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Pas de chocolat, pas de bras

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Published : January 17th, 2012
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Situé à la croisée du monde politique et civil, le lobbying souffre de préjugés défavorables. Le lobbying est l’activité qui consiste à surveiller, analyser et infléchir les décisions des titulaires de charges publiques. Mais de quoi est-il le fruit ?


A Bruxelles, là où les décisions publiques de l’Union Européenne (UE) convergent et se construisent, on compte un lobbyiste pour trois titulaires de charges publiques.


Ces groupes d’intérêts sont variés : représentations permanentes des États-membres, fédérations professionnelles, consultants, entreprises, organisations non-gouvernementales, syndicats, représentations de collectivités publiques, agences gouvernementales, organisations internationales, laboratoires d’idées. Tous tentent d’influer sur l'élaboration des politiques de l'UE.


En effet, une nouvelle réglementation pouvant profondément modifier leurs activités, les différents acteurs essaient de se tenir informés des intentions du législateur et d’être entendus lors du processus décisionnel.


Le dialogue entre groupes d’intérêts et décideurs publics n’est pas une négociation car les deux parties ne sont pas égales : les lobbyistes tentent de convaincre, les décideurs décident. Ainsi se crée un forum où l’État cherche l’information technique qui lui manque et où la société civile contribue à la décision en tentant de l’infléchir par ses arguments. Sans pouvoir de décision de l’État, le lobbying est sans objet.


Plus le périmètre de l’État s’élargit et plus son pouvoir s’approfondit, plus il y a de secteurs touchés. Plus la matière de la décision devient complexe, personne ne disposant plus à lui seul de l’expertise technique et juridique nécessaire à analyser toutes les conséquences de la décision, plus s’accroît le nombre de responsables et de comités d’experts. Mécaniquement, plus l’État a de pouvoir, plus il y a de lobbying.


De ce dialogue forcé émerge un compromis, ce qui est un avantage puisque cela permet de prendre en compte une pluralité d’intérêts mais aussi un inconvénient puisque les points de vue les moins représentés sont évacués même s’ils sont pertinents.


Seront davantage représentés les groupes d’intérêts ayant le plus de ressources électorales (le plus grand nombre de salariés ou de sympathisants), financières (permettant d’embaucher plus d’experts techniques et juridiques sur une plus longue durée) ou symboliques (être vu comme un « chevalier blanc ») nécessaires pour se faire connaitre. Ainsi, les organisations ayant le plus de capital ont un potentiel d’influence plus important que les autres.


Par exemple, une grande entreprise pourra mieux survivre à l’introduction d’une nouvelle loi que ses concurrents plus petits. C’est une des raisons pour lesquelles les grandes entreprises privilégient les nouvelles règlementations tandis que les petites s’y opposent en général.


Afin de rendre possible des marchés oligopolistiques stables, les organisations les plus influentes « occupent » ainsi les agences gouvernementales chargées de les règlementer. C’est le phénomène récurrent dit de la capture règlementaire où un agent tire un bénéfice de son contrôle sur un segment de l’État qui en transfère les coûts à un grand nombre de non-bénéficiaires de façon à rendre indolore ce transfert.


Cette collusion entre réglementateurs et réglementés n’est pas délibérée. Au-delà du fait que les organisations règlementées sont la première source d’information de l’État, il existe naturellement une culture commune entre réglementateurs et règlementés.


L’identité professionnelle entre réglementateurs financiers et grandes banques est par exemple documentée (Jon Corzine, Henry Paulson, Mario Draghi, Mario Monti, etc.). Ce flux installe une vision du monde favorable aux banques dans les couloirs du pouvoir et donne une image de service public à cette industrie.


Elle laisse dans l’angle mort les alternatives spontanées et axe les réformes sur la correction marginale du modèle organisationnel en place : la nécessité de son existence est un présupposé. Les règlementés-règlementateurs voient leur identité comme allant dans l’intérêt du public, comme la diffusion de leur expertise. Cette identité idéologique crée un sentiment général d'obligation à protéger les grandes organisations.


Tout ceci aboutit à ce que Frédéric Bastiat appelait la privatisation de l’État : un État se mêlant de tout aboutit organiquement à favoriser des intérêts privés.


Pour diminuer le lobbying, il faut limiter le pouvoir de l’État : on n’influence pas quelqu’un qui n’a aucun pouvoir. S’il n’y a pas de chocolat, on ne tend pas le bras pour le prendre.

 

 

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Alex Korbel est consultant en affaires publiques européennes
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Saviez vous que le mot "Lobbying" provenait du parlement de Londres ?

De son entrée (Lobby) plus précisément, parce que tout citoyen peut s'y rendre, et demander à rencontrer le parlementaire qui le représente, et bien sur lui demander de l'aider dans ses causes ou ses affaires.

D'où l'expression.

http://en.wikipedia.org/wiki/Lobbying
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En d'autre temps on aurait exigé l'utilisation de mots français pour désigner un terme. Corruption, par exemple, me semblerait plus adéquat
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Historiquement je pencherais plutôt pour "graisser la patte".
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D'accord avec vous.

On fêtera ça autour d'un pot de vin
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Excellent tout cela ! Qu'est-ce qu'on rigole... en attendant d'être tondus !
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Vive la calotte !
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