(…) D'un autre côté, l'inflation ne peut continuer indéfiniment.
Dès que le public comprend que le gouvernement ne cherche pas à arrêter l'inflation, que la quantité de monnaie continue sa croissance sans qu'on puisse en voir la fin, et que les prix monétaires de tous les biens et de tous les services continueront donc à monter sans qu'on puisse les arrêter, tout le monde cherchera à vendre autant que possible et à conserver aussi peu de liquide que nécessaire.
Conserver de l'argent liquide dans ces conditions ne comporte pas seulement les coûts traditionnellement associés à l'intérêt, mais également des pertes considérables dues à la baisse du pouvoir d'achat de la monnaie. Les avantages de l'argent liquide doivent être payés par des sacrifices qui semblent si élevés que les gens renoncent de plus en plus à en conserver.
Durant les grandes inflations de la Première Guerre Mondiale, on appelait ceci "une fuite vers les valeurs réelles" et la "hausse de panique [crack-up boom]". Le système monétaire est alors au bord de l'effondrement : une panique s'ensuit, et tout finit par une dévaluation complète de la monnaie. On a recours au troc ou à un nouveau type de monnaie.
On peut trouver des illustrations de ce schéma avec la devise continentale de 1781, les assignats français de 1796 et le mark allemand de 1923.
Ludwig von Mises
Extrait de « Inflation et accroissement du Crédit »
Traduit par Hervé de Quengo