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Nouveau contrat, vieux problème

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Published : July 12th, 2011
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Il y a quelques semaines, je lisais dans les journaux que l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) proposerait au ministère du travail, l’abandon de la distinction entre Contrat à durée indéterminée (CDI) et Contrat à durée déterminée (CDD) en faveur d’un CTU (Contrat de travail unique). L’idée est d’avoir un type unique de contrat « par nature à durée indéterminée ». Les conditions de rupture proposées: une faute du salarié, un commun accord avec l'employeur ou la fin de l’activité de l’employé (et non de sa mission). À partir de deux ans d’ancienneté, l’employé aurait droit à une « indemnité de licenciement égale à 10 % de l'ensemble des rémunérations perçues au cours de la durée écoulée du contrat et son préavis proportionnel à son ancienneté. »


Le CTU (plutôt proche d’un CDI) viserait à éliminer le « malaise social » entre salariés en CDI et CDD. La précarité des CDD tiendrait à des salaires bas, aux difficultés d’obtenir un crédit, et de l’absence de sécurité de l’emploi. En outre, la nature même du CDD nuirait à la productivité de l’entreprise et donc l’économie, en ce qu’elle limite les motivations au travail tant du salarié que de l’employeur.


Pourtant, le vrai problème des économies française et européenne n’est pas le CDD, mais le CDI. Un survol des statistiques du marché international du travail nous montre la dure réalité de la protection du travail.


Selon des données de l’OCDE, l’Union européenne (UE) réunit bon nombre de pays à la législation du travail très rigide (les champions : l’Espagne, le Portugal, la Grèce et la France).[1] Pourtant cette rigidité ne se traduit pas par une réduction du chômage. En effet, la zone euro a ceci d’unique que le chômage moyen y est de 15,89%.[2] On constate également que les pays les plus protecteurs de l’UE sont aussi ceux où se trouve la plus grande proportion de travailleurs en CDD (en tête, la Pologne, l’Espagne et le Portugal).[3] En plus, la proportion moyenne de chômeurs de longue durée (12 mois ou plus) y atteint facilement plus de 36% des chômeurs (45.5% en Allemagne et 44.4% en Italie !).[4]


Les pays de l’UE sont ainsi, sans surprise, les plus dépensiers en politiques actives et passives contre le chômage (en moyenne 2% du PIB contre 1% pour les pays avec un droit du travail moins rigide)[5] ce qui peut contribuer à une augmentation du déficit public de ces pays et donc de leurs dettes. Pas surprenant d’y retrouver la Grèce, l’Espagne et le Portugal.


Si nous prenons des pays emblématiques pour leurs législations du travail plus souples tels que les États-Unis, le Royaume Uni, l’Australie et la Nouvelle Zélande, la situation est toute autre. Le taux de chômage y est de 7.3% en moyenne ; les chômeurs de longue durée y représentent 15.47% du total des chômeurs.[6] La proportion de travailleurs en CDD tourne autour de 5.1% en moyenne aux États-Unis et en Angleterre (alors qu’en France, elle est de 13.5% et en Espagne de 25.4%).[7] Elle est dérisoire en Australie et en Nouvelle Zélande. Quant à la productivité du travail, rien à dire. Selon le Bureau of Labor Statistics (BLS), les pays dont le droit du travail est le moins rigide présentent en général les meilleurs résultats sur la période 1992-2006.[8] Entre 2008 et 2009, l’Australie, les États-Unis, Taïwan, et la Corée du Sud ont vu leur productivité augmenter malgré la crise, tandis que presque tous les pays européens voyaient leur productivité baisser.[9] Les pays européens avec un meilleur score en termes de productivité et chômage sont ceux qui ont réformé leur marché du travail dans les années 1980-90 (Suède, Danemark, Pays Bas).[10]


On peut donc voir que baisse de la productivité et chômage ne sont pas la conséquence nécessaire de l’existence de contrats « précaires », bien au contraire. Il faut comprendre que sans ces contrats dits précaires en France, en Espagne et ailleurs, le chômage y serait encore plus élevé. Une législation du travail plus souple conduit à des coûts d’embauche et de licenciement plus bas, facilitant ainsi la création d’emplois. De plus, n’est-il pas logique d’essayer d’être plus productifs quand on sait qu’on peut perdre son emploi si on ne l’est pas ?



Gabriel Gimenez-Roche






[1] OECD Employment Outlook 2010. http://www.oecd.org/document/46/0,3746,en_2825_495670_40401454_1_1_1_1,00.html. Consulté le 22/06/2011.

[2] ECB Monthly Bulletin June 2011. http://sdw.ecb.europa.eu/reports.do?node=100000187. Consulté le 22/06/2011.

[3] OECD Employment Outlook 2010. http://www.oecd.org/document/46/0,3746,en_2825_495670_40401454_1_1_1_1,00.html. Consulté le 22/06/2011.

[4] Ibid.

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] International comparisons of manufacturing productivity and unit labor cost trends, 2009. Bureau of Labor Statistics, US Department of Labor. http://www.bls.gov/news.release/pdf/prod4.pdf. Consulté le 22/06/2011.

[9] Ibid.

[10] Ibid.

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Gabriel A. Giménez-Roche est professeur et responsable du département économie du Groupe ESC Troyes et maître de conférences à Sciences Po Paris. Son domaine de recherche est l'analyse économique de l'entrepreneuriat et son contexte socio-institutionnel. Il est également chercheur associé de l’Institut économique Molinari.
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Je vous conseille de vous documenter sur la théorie du salaire d'efficience.

En outre il ne faut pas confondre protection de l'emploi et protection sociale : le pays qui a les meilleurs résultats en Europe, c'est le Danemark.
Prendre pour modèles les USA et le R.U, en 2011, il faut vivre dans un autre quand même !

Ces 2 nations, aux économies ruinées, sont à la limite du défaut de paiement et ne tiennent que grâce à la planche à billet ; aux USA, 1 personne sur 6 mange grâce aux bons alimentaires...

Si c'est votre idée de l'avenir pour la France, Mr Gimenez-Roche...

Quant aux taux du BSL...Franchement... Le taux de chômage des USA en dessous de 10% ; il n'y que vous pour y croire...D'après ce que j'en sais, il est plutôt entre 15 et 20%, donc vos théories fumeuses ne tiennent pas.

Il est certain qu'avec des chiffres pipotés, on peut dire n'importe quoi...
si vous aviez bien lu l'article, vous auriez remarqué qu'il n'utilise pas que les US et le RU comme exemples. En plus, il s'agit des exemples et non des modèles à suivre...

quant aux bons alimentaires, le chiffre est plutôt à 1 sur 8 au niveau national. franchement, les européens occidentaux on ne fait pas mieux avec nos allocations qui en plus sont plus significatives que les bons américains.

idée d'avenir pour la France? on y est déjà depuis longtemps...

pour les stats, et oui, on ne peut pas faire trop confiance aux chiffres étatiques. il reste que ce sont des chiffres pas mal surveillés par tout le monde pour être critiqués aisément (ce qui arrive souvent). cependant les stats historiques des 20 dernières années ne sont pas très honorables pour les européens occidentaux par rapport aux pays cités dans l'article.
En France il est possible de tout faire entre adultes consentants, sauf de travailler l'un pour l'autre
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Je vous conseille de vous documenter sur la théorie du salaire d'efficience. En outre il ne faut pas confondre protection de l'emploi et protection sociale : le pays qui a les meilleurs résultats en Europe, c'est le Danemark. Read more
paul B. - 7/13/2011 at 7:44 PM GMT
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