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Opération Fiasco

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Published : October 30th, 2012
1249 words - Reading time : 3 - 4 minutes
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Category : Gold and Silver

 

 

 

 

Ben Bernanke a finalement joué carte sur table. Confirmant ce que je ne cesse de répéter depuis maintenant de nombreuses années, il s’est encore une fois contenté de ses paroles en l’air et remèdes de charlatan habituels. Plus que jamais auparavant, il a clairement affirmé qu’il continuerait d’appliquer à l’économie des Etats-Unis une stratégie de perdants. En conséquence, le 13 septembre pourrait un jour apparaître comme étant le jour où l’Amérique a finalement jeté l’éponge.


Voici en quoi consiste le plan de la Fed: acheter chaque année des centaines de milliards de prêts immobiliers afin de diminuer les taux de ces prêts et faire grimper les prix immobiliers, afin d’encourager les gens à construire et acheter des maisons et à dépenser leurs capitaux propres ainsi libérés sur le marché des biens de consommation. En plus de cela, la Fed espère qu’une monnaie peu chère poussera les prix des actions à la hausse, et que Wall Street et les actionnaires se sentent plus riches et commencent à dépenser plus. Bien entendu, Bernanke n’admettrait jamais tout cela directement, mais plutôt que de vouloir fonder une économie sur l’augmentation de la production, de la productivité et de l’accumulation de richesse, il favorise la reprise de confiance, l’effet de levier et la hausse des prix. En d’autres termes, la Fed préfère l’illusion de croissance à la restructuration nécessaire à une croissance réelle.


Le problème que les médias n’ont pas su décrypter lors de la conférence de la Fed est que tout cela a déjà été essayé, et n’a jamais su fonctionner. Des politiques monétaires laxistes ont été à l’origine des bulles sur les actions et sur l’immobilier de ces dix dernières années, dont l’éclatement a déjà failli effondrer l’économie toute entière. Il faut croire qu’aux yeux de Bernanke et de ses acolytes, faillir n’est pas suffisant. Ils sont désormais de retour pour finir le travail. Mais cette fois-ci, ils disposent d’armes aux calibres bien plus gros. Ils tentent non seulement de maintenir les taux sur prêts immobilier très bas, ce sont également eux qui achètent tous les prêts disponibles !


L'année dernière, la Fed lançait sa fameuse ‘Operation Twist’, sensée réduire les taux d’intérêts sur le long terme et aplanir la courbe de rendements. Sans pour autant apporter de bénéfices à l’économie, cette opération a exposé les contribuables Américains et les détenteurs d’actifs en dollars aux dangers que présente la diminution de la maturité de la dette de 16 trillions de dollars du gouvernement des Etats-Unis. De telles politiques exposeraient le Trésor à des conséquences bien plus pénibles si les taux d’intérêts étaient réhaussés. Il n’en est pas moins que les nouvelles politiques annoncées hier causeront bien plus de damage encore qu’Operation Twist. Nous devrions surnommer cette nouvelle opération l’Opération Fiasco. Ne vous y trompez pas, toute personne possédant des dollars, des obligations du Trésor, ou vivant d’un salaire fixe en trouvera son pouvoir d’achat amoindri.


Les politiques passées de quantitative easing n’ont rien fait pour raviver notre économie ou pour nous mener vers le chemin de la reprise. Nous souffrons d’une dette plus importante, encore plus de nos concitoyens sont au chômage, et nous avons des problèmes bien plus graves que lorsque la Fed commençait seulement à mettre en place ses solutions. Ceux qui la supportent peuvent bien dire que les choses auraient été bien pires sans politique de stimulus. Bien que leurs arguments soient difficiles à prouver, je ne doute aucunement que les choses auraient été pires sur le court terme si nous avions laissé les déséquilibres économiques se régler d’eux-mêmes. Mais après cette courte période de difficulté, nous aurions pu connaître un recouvrement économique réel. Malheureusement, nous avons préféré un modèle d’emprunts et de dépenses artificiels qui nous a transportés encore plus loin de la terre ferme.


Parce que les initiales de quantitative easing – QE – ont rappelé à certains les navires de croisière Queen Elizabeth, les décisions de la Fed sont parfois décrites comme étant de très grands navires chargés à ras bord et en partance pour le grand large. En revanche, au vu des nouveaux plans de la Fed, cette analogie ne tient plus la route. Un quantitative easing est désormais sur le point de nous être livré par convois continuels qui injectent de la monnaie peu chère dans l’économie. La seule variable sera la vitesse à laquelle ce convoi se déplacera.


Fort heureusement, les limites du seul outil de régulation dont semble disposer la Fed est devenu apparent aux yeux des marchés. Pour rester dans le lexique nautique, disons que QE3 a coulé avant même d’avoir quitté le port. Bien que son objectif ait explicitement été de diminuer les taux d’intérêts sur le long terme, les taux d’intérêts ont augmenté significativement juste après l’annonce de QE3. Les traders savent très bien qu’un engagement d’acheter des obligations sur une durée indéterminée signifie que l’inflation et la faiblesse du dollar finiront par annuler les gains nominaux sur ces mêmes obligations. Pour souligner ce point, l’annonce de la Fed a également entraîné de nombreuses ventes d’obligations et de dollars ainsi qu’une ruée vers les matières premières et particulièrement vers les métaux précieux.


Etant donné que les prêts immobiliers à taux fixe sur 30 ans ont déjà atteint leur record historique à la baisse, le nouveau plan de la Fed pourrait encore les faire diminuer, tout particulièrement du fait de la fluctuation à la hausse que nous avons pu apercevoir juste après sa récente annonce. Bernanke tente de pousser les propriétaires à échanger leur prêt immobilier à taux fixe contre un prêt à taux plus faible et ajustable – ce qui libérerait plus de capital pouvant ensuite être dépensé sur le marché des biens de consommation. Il attend des propriétaires à ce qu’ils s’embobinent eux-mêmes. Si son plan fonctionnait, plus de propriétaires seraient vulnérables à la hausse des taux, ce qui limiterait encore plus la possibilité pour la Fed d’augmenter les taux d’intérêt pour combattre la hausse des prix.


L’objectif de ce plan est de créer du pouvoir d’achat en augmentant le prix de l’immobilier et des actions. Personne ne semble prendre en considération le fait qu’une politique illimitée de QE pourrait échouer à faire grimper les prix des obligations, des actions et de l’immobilier, et entraîner une hausse des prix des produits alimentaires, de l’énergie et des autres biens de consommation. Si cela venait à se produire, les consommateurs verraient encore une fois leur pouvoir d’achat diminuer.


L’annonce de la Fed apparaît alors que l’Europe s’extirpe enfin du mode ‘situation d’urgence’. Bien que je ne pense pas que la décision de la BCE de garantir les dettes des membres de l’Union Européenne en difficulté puisse fonctionner sur le long terme, il est bon de noter que l’Allemagne a toutefois imposé quelques conditions à cette garantie [pour en savoir plus, lire cet article de John Browne]. Je pense que l’attention des traders se tournera bientôt vers la faiblesse du dollar plutôt que vers l’éclatement potentiel de la zone Euro.


Il est nécessaire que vous compreniez ce que cela implique pour les investisseurs Américains. La Fed tente encore une fois de relancer l’économie en dévaluant sa devise. Elle ne changera jamais son mode d’action. Si l’économie manque de réagir à ce nouvel apport de drogues, Bernanke se contentera d’en augmenter la dose. Il est tant convaincu d’avoir raison de lancer des vagues illimitées de QE qu’il est allé jusqu’à dire qu’il n’y mettrait pas fin même si la situation venait à s’améliorer. En d’autres termes, le dollar est foutu.



Peter Schiff


 

 

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Y a-t-il une politique monétaire juste, exacte, parfaite ? qui privilégie autant la stabilité des prix à long terme que la croissance et la baisse du chômage? qui n est pas influancé par les lobbys? Il me semble que la FED a un également des objectifs de croissance et de lutte pour le plein emploi dans son mandat (à la différance de la BCE, qui n'a que la stabilité des prix). N'est-ce pas les échecs de la politique fiscale des année 2000 (et la baisse des impôts Bush...) qui a forcé la FED à plus d'assouplissemnt monétaire et a créé les bulles? Certes les risques inflationistes sont réels, mais l'économie US montre des signes encourageant, non? (baisse du chômage, marché immobilier en reprise). Le mal actuel est la DEFLATION. Le dollar est foutou? on dit ça depuis longtemps, en effet, il n'en reste pas moins, encore, toujour? une monnaie refuge...
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Il y a une pratique monétaire juste, exacte, parfaite, assurant la stabilité des prix à long terme, la croissance et la baisse du chomage : il suffit d'interdire tout d'abord aux gouvernements de se méler de la monnaie (c'est à dire revenir à une monnaie matière première comme l'or) et secondement interdire aux banques la pratique des réserves fractionnaires.
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"la Fed préfère l’illusion de croissance"
la croissance (du PIB, puisqu'il s'agit de cela) EST illusion. ou plus exactement une variante d'illusion : le mirage (de l'oasis en plein désert). point.
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