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Les mouvements de gauche ont-ils raison de revendiquer l’héritage d’Henry David Thoreau ?

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Published : December 02nd, 2011
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Category : Editorials

 

 

 

 

S’il est bien un penseur dont les idées sont revendiquées par divers courants idéologiques – fussent-ils opposants – c’est Henry David Thoreau.


D’un côté, les libertariens américains du XXe siècle en font une source d’inspiration majeure, à l’image de Murray Rothbard, qui le considère, ni plus, ni moins, comme un de ses « héros intellectuels ». De l’autre, les écologistes politiques revendiquent aussi son héritage : ainsi, certains « activistes » se fondent sur ses idées pour mener à bien des opérations illégales, telles que la destruction de biens privés au nom de la protection de la planète.


Il est pour le moins étrange que, et les libertariens, et les écologistes politiques admirent tous deux ce penseur : en effet, en matière environnementale, il existe une forte opposition entre ces deux courants puisque les premiers croient en l’homme pour résoudre les difficultés écologiques tout en se méfiant grandement de l’intervention politique, supposée créer encore plus de problèmes. Les seconds, quant à eux, pensent, au contraire, que l’homme est le seul responsable desdits problèmes et appellent à une régulation étatique très forte pour les éradiquer. L’un d’entre eux a donc obligatoirement mésinterprété la pensée d’Henry David Thoreau en la matière.


Pour bien analyser cette dernière, il est nécessaire de relire deux de ses ouvrages majeurs, Walden ou la vie dans les bois et Désobéissance civile. Le premier est un genre littéraire inclassable entre le récit autobiographique et le roman. Thoreau y fait étalage de son profond amour pour la nature, adoptant un mode de vie primitif et profondément individualiste.


C’est ce livre qui explique l’adhésion des écologistes politiques à ses thèses. Sauf qu’ils oublient que, nulle part dans l’ouvrage, Thoreau ne prône l’intervention de l’État pour réguler une activité humaine censément destructrice de l’environnement. D’abord, parce que ce livre n’a pas de connotation politique, n’en déplaise aux écologistes précités. Ensuite, en bon individualiste, Thoreau y écrit : « Je ne voudrais à aucun prix voir quiconque adopter ma façon de vivre ; (…) mais ce que je voudrais voir, c’est chacun attentif à découvrir et suivre sa propre voie, et non pas à la place de celle de son père ou celle de sa mère ou celle de son voisin. ». Puis, Thoreau est anarchiste, ainsi qu’il le déclarait, en toutes lettres, dans son pamphlet Désobéissance civile : « que le gouvernement le meilleur est celui qui ne gouverne pas du tout », dépassant, en cela, Jefferson qui était, de son côté, partisan d’un État minimal.


Enfin, il serait tout de même utile de rappeler que les écologistes politiques n’ont pas le monopole du respect de l’environnement et de l’amour de la nature. Les libéraux se sont, eux aussi, intéressés aux questions écologiques en y apportant des solutions différentes de celles proposées par les desdits écologistes politiques : ils considèrent ainsi que les mécanismes de propriété privée sont beaucoup plus efficaces que la régulation étatique. Le meilleur exemple à cet effet est l’article scientifique de l’écologue américain, Garrett Harding, intitulé La tragédie des biens communs, qui montre les dangers de la notion de bien collectif, tant revendiquée par les écologistes politiques, et qui mène à une surexploitation des ressources, les usagers ayant une vision court-termiste et non durable. Ils sont incités à profiter au maximum des ressources. Sans être la thèse de l’auteur, il est logique de déduire de ce texte que c’est l’absence de droits de propriété qui conduit les individus à être peu précautionneux des lieux où ils se trouvent.


Dans le film Les insurgés de la terre, nous voyons des activistes écologiques – admiratifs de Thoreau – violer les droits de propriété que possèderaient des sociétés sur des forêts. Selon eux,  lesdites entreprises, dans une logique de profit, abattraient trop précipitamment des arbres qui auraient pu avoir une longue existence.


Mais, jusqu’à preuve du contraire, les propos de ces activistes ne sont pas accompagnés d’arguments solides. D’ailleurs, la réalité actuelle a tendance à démentir ce constat pessimiste : les forêts privées américaines – pour ne citer qu’elles – sont, par exemple beaucoup plus profitables et bien mieux gérées que leurs cousines publiques du Québec où règne un inquiétant climat anomique.


Une société ou règne le respect des droits de propriété privée n’a pas nécessairement d’objectifs contradictoires à la préservation de l’environnement et des ressources naturelles. En cela, les philosophes libéraux, contrairement aux écologistes politiques, avides de régulation étatique, sont les seuls à pouvoir revendiquer l’héritage d’Henry David Thoreau qui, au vu de ses écrits, n’aurait sans doute pas apprécié l’interférence gouvernementale croissante dans les questions environnementales.


 

 

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Ronny Ktorza, diplômé de l'IEP d'Aix-en-Provence et d'HEC, est avocat depuis janvier 2011
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