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Plan cancer 3 : quand les bonnes intentions ne suffisent pas

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Published : February 18th, 2014
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François Hollande a dévoilé le 3ème plan de lutte contre le cancer pour les cinq années à venir. Si cette lutte est évidemment une excellente chose, il convient néanmoins d’examiner une tendance qui, dans la lignée des plans précédents, montre sa limite sans pour autant que les pouvoirs publics en prennent la mesure. Il en est ainsi de l’augmentation continue du prix du tabac, accusé d’être à l’origine du cancer du poumon.  Les limites de cette mesure ne sont pas seulement économiques, à savoir qu’elles sont la cause d’une véritable anomalie sur les marchés, mais elles sont aussi sanitaires.


L’impact bénéfique de ces hausses à répétition est, en effet, remis en cause sur le plan sanitaire. Le gouvernement, et François Hollande, ne soulignent-ils pas eux-mêmes d’ailleurs qu’alors que la France est le pays d’Europe où les prix du tabac ont le plus fortement augmenté, « il y a aujourd’hui plus de fumeurs qu’il y a cinq ans », reconnaissant par la même occasion que les choses ne sont pas aussi simples qu’ils veulent le croire ?


Mais ce n’est pas tout. Inefficace, la contrainte fiscale pourrait même se révéler dangereuse, qu’il s’agisse de tabac, d’alcool ou d’alimentation (sodas et boissons sucrées, aliments trop gras, etc.). En effet, sans une véritable évolution dans les modes de consommation, on assiste non pas à une baisse de la consommation mais seulement à celle des ventes officielles des produits surtaxés. Les consommateurs ont tout simplement tendance à leur substituer d’autres produits tout aussi, voire plus nocifs, sur le plan de la santé.


L’expérience américaine des « taxes sodas » montre par exemple que les consommateurs – notamment les enfants et les adolescents – se mettent à boire d’autres boissons caloriques relativement moins chères avec un effet inexistant ou minime sur le surpoids et l’obésité. Quand les pouvoirs publics ont décidé de taxer le gras – comme au Danemark –, les consommateurs ont augmenté leurs achats transfrontaliers et se sont tournés vers des produits moins chers, présentant tout autant de risques, sinon plus pour la santé  du fait de leur moindre qualité. Le même phénomène a été observé pour l’alcool, les consommateurs se rabattant sur des boissons alcooliques moins chères et plus fortes, ou leur substituant une autre substance comme le cannabis.


Les taxes sur le tabac – que François Hollande propose encore d’augmenter – ne sont pas exemptes de tels effets pervers. Des études montrent ainsi que les fumeurs passent à des cigarettes plus puissantes (et moins chères) et se mettent à fumer chaque cigarette de manière plus intense, augmentant l’absorption de nicotine et de goudron – considéré comme la cause de cancer – par cigarette fumée. Du coup, la hausse des taxes sur le tabac n’est pas forcément associée à une amélioration de l’état de santé de la population, même quand le nombre de cigarettes vendues diminue.


Ensuite, les taxes sont la raison nécessaire et suffisante de l’émergence de trafics plus ou moins licites qui profitent de chaque nouvelle hausse.  Car il ne faut perdre de vue que ce n’est pas la nature du produit surtaxé en soi qui en est à l’origine, mais la lourde fiscalité à laquelle il est soumis. La gabelle en France fut ainsi à l’origine d’une contrebande intensive de sel à l’époque. Le savon, qui fut soumis en Angleterre jusqu’au milieu du XIXe siècle à une taxation spécifique allant jusqu’à 110 à 120% de son prix, fut lui aussi l’objet d’une contrebande dynamique.


Or, l’annonce de François Hollande de poursuivre dans cette voie, fait suite à une augmentation très récente du prix du tabac, la 3ème du genre en quinze mois et coïncide avec une chute du marché légal. Celui-ci aurait, en effet, baissé de près de 8% en 2013. Le marché parallèle est quant à lui estimé à 23%, soit près d’une cigarette sur quatre.


Le dynamisme du marché noir risque même de s’amplifier dans la mesure où il est maintenant possible de rapatrier en France, depuis le début de l’année, jusqu’à 50 cartouches (soit dix fois plus qu’avant) et 5000 cigares (soit cent fois plus) pour une voiture de cinq personnes.


Au final, François Hollande a manqué l’occasion d’innover en matière de lutte contre le cancer, là où les bonnes intentions ne suffisent pas. En alimentant les marchés illicites – dont on sait qu’ils sont loin d’être la panacée – par des hausses de prix trop nombreuses et trop importantes, il va tarir les recettes dont il espère qu’elles pourraient pourtant nourrir le fonds de lutte contre le cancer.   


 

 

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Valentin Petkantchin détient un doctorat ès sciences économiques et est diplômé du Magistère média et formation économique de l’Université d’Aix-Marseille III. Il a été chercheur au Centre d’analyse économique et enseignant d’économie au sein de cette même université. Entre 2004 et 2006, il a été le directeur de la recherche de l’Institut économique de Montréal. Il est l’auteur d’un livre sur l’histoire de la pensée économique et l’œuvre d’Adam Smith, intitulé Les sentiments moraux font la richesse des nations. Il est actuellement chercheur à l’Institut économique Molinari et analyste à la société de gestion Overlord France Finance.
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http://www.youtube.com/watch?v=xlqqDoetoa4
Le problème du type qui n'a qu'un marteau comme outil, c'est que pour lui tout ressemble à un clou.

En l'espèce, l'Etat, qui a abandonné depuis des dizaines d'années son éventuel role dans l'instruction des français aux syndicats plus ou moins communistes, n'a plus aucun moyen d'éduquer la population. Sa seule arme est la contrainte, qui se manifeste de deux manières, l'interdiction et la taxation.

Et donc, un problème avec la securité routière ? On taxe et on radarise. Un problème avec l'écologie ? On taxe. Un problème avec l'obesité ? On taxe. Un problème avec le cancer ? On taxe.

Ce serait parfaitement ridicule si ce n'était aussi pitoyable, pathétique et prévisible. Pauvre France.
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