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Quand l’hôpital public défend la concurrence pure et parfaite

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Published : February 13th, 2013
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Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) est en vigueur depuis plus d’un mois maintenant, ravivant les tensions entre hôpitaux publics et privés. Sans surprise, les défenseurs de l’hôpital public se sentent trahis par le gouvernement socialiste, soupçonné de relancer, sous une autre forme, la convergence tarifaire à laquelle avait mis fin le projet de loi de financement de la sécurité sociale le 30 octobre 2012.


Jusque là, rien d'étonnant. Ce qui est surprenant en revanche, ce sont les arguments avancés. Les hôpitaux publics dénoncent une « distorsion de la concurrence ». En allégeant de 500 millions d’euros, selon la Fédération hospitalière de France (FHF), le fardeau fiscal pesant sur les cliniques comme sur l'ensemble des entreprises payant l'impôt sur les sociétés ou sur le revenu, le CICE aurait pour effet d’aggraver les difficultés du public en soutenant le privé.


Il y a bien une distorsion de la concurrence. Mais en faveur des hôpitaux publics, non des cliniques. En tant qu’entités administratives sous l’égide de la sécurité sociale, les établissements publics de santé sont en effet mal placés pour défendre la concurrence pure et parfaite, le propre du financement public étant de « corriger » le marché, donc de fausser la concurrence entre les agents économiques.


Les hôpitaux publics sont par ailleurs clairement avantagés car ils captent presque 99% de la dotation MIGAC (missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation) attribuée chaque année au secteur hospitalier, soit 8,563 milliards d’euros en 2012. Ne nous y trompons pas : c’est bien aux hôpitaux publics, non aux hôpitaux privés, que l’État fait un cadeau. 


Il faut également prendre en compte la baisse des tarifs du privé qui pourrait venir « compenser » les effets du CICE en creusant un peu plus l’écart tarifaire avec les hôpitaux. Si cette baisse était de 3% comme le demande la FHF, un tiers des cliniques se retrouveraient en grande difficulté, certaines même faisant faillite.


En effet, de manière tout à fait paradoxale, la « neutralisation » du crédit d'impôt en précéderait les effets : la baisse des tarifs s'effectuerait dès 2013, tandis que les bénéfices du crédit d'impôt ne se feraient pas sentir avant juin 2014... Un timing habile, qui assurerait à l'État suffisamment de recettes fiscales pour rentrer dans son budget 2013 tout en mettant les cliniques en difficulté, comme l’espèrent les hôpitaux publics.


Car ne l'oublions pas : le crédit d'impôt n’a rien d’un « cadeau fiscal ». Au contraire, le CICE confirme la tutelle de l'État sur la richesse créée par les entreprises. Contrairement à ce que prétendent les députés de la majorité socialiste, ce n’est pas le gouvernement qui fait un « chèque en blanc » aux entreprises. Ce sont les entreprises qui prêtent gratuitement leur argent au gouvernement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, aujourd’hui comme hier, Bercy aime mieux « rendre » l'argent que de ne l'avoir jamais prélevé (en allégeant les charges par exemple…).


Si le gouvernement compense le crédit d’impôt par une baisse tarifaire, on pourra même dire que cet emprunt est financé par le prêteur lui-même. Tout se passera alors comme si les cliniques devaient payer pour avoir osé prêter gratuitement de l'argent – et avec le sourire.

 

 

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