Il y a un grand danger pour les responsables politiques à
s’avancer sur le terrain économique qu’ils ne pourront jamais maîtriser sauf
à détruire complètement la dynamique de l’économie. Les candidats à
l’élection présidentielle s’approprient des concepts et des problématiques
économiques à propos desquels ils ne semblent pas avoir une compréhension
claire et achevée. On en est encore à débattre des machines et autres robots
qui seraient une menace pour l'emploi comme si David Ricardo n'avait
jamais écrit ce chapitre sans appel "Les Hommes et les Machines"
dans son traité de l'impôt, et comme si la théorie dynamique de la croissance
économique n'existait pas. Les discussions autour du pouvoir d’achat sont
un exemple flagrant du scientisme qui règne en ce domaine.
Il y a en effet une chose fondamentale qui échappe à ceux
qui ont la prétention de nous diriger : plus la sphère des biens gratuits
s’agrandit, et plus la vie est chère et l’économie fragilisée. Ce
processus fut enclenché en France en 1981 avec l’arrivée de François
Mitterrand au pouvoir. Les socialistes ont créé le RMI, puis plus tard la CMU
; ils ont imposé la réduction du temps de travail, fidèle à leur tradition
redistributrice. Et la droite est contrainte de gouverner dans les cadres
imposés par la gauche, selon les règles « démocratiques » imposées par la
gauche qui font de l’alternance politique une illusion sinon une farce. Le
résultat est qu’aujourd’hui, un français sur deux a peur de devenir un jour
un SDF. La gauche aime tellement les pauvres, qu'elle les fabrique en
masse...
La gratuité généralisée rend la vie chère. Ce n’est
qu’un paradoxe apparent : comme la gratuité n’existe pas, c’est que
l’inflation est forcément déguisée. Que sont en effet les biens et services
dits « gratuits » ? Ce sont finalement tous ces biens et services extrêmement
coûteux que l’on veut faire payer par les autres (et les autres font le même
raisonnement) comme l’éducation, la santé ou la retraite. C’est ce qu’on
appelle la consommation collective. Mais qu’est-ce que la consommation
collective ? C’est en fait une machine à dérégler les comportements. Imaginez
que, lorsque vous consommez de l’électricité, c’est votre voisin qui reçoit
la facture parce que vous avez piraté son compteur. Mais ce que vous ne savez
pas, c’est que votre voisin a fait la même chose à votre insu. La conséquence
est un dérapage de la dépense qui entraîne à son tour un dérapage des
prélèvements pour régler la facture collective. C’est ce processus de
déresponsabilisation qui explique les dérives du budget de la sécurité
sociale et de l’Etat.
Comme le pouvoir d’achat des ménages est dévoré par la
montée des prélèvements de toute sorte, les ménages demandent de plus en plus
de biens et services « gratuits » et le domaine de la consommation collective
s’agrandit
encore, celui-là même qui est à l’origine de l’inflation
des prélèvements.
Les ménages ne s’aperçoivent plus que c’est précisément ce
processus qui ronge leur pouvoir d’achat car les prélèvements leurs sont
occultés, l’Etat se faisant le complice de cette tragédie collective. Là est
sans doute le plus grave : ceux qui prétendent nous éclairer nous aveuglent ;
ceux qui prétendent parler au nom de l’intérêt général participent activement
à la liquidation collective. En effet, les responsables politiques
s’efforcent de rendre les prélèvements « indolores », ce qu’il convient
précisément de ne jamais faire si l’on veut que les gens réagissent, si l’on
veut inverser les comportements et stopper le processus. Ainsi, les
prélèvements sociaux sont retenus à la source (charges, RDS ; CSG) d’où
l’illusion de gratuité des biens et services sociaux tandis que les
prélèvements fiscaux basculent sur la fiscalité indirecte (TVA) d’où
l’illusion de gratuité des biens et services publics. On ne voit plus dans
quelle proportion l’Etat prélève du revenu pour financer les biens dits «
gratuits ».
On ne voit plus que cette proportion devenue énorme est de
nature à briser les ressorts de la création des richesses. Malgré cette masse
croissante de prélèvement, le secteur public n’a jamais assez de moyens si
l’on en croit ses représentants agréés. A l’origine, l’argent public, c’est
d’abord la part de la richesse privée que le ménage consent à laisser à la
collectivité. Aujourd’hui, on assiste à une inversion des termes : l’argent
privé, c’est la part de la richesse que l’Etat consent à ne plus nous prendre
jusqu’à la prochaine augmentation de prélèvement. Voilà pourquoi les
comportements sont pervertis quand on neutralise les signaux qui permettent à
la rationalité individuelle de s’exprimer. Voilà aussi pourquoi il est
nécessaire de limiter la sphère des biens et services gratuits plutôt que de
l’étendre. Mais au nom d’une conception démagogique du « social » et de
solidarité, et sur fond d’ignorance impardonnable des lois de l’économie, les
candidats aux présidentielles se proposent d’étendre la sphère de la gratuité
sans dire que la gratuité est un concept illusoire qui nous coûtera cher à
tous.
Avec moi, le déluge des promesses, après moi, le déluge
des désillusions....
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