L’industrie du journal est en pleine phase d’effondrement, ce qui met en danger la santé de la démocratie aux Etats-Unis, comme je suis sur le point de vous l’expliquer. D’un point de vue financier, les problèmes dont souffrent les journaux sont bien connus, et ont commencé avec l’empiètement de la publicité en ligne sur les sources cruciales de revenus, notamment les petites annonces. Vient s’ajouter à ce premier problème la mort des commerces traditionnels, qui emportent avec eux les annonces qui couvraient autrefois jusqu’à deux pages complètes. Les coûts d’impression et de livraison ont eux-aussi grimpé. En conséquence, les journaux ne peuvent plus se permettre de couvrir l’actualité. Ceci n’est pas seulement vrai pour les plus petites parutions de moins de 50.000 exemplaires, mais aussi pour les grosses parutions telles que le Chicago Tribune, le Boston Globe, le Dallas Morning News et le San Francisco Chronicle; et les journaux nationaux et internationaux comme le New York Times, le Wall Street Journal et USA Today. Toutes les parutions ont subi des réductions, non seulement en termes d’épaisseur, mais aussi en termes de ressources allouées à la couverture d’informations importantes.
Malgré tout cela, je continue de croire que l’industrie de l’information pourra se régénérer une fois qu’elle se sera découplée des coûts fixes exorbitants liés aux opérations classiques. La force directrice de cette transformation sera la soif du public pour l’information, notamment à l’échelle locale. Les entrepreneurs trouveront finalement un moyen d’exploiter la possibilité de couvrir les évènements d’importance dans une ville de 100.000 habitants avec seulement quatre reporters et un éditeur. Seront oubliés les opérateurs de presse à imprimer, les livraisons par camion et les bureaux éditoriaux, et seront externalisés l’édition et la photographie. Les étudiants et les femmes d’entraîneurs de lutte seront embauchés pour couvrir les pages sport, et pour bien moins que ne coûterait la location d’un groupe de blues. Voilà qui permettrait de réduire le coût de parution d’un journal plus que lisible à 600.000 dollars par an – une très petite fraction de ce que coûte l’opération de Daily Camera, ma très mauvaise parution locale.