Les taxis : une question de concurrence

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Published : November 07th, 2013
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Paris intramuros – aéroport Roissy-Charles de Gaulle, quelles options de transport à part le RER ? Un taxi coûte environs 60 euros, mais le prix peut facilement augmenter s’il y a des embouteillages, s’il s’agit d’un horaire nocturne, si le taxi est commandé à la maison, s’il y a plusieurs passagers, ou encore s’ils ont des bagages. Le prix d’une navette porte-à-porte (partagée avec d’autres personnes) est en revanche de 27 euros environ et peut descendre jusqu’à 17 euros.


En ce qui concerne le prix, cette dernière option semble de loin la plus intéressante. Depuis 2008 moment où Luc Châtel a fait adopter une loi autorisant les voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), ce type de service s’est beaucoup développé et l’on compte plusieurs milliers de chauffeurs travaillant à leur propre compte ou pour des agences de transport en région parisienne. La croissance exponentielle de ce secteur, soutenue par une demande toujours plus importante (qui va de pair avec la croissance du nombre de voyageurs pour les compagnies aériennes low-cost) et surtout par les prix très élevés des taxis traditionnels, laisse facilement entrevoir l’existence d’une véritable opportunité d’affaire dans le domaine du transport des personnes.


Les taxis semblent avoir du mal à réagir face à cette nouvelle concurrence. Les raisons pour lesquelles ils se trouvent démunis devant la concurrence des VTC sont à chercher dans l’ensemble des réglementations qui encadrent assez strictement leur activité (tarifs, nombre d’heures etc.), et surtout dans la limitation des licences. Celles-ci ne peuvent être obtenues qu’après quinze ou dix-sept années d’attente et à condition de travailler de nuit les trois premières années, ou bien en les achetant à ceux qui en détiennent déjà une pour environ 200 000 euros.


Comme on pouvait s’y attendre, au lieu de mener une concurrence loyale à travers des prix plus attrayants (en proposant par exemple des voitures partagées pour des destinations comme les aéroports), les taxis cherchent à éliminer leurs concurrents en s’appuyant sur leur syndicat représentatif, la Fédération Nationale des Taxis (FNT). Face à la concurrence des VTC, elle est montée au créneau pour demander au gouvernement d’encadrer cette activité comme il le fait déjà pour les taxis. Plus récemment, le gouvernement a proposé un projet de loi sur la consommation (examiné en ce moment même par le Parlement) qui devrait interdire aux chauffeurs de VTC de racoler des clients dans la rue. Parallèlement à ce projet de loi, le gouvernement a décidé d’imposer aux VTC un délai entre le moment où la commande est passée et le moment où le client est effectivement pris en charge, comme une forme de handicap au départ.


Le 11 octobre, le gouvernement est revenu sur sa décision précédente du 10 octobre en choisissant de ne pas imposer de temps d’attente aux clients abonnés des VTC. Dans un communiqué commun, le ministre de l'intérieur  Manuel Valls et la ministre du tourisme Sylvia Pinel  ont annoncé que le seul cas où ce délai ne s’appliquera pas sera « la prise en charge d'un client à partir d’un hôtel haut de gamme ou à l’occasion d’un salon professionnel ». Le changement de cap, la diversité d’annonces des différents ministres préoccupés par ce sujet et le nombre croissant de conditions et détails dans l’arrêt laissent entendre que l’opinion des membres du gouvernement n’est pas unanime et qu’ils se trouvent eux-mêmes pris en tenaille entre, d’une part la FNT et d’autre part, la FFTPR (Fédération française du transport de personnes sur réservation), sans oublier les intérêts des consommateurs.


Il est intéressant de noter que les hésitations de gouvernement sont symptomatiques du piège que l’État s’est lui-même tendu au fil du temps. À travers le système des licences, l’État a clairement détérioré ce service : augmentation des prix concomitante à une dégradation de la qualité du service (les chauffeurs des taxis parisiens sont considérés comme les plus grossiers des grandes métropoles). Lorsque les consommateurs silencieux démontrent les failles de ce système en encourageant activement les services alternatifs tels que les VTC, on comprend mieux les hésitations du gouvernement à protéger davantage le système de rente des taxis.



À suivre

 

 

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Marian Eabrasu est professeur d’économie et d’éthique à l’ESC-Troyes. Il a été chercheur à l’International Centre for Economic Research (Turin, Italie) et à l’institut Ludwig von Mises (Auburn, Etats Unis). Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture comme La Revue Française de Science Politique, Quarterly Journal of Austrian Economics, Business and Society, etc. Son dernier article publié en 2012 dans Raisons Politiques s'intitule "Les états de la définition wébérienne de l'Etat"
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Avant d'écrire un article sur une profession, il faut bien la connaître sous peine de donner des informations fausses, et c'est le cas de cet article. La course moyenne en tarif de jour ne dépasse pas les 40 euros entre CDG et PARIS Centre, les bagages sont gratuits ainsi que la 4 ème personnes. Alors qu'avec la Navette indiqué sur votre article CDG PARIS Centre 4 personnes 75 euros.

Depuis toujours les Taxis ont demandé d'être sous la tutelle du ministère des transports mais Le ministère de l'intérieur a toujours refusé ce transfert de pouvoir; cela aurait permis à la profession de s'élargir et de se développer autrement.

Quant à la grossièreté des chauffeurs, elle n'est le fait que de quelques individus mais reflète quand même l'état général de la Société Française au plus haut niveau !
A bas le monopole des taxis !
Il y aura moins de taxis à l'aéroport et ce sera la gabegie aux heures de pointe.
S'il n'y avait que les taxis,hélas, toute la société française, est dans cet état de décrépitude ,rongée par les lobbies ,les syndicats non représentatifs salariés, patronaux, professionnels , groupement de producteurs ,associations en tout genres ,ordres professionnels, clubs ,groupe de pression etc etc ...
pourquoi avec mon diplôme de pharmacien ou de droit je n'ai pas le droit de m'installer sur le sommet du Puy de Dome sur l’île de Sein ou en face d'une pharmacie du XVI ème ou d'une étude de notaire de Toulouse ?

On parle agriculture? allez c'est d'actualité,il n'y a pas plus lobbyistes .Que dit le président de la Fnsea ce matin à Europe 1? "Je demande l'exonération de l'écotaxe pour l'agriculture" ,comprenez ,les autres débrouillez vous je m'en fous !
Renseignez vous sur la fiscalité agricole ,c'est un florilège incroyable d'exceptions, de particularités,d'avantages que ni les commerçants ou artisans peuvent imaginer,merci Chirac! Alors vous me direz, pourquoi est ce qu'il y a tant d'exploitations qui mettent la clef sous la porte ? Des exonérations fiscales c'est fait pour les riches pas pour les pauvres .Pour avoir le temps d'aller à PARIS et dans tout un tas d'organismes, il faut avoir les poches pleines ,vos copains moins"aisés" ,ils sont bons pour faire la manif devant la préfecture, et puis si certains doivent cessez l'activité, et bien tant mieux ça fera plus de terres pour ceux qui vont à Paris!.

Alors on remet tout à plat ? chiche , réfléchissez bien ,vous allez y gagner ou y perdre ?difficile.
Votre boite vous fait bénéficier d'une mutuelle santé avantageuse , pas chère est ce simplement parce que vous êtes tous dans cette boite des "cadors" ou parce qu'elle à une position de monopole,une position dominante vis à vis de ses concurrentes , de ses fournisseurs ?Le type qui bosse dans la même boite que vous, mais sous traitant lui: pas de mutuelle, son salaire n'est pas le même que le votre,CDD ,et en plus il est sympa , alors ?

La société française est complètement sclérosée et ne voudra pas bouger ,"pourquoi moi d'abord" ?

Plus une société se collectivise ,plus la corruption et ses ersatz ,au sens large , se développeront c'est inévitable;seul un système libéral (liberté) peut mettre un terme à cette catastrophe qui pointe tous les jours d'avantage .Et ce n'est pas avec le capitalisme de connivence actuel qui est au libéralisme ce que l'acide acétique est au Romanee Conti que l'on a une voie de sortie.

Le problème: la liberté ça fait peur !



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"Les gens ne veulent pas la liberté, ils veulent la sécurité".
Je crois (à vérifier) que c'est du journaliste satyrique HL Mencken.
Bref.... On accepte la concurrence à condition qu'elle soit strictement encadrée et qu'elle ne foule pas les plate-bandes du système déjà en place, moyennant toutefois certaines dérogations pour des cas particuliers.
Nos dirigeants doivent vraiment aimer avoir le derrière entre 2 chaises. Aucune ligne de conduite claire franche et directe et précise, comment voulez-vous qu'on respecte de tels décideurs !
Nous sommes les champions du "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué" !

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ZEN - 11/9/2013 at 12:45 PM GMT
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