L'€uro n'est pas le problème économique que beaucoup, politique ou non,
veulent bien dire.
Le problème est le communisme monétaire qui a été instauré en Occident, au XXè siècle, et qui ne cesse de le détruire (cf. Rueff
(1971), Le
péché monétaire de l'Occident)
1. La monnaie n'existe plus aujourd'hui.
Les
marchandises en propriété que dénommait le mot "monnaie" dans le
passé n'ont pas été abandonnées, mais interdites brutalement au XXè siècle par les hommes de l'Etat ou les législateurs
(cf. ce texte de mai 2011).
Contre toute attente, les substituts de monnaie bancaires édifiés sur ces
marchandises "monnaie" par des banquiers en accord avec leurs
clients, ont été dénommés, à la place, "monnaie" alors qu'au même
moment, leur réalité devenait "illusion": ce n'était pas l'ombre
qui était prise pour la proie, mais l'évanescence de l'ombre dans la nuit du
communisme monétaire (cf. ce texte de
janvier 2014).
Jacques Rueff avait mis le doigt sur le point à l'occasion de la perspective,
à la fin de la décennie 1960, de l'allocation des droits de tirages spéciaux
(D.T.S.) par le Fonds monétaire international en dénommant « néant habillé en
monnaie » ceux-ci (cf. ce texte
d'octobre 2011 )
Bref, la monnaie n'existe plus aujourd'hui à cause des bouleversements
réglementaires sans précédent décidés au XXè siècle
et des conséquences désastreuses de ces derniers que nous pouvons observer.
2.
Certes le fait réglementaire est réversible et loin d'être irréversible
(cf. ce texte
d'avril 2014).
Mais personne ne l'évoque.
3.
Il reste que le fait réglementaire n'est pas un sens de l'histoire mais un
obstacle aux règles de - vrai - droit qui contribue à les rendre davantage
"imparfaites".
4.
D'ailleurs, l'histoire n'a pas de sens.
Mais l'économie politique en a un, le plus souvent laissé de côté, qui tient
dans sa loi éponyme, la loi de l'économie, c'est-à-dire la diminution des
coûts supportés par les unes et les autres, personnes juridiques physiques,
en recherche permanente de la diminution.
Cette loi explique à soi seule que l'économie politique ait une méthode et
soit une science, la première de toutes les sciences.
5.
A l'extrême, rien ne justifie de proclamer que l'économie politique
n'est pas une science comme le font beaucoup, à commencer par les
"marxistes" ou "marxiens".
Cela fait partie des absurdités à supporter.
6.
A défaut, rien ne justifie d'assujettir l'organisation de l'économie
politique à telle ou telle mathématique ou bien à telle ou telle
représentation mathématique d'un phénomène non économique (physique,
biologique, etc.), au risque de dire n'importe quoi sur la réalité économique
(cf. cet
ouvrage).
Les premiers mécaniciens du XVIIIè siècle ne s'y
étaient pas trompés: ils avaient fait l'hypothèse que la "nature"
appliquait la loi de l'économie dans tout ce qu'elle choisissait d'effectuer
et faisait toute chose au moindre temps, au moindre effort ou encore à la
moindre action.
On connaît la suite et les merveilleuses innovations.
Mais il a fallu les travaux mathématiques de Lagrange (cf. ce texte) puis de Laplace pour qu'aux
yeux de beaucoup, le "moindre" devint le "minimum", voire
le "maximum" de son contraire...
Et des économistes, oubliant le point de départ de la mécanique dans le
meilleur des cas, ont pris cette erreur pour la vérité et l'ont appliqué à ce
qu'ils dénommaient "coût" ou "profit".
En sont résulté le "profit maximum" ou le "coût
minimum"... et ce qu'ils ont pris pour conséquences de l'erreur...
Il faudra attendre Armen Alchian
et la décennie 1940 pour que l'erreur soit dénoncée (cf. ce texte
de 1950).
7.
Entre temps, s’est juxtaposé à la loi de l'économie le « Second Principe de
la thermodynamique », connu aussi sous la dénomination « Principe de
Carnot-Clausius ».
Ce Principe a été découvert au début du XIXè siècle
par Nicolas-Sadi Carnot (1796-1832).
Il devrait intéresser car il apprend que, dans notre Univers, toute structure
organisée s’use et vieillit de façon irréversible, si elle ne reçoit plus
d’information*.
* Voir Brunor, Les indices pensables (série
d’albums "Bd"). Tome 4 : La Lumière fatiguée.
Pour sa part, Rudolf Clausius (1822-1888) avait compris que ce
Principe avait une dimension universelle et il lui a donné le nom d’entropie,
à partir du grec "entropé" pour signifier
ce qu’elle était: une involution, une régression, exactement le contraire
d’une évolution ou d’une progression.
Vers 1850, Clausius l’énonçait ainsi :
« Toute composition, physique, chimique ou biologique, qui ne reçoit plus
d’information, tend à retourner à son état le plus probable qui est la
poussière, la dispersion. »
Clausius a été le premier à faire constater que la loi de l’entropie concerne
tout dans notre Univers.
Tout est soumis à cette loi de l’usure et de la destruction, de façon «
naturelle ».
C’est la pente naturelle de tout ce qui est composé/construit/organisé…
Le second Principe de la thermodynamique conduit certains à poser la question
d’une intelligence créatrice et organisatrice, capable de surmonter
l’entropie pour créer des structures hautement improbables comme des êtres vivants .
La dimension universelle de la loi devrait attirer l'attention.
En effet, l’entropie concerne l’augmentation du désordre.
De fait, ce n’est pas exactement le désordre qui augmente [ou bien l’ordre
qui diminue...], mais autre chose, quelque chose de beaucoup plus pertinent…
D'ailleurs, on n'observe pas du désordre, ce qu'on a observé n’était pas une
perte d’ordre.
Mais alors qu’est-ce qu’on a perdu ?
Ce qu'on a perdu, c'est de l’information !
Le grand mot "information" est lâché.
Il va exploser au XXè siècle et donner lieu à la
théorie de l'information.
Ce que vous appelez « désordre » dans un message est en réalité une perte
d’information.
Ce que vous appelez « désordre » est « un certain ordre » privé
d’information, un certain ordre qui est aussi difficile à retrouver « par
hasard » (en lançant les lettres du message en l’air), que cet autre «
certain ordre » contenant de l’information du message soi-même…
Dans tous les cas, les lettres d'un message sont toujours dans un « certain
ordre » qui contient ou non de l’information.
Avec tel ou tel message, on n’est pas passé de l’ordre au désordre, on est
passé d’un certain ordre informé, à un certain ordre privé d’information.
C’est cela que produit l’entropie : elle produit la perte d’information.
Car le « désordre » n’existe pas.
De même que le néant absolu n’a jamais existé.
Des mots sont informés, ils ont reçu de l’information qu’ils retransmettent,
ils ont un contenu intelligible car, vraisemblablement, une intelligence les
a organisées.
Souvent, des messages n’ont pas reçu d’information, ils ont été "tapées" par hasard, selon des lois statistiques que
nos savants étudient.
Il n’y a pas de contenu intelligible, il n'y a pas besoin d’intelligence à la
source.
Quelle différence y a-t-il entre les atomes qui
composent un brin d’herbe et les atomes qui composent un caillou ?
Les atomes du brin d’herbe ont reçu de l’information.
Ils sont informés/ composés/ organisés par les instructions de leur message
génétique dont le contenu est intelligible.
Depuis peu, les chercheurs savent lire le message.
On dit : « séquencer l’ADN », comme on lit une partition de violon ou un plan
d’architecte ou tout simplement un livre contenant toutes les instructions
pour construire physiquement ce brin d’herbe, mais plus généralement, ce
hamster, ce marronnier ou cet être humain.
Pour le caillou, pas besoin de message "génétique" : il n’est pas
un organisme vivant, mais un agglomérat d’atomes qui répondent à certaines
lois statistiques et autres…
Désormais, les biologistes savent faire la différence entre ce qui est vivant
et ce qui ne l’est pas.
Si un message génétique est présent, il est la partie lisible des
instructions destinées à organiser des atomes en organisme vivant.
On est certain qu’il y a « de la vie » depuis le premier instant de la
présence de ce message.
Soit dit en passant, l’expression « matière vivante » ne veut plus rien dire
du tout.
Il n’existe strictement aucune matière vivante.
Il n’existe que de la matière animée, c’est-à-dire ce qu’Aristote appelait
des "psychismes", des éléments de matière multiple, les atomes,
organisés en organisme par un principe qui les organise.
Pour un caillou: c'est de la matière inerte, privée de message ADN.
Aristote avait compris que, pour que des êtres vivants existent, il faut
d’abord que des atomes existent, ils constitueront la matière de notre
organisme.
Mais il pensait que cela ne suffisait pas, car ces atomes étaient incapables,
par eux-mêmes de s’organiser tout seuls pour construire une fougère, un
lapin, un être humain.
Il pensait que ces atomes obéissaient aux instructions de « quelque chose »
qui organisait les atomes.
Ce « quelque chose », Aristote l’avait appelée "psyché".
C’était
un principe invisible qui transmettait aux atomes de l’information, en sorte
que ces atomes fussent informés dans les deux sens du mot:
- informer pour transmettre un enseignement, des instructions, un message, des
paroles…
- informer pour donner une forme à une chose, une statue, la sculpter…
La
psyché, selon Aristote, jouait ce double rôle, durant toute la durée de la
vie de l’être vivant dont elle organisait les atomes.
Elle a été traduite en latin par "anima" et en
français par "âme" (cf. Paul
Valéry)
Le mot "âme" est employé non pas au sens religieux, mais au sens
biologique de « ce qui anime », de ce qui fait que tout être vivant est «
animé » (comme le mot "animal").
La psyché est le principe qui compose la matière multiple, les atomes, qui
les organise en organisme.
Quand la psyché/anima/âme n’est plus là (c’est-à-dire à la mort), ce qui
était composé va se décomposer.
Mais faut-il croire Aristote ?
A
son époque, Aristote était engagé dans deux débats,
- l’un avec son maître Platon qui proposait une autre interprétation du même
mot « âme », et
- l'autre avec les « atomistes » Démocrite et Epicure.
Ces derniers niaient toute intelligence créatrice et affirmait que les atomes
se débrouillaient absolument tout seuls, sans intelligence, pour fabriquer
des êtres vivants.
Si bien que depuis 2350 ans, subsistaient deux débats dont personne ne
connaissait la vraie réponse.
Aujourd’hui, nous la connaissons.
La
question est celle de l’information, et comment elle peut être présente ou
absente.
Aristote avait déjà compris que pour qu’un message contînt de l’information,
il fallait qu’une intelligence ait mis cette information dans le message.
Ainsi, tant qu’un problème est mal posé, on n’a aucun espoir de le résoudre.
Ce que nous appelons du désordre, n’est pas réellement du désordre…
Mais plutôt : « un certain ordre privé d’information ».
Ce qui fait la différence, c’est la présence ou l’absence d’information.
8.
Ce qu'on dénomme "monnaie" aujourd'hui est une illustration de la
loi de l'économie mélangée d'informations.
Elle atteste, depuis la nuit des temps, de la diminution permanente des coûts
des actes d'échange des personnes juridiques physiques, certes réglementés à
l'occasion par les mensonges du réglementeur et
confortés par des économistes stipendiés.
9.
Quid de l'information dont la monnaie a été aussi la cible?
Avant d'être interdite, la monnaie avait été galvaudée et s'était vue souvent
confondue avec la finance.
Ainsi Keynes n'avait pas hésité à faire référence à Locke pour justifier
d'établir une relation en matière de taux d'intérêt comparable à celle de ce
dernier et à faire dépendre la quantité de monnaie "du" taux
d'intérêt, via le marché de la monnaie et la "préférence pour
la liquidité".
En effet, selon Keynes (1936):
"Le grand Locke, dans sa controverse avec Petty, fut peut-être le
premier qui ait exprimé en termes abstraits le rapport existant entre le taux
de l'intérêt et la quantité de monnaie.
A l'encontre de la proposition de Petty, qui voulait fixer un maximum au taux
de l'intérêt, il soutenait qu'une telle limitation était aussi impossible que
celle de la rente du sol, car
« la valeur naturelle de la monnaie, c'est-à-dire son aptitude à fournir un
revenu sous forme d'intérêt, dépend du rapport entre la quantité globale des
espèces circulant dans le Royaume et le commerce total dudit Royaume (i. e.
les ventes totales de toutes les marchandises) ».
Locke explique que la monnaie a deux valeurs : elle possède une valeur
d'usage mesurée par le taux de l'intérêt
« et en cela elle a la même nature que la terre, le revenu de l'une étant
appelé Rente et celui de l'autre Intérêt ».
Elle
possède ensuite une valeur d'échange
« et en cela elle a la nature d'une marchandise »,
car
sa valeur d'échange
« est uniquement fonction du rapport entre l'abondance ou la rareté de la
monnaie et celles des produits ; et
« elle ne dépend nullement du niveau de l'Intérêt ».
Locke
est donc l'auteur d'une double théorie quantitative.
Il
affirme d'abord que le taux de l'intérêt dépend de la proportion entre le
volume de la monnaie (compte tenu de sa vitesse de circulation) et le chiffre
total du commerce.
Il soutient ensuite que la valeur d'échange de la monnaie dépend de la
proportion entre la quantité de monnaie et le volume total des biens existant
sur le marché.
Mais, ayant un pied dans le monde mercantiliste et l'autre dans le monde
classique, il ne parvient pas à élucider la relation existant entre ces deux
proportions et néglige complètement le fait que la préférence pour la
liquidité peut varier.
Cependant, il explique volontiers que la baisse du taux de l'intérêt n'a pas
d'effet direct sur le niveau des prix et qu'elle agit sur lui uniquement
« dans la mesure où les variations de l'intérêt commercial entraînent des
entrées ou des sorties de monnaie et de marchandises, modifiant ainsi à la
longue la proportion existant en Angleterre entre leurs volumes respectifs »,
ce qui revient à dire que la baisse du taux de l'intérêt agit sur les prix
uniquement dans la mesure où elle provoque une sortie de numéraire ou un
accroissement de la production.
Mais il ne semble jamais avoir procédé à une véritable synthèse de ces
différentes idées." (Keynes, 1936, chap. 23)
Et Keynes avait introduit la "préférence pour la liquidité" et en
avait déduit des conséquences sur l'équilibre macroéconomique à court terme
(dont il faisait procéder l'emploi).
Pour leur part, les hommes de l'Etat ne se sont pas opposés à la confusion de
la monnaie et de la finance et ils ont eu tout intérêt - ils l'avaient
compris - à ne pas s'opposer à cette erreur essentielle.
Elle est au coeur des débats du marché politique
actuel en relation avec les déficits des budgets des Etats.
10. Et les réglementations de la monnaie ont fait le reste pour pulvériser
cette dernière.
Une réglementation n'est jamais qu'une destruction d'informations et une
entrave à de nouvelles informations.
Ce qu'on dénomme "monnaie" aujourd'hui n'est, en conséquence,
qu'une illusion ...
Il est certain qu'elle sera dénoncée un jour.
Mais comment cela se passera-t-il ?
Oh,
nuit.