aux révolutions violentes. Les valeurs adoptées par les sociétés contemporaines ne seraient, selon lui, que le fruit d’un processus de sélection datant de plusieurs siècles. Hayek est, en cela, une sorte d’« évolutionniste social ».


Naturellement, il était profondément libéral en ce qu’il affichait une méfiance certaine envers l’État et sa tentation constante de vouloir bouleverser ce processus de sélection des valeurs et normes.


Mais la théorie de l’ordre spontané est également porteuse de nombreuses faiblesses. Elle s’écarte inéluctablement de la théorie traditionnelle du droit naturel et on pourrait penser (même si ce n’est pas exactement le cas, ainsi que le montre l’article de Sandefur) qu’Hayek veut laisser le « marché du droit » faire son travail sans lui imposer aucune règle supérieure et intangible. Comme le fit remarquer Frank Van Dun, juriste belge, Hayek tente naïvement d’importer les mécanismes du libéralisme économique dans l’ordre juridique.


Il est vrai que de nombreuses règles ne s’imposent qu’après avoir été « testées ». L’expérience en la matière est importante. Néanmoins, la confiance accordée par Hayek à cet « ordre spontané » est grande, sans doute trop grande. D’autant qu’il insiste bien sur le fait qu’il s’agit d’un ordre impersonnel : « Les vues et opinions qui façonnent l’ordre d’une société, aussi bien que l’ordre résultant de cette société même, ne dépendent nullement d’une décision personnelle quelconque » (Droit, Législation et Liberté). Ce sont pourtant bien des hommes, fussent-ils en grand nombre, qui façonnent cet ordre spontané, avec les dérives qui peuvent survenir.


Hayek, libéral insoupçonné, a vécu au XXe siècle, à savoir un siècle marqué par le rejet du libéralisme et deux guerres mondiales particulièrement meurtrières. Il est pour le moins curieux qu’il ait pu conserver une telle once d’optimisme en cet ordre spontané. Car c’est justement cet ordre spontané qui a pu mener le monde à de tels massacres. Hayek aurait probablement rétorqué que les multiples guerres entreprises par l’Occident viennent des États et que la puissance de sa théorie n’est en rien affectée. Néanmoins, seules des règles intangibles et non modifiables par l’« opinion socialement dominante » auraient pu faire rempart à l’étatisme sauvage.


Malheureusement, il y a, en quelque sorte, certains ponts entre la théorie de l’ordre spontané et le positivisme juridique. Hayek rejetait cette idéologie-ci qu’il considérait être d’essence socialiste. Mais le positivisme juridique, comme l’ordre spontané, ne s’attellent pas à définir un corpus de ces règles intangibles et non modifiables. Hayek voue une confiance aveugle à l’ordre spontané, sans lui imposer de véritables contraintes morales. Comme les tenants du positivisme juridique qui ne s’embarrassent pas eux non plus de considérations d’ordre moral.


 

 



<< Previous article
Rate : Average note :5 (1 vote)
>> Next article
Ronny Ktorza, diplômé de l'IEP d'Aix-en-Provence et d'HEC, est avocat depuis janvier 2011
Comments closed
Latest comment posted for this article
Be the first to comment
Add your comment
Top articles
World PM Newsflow
ALL
GOLD
SILVER
PGM & DIAMONDS
OIL & GAS
OTHER METALS