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Responsabiliser les banques… en les sauvant ?

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Published : March 29th, 2013
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Les turbulences grecques n’auront pas épargné les banques chypriotes. Endettée à environ 90% de son PIB, Chypre s’est tournée vers l’Eurogroupe et le FMI, qui demandait initialement  la mise en place d’une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires en échange d’un prêt de 10 milliards d’euros destiné à éviter la faillite. Si ces nouveaux prélèvements devaient permettre d’éviter une aggravation de la dette publique, sa seule évocation a suscité la colère des déposants, non sans nourrir au passage un surcroît de méfiance à l’endroit des responsables européens. L’occasion pour certains de dénoncer une nouvelles fois les ravages de l’ultralibéralisme.



Le libéralisme introuvable


Que Jean-Luc Mélenchon s’indigne du traitement infligé aux Chypriotes par les gardiens de l’euro n’a en soi rien de surprenant. On sait la tendance du Front de Gauche et de la gauche en général à rendre le libéralisme responsable non seulement des crises mais des remèdes préconisés pour en sortir. Cette explication est commode, car elle fonde la croyance que le capitalisme financier mondialisé utilise le levier de la dette pour fragiliser les États et imposer le règne du marché.


Plus étonnant est l’entêtement des économistes à taxer de libérales des décisions qui ne le sont pas. Dans un article récent de La Tribune, l’économiste Michel Santi dénonce la taxe « confiscatoire » faisant payer les mauvais choix des banques aux déposants chypriotes (43 milliards d’euros de dépôts sur un total de 68 milliards).


Mais qu’y-a-t-il de libéral à faire payer aux uns les erreurs des autres, qui plus est par voie d’autorité, en recourant à l’impôt ? Rien.


Les théories libérales triomphent-elles quand l’État augmente la pression fiscale pour sauver des entreprises de la faillite ? Sûrement pas.


Peut-on dire que le libéralisme impose sa loi quand la dette d’un État égale presque son PIB et que cet État, pour se tirer d’affaire, n’a plus le choix qu’entre de nouvelles dettes et de nouvelles taxes ? Non, plutôt l’inverse.


À l’origine de cette confusion, il y a la croyance que le libéralisme est le dogme officiel des multinationales, des banques et des investisseurs institutionnels. On en déduit qu’une mesure satisfaisante pour le « grand capital » est une mesure d’inspiration libérale – et qu’inversement, une mesure n’est pas libérale dès lors qu’elle contrarie le « grand capital ». C’est peut-être la raison pour laquelle M. Santi parvient, dans un même article, à montrer du doigt l’ultralibéralisme européen tout en regrettant que l’Eurogroupe et le FMI sauvent les banques chypriotes au lieu de les laisser faire faillite – option défendue par les libéraux les plus convaincus et systématiquement écartée au nom de l’euro.

                                     


L’autre spirale infernale


La réflexion sur les responsables de la crise a ceci de paradoxal qu’elle ignore délibérément le principe de responsabilité en tant que variable explicative. Les observateurs redoutent la spirale infernale de la ruée vers les banque : la taxation des dépôts pourrait provoquer une augmentation brutale de la demande de liquidité, précipitant ainsi l’écroulement du système bancaire chypriote et la banqueroute de l’État, censé garantir les dépôts jusqu’à 100 000 euros. Mais l’autre spirale de la déresponsabilisation passe, elle, relativement inaperçue.


Ceux qui aujourd’hui veulent sauver les banques chypriotes invoquent l’impérieuse nécessité de préserver la confiance des marchés financiers. Une solution de court terme défendue par ceux-là même qui dénoncent les calculs court-termistes des spéculateurs. À long terme, la solution devient un problème : se sachant trop grosses pour être abandonnées à leur sort, la Bank of Cyprus et la Laiki Bank n’ont aucune raison sérieuse de se responsabiliser. Ce sauvetage européen peut même être considéré comme une assurance sur la spéculation.


On répondra qu’abandonner les banques chypriotes à leur sort, c’est abandonner du même coup le peuple chypriote et provoquer de nouvelles turbulences au sein de la zone euro. Qu’entre pays de la zone euro, il faut s’entraider. Qu’à long terme, comme disait Keynes, nous sommes tous morts, et que par conséquent les préoccupations du court terme ne peuvent être balayées du revers de la main. Ces rationalisations après coup ne peuvent dissimuler le raisonnement sous-jacent au sauvetage européen et à l’intervention des États en règle générale.


Contrairement aux libéraux, qui considèrent la faillite comme une sanction – et donc comme une leçon pour l’avenir –, les partisans de l’intervention y voient d’abord une catastrophe à éviter dès lors qu’elle affecte un grand nombre de gens, cela au risque de déresponsabiliser encore davantage banques et entreprises. Quelles qu’en soient les modalités – taxation des plus riches, endettement public – le sauvetage d’une banque a toujours pour effet de lui épargner les conséquences de ses choix.


L’idée même que l’État puisse restaurer la confiance dans le système bancaire est un mensonge pur et simple. Ce n’est pas aux banques que les gens font confiance, mais bien aux États prêts à intervenir en cas de crise financière. Sans la garantie des dépôts bancaires à hauteur de 100 000 euros, combien de Chypriotes auraient placé leur épargne à la banque ? Et que se passe-t-il quand l’État, censé garantir les dépôts, ne dispose pas des 30 milliards d’euros nécessaires ?


À l’heure où tout le monde parle de faire payer les responsables, il serait judicieux de les responsabiliser en abandonnant la règle du « too big to fail ». Facile à dire, quand on ne prend pas les décisions. Mais la décision prise en 2012 de restructurer la dette grecque était-elle mieux inspirée ? Aujourd’hui, Nicosie répond non.

 

 

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L’épisode Chypriote, n’est que le début d'une plus grande irresponsabilité encore, des gouverne ments, qui préfèrent le bouc-émissaire facile que serait le libéralisme, alors que le dogme inepte, frauduleux, insensé, anti-démocratique du 'too big too fail' fausse totalement et méprisamment l'esprit même des lois les plus basiques de l'économie de marché et notre sacro-saint droit à la propriété réunis, lesquels sont l'essence même de notre civilisation Occidentale, excusez du peu ... Ce dogme n'est autre que celui des 'diables d'en haut', au premier rang desquels, la FED et sa vision fanatique, cupide, écervelée et suicidaire de 'l'Ordre Global' comme seul but et moteur d'un village humain mondialisé et surtout moutonnisé à dessein... Quelle foutaise et quelle folie ! Voilà qui est dit. Mais revenons à Chypre. Ne nous y trompons pas. Si l'île d'Aphrodite, dont la beauté ne sera plus dor énavant que pure évanescence, rentre elle aussi dans ce paradigme rothschildien amoral et erratique en terme d'inconséquences schizophréniques, dont la gravité est l'affaire de tous... c’est bien parce qu'une boîte de Pandore vient d'être ouverte, comme une sorte de répétition à une petite échelle...
La suite à laquelle on peut inéluctablement s'attendre, c’est que d’autres pays lui emboîtent le pas, à la 'mode (d'emploi) chypriote'... voir l'aveu puis le rétropédalage dans les jours qui ont suivi, de Jeroen Dijsselbloem, un gaffeur en série, mais pas n'importe lequel puisqu'à la tête de l'Eurogroupe, rien que çà ! : http://www.france24.com/fr/20130326-jeroen-dijsselbloem-gaffe-chypre-eurogroupe-patron-banque-economie-europe-hollande.
Effectivement, cette méthode de confiscation de l’épargne du peuple, même si le laboratoire d'essai merkélien a finalement abouti à un maquillage sous forme de taxation, devrait très rapidement se révéler sous son vrai visage, tel un vice rédibitoire politico-financier. Quid de 'l'alea moral' lorsque l'alchimie de notre 'UE Soviétocratique' le mute en 'aléa immoral' ? Puisque tout c’est bien passé au niveau politique et social (pas de manifestation monstre, pas de grosse révolte populaire et débordement contestataire 'bankable' au plan médiatique...), qu’est-ce qui, demain, va empêcher la Grèce, l’Espagne, l'Italie, le Portugal, la Belgique, la Slovénie et plus tard la France de faire la même chose, au nom d'un patriotisme fédéraliste et solidaire eurocratique... Parce qu'au final, comme toujours, c’est le vrai peuple qui est la variable d'ajustement (surtout les classes moyennes), le vrai peuple qui doit être patriote et doit se sacrifier !
Derechef, on fait grand cas de Chypre, et çà se comprend, mais ne sommes-nous pas dans la même situation depuis les réformettes fiscales, et je ne parle pas seulement de 2012/2013. L’épargne en France n’est pas à l’abri depuis longtemps : inflation, CSG-CRDS, frais bancaires, retenues à la source, ISF, droits de succession, etc... Bref, si nous faisons le calcul, la seule différence, c’est que cela se fait avec plus de brutalité à Chypre.
Et le plus dramatique... c'est que tout ce capharnaüm ubuesque ne sert absolument à rien, tant que le problème de l'endettement planétaire démentiel ne sera pas achevé par un DEFAUT GLOBALISE, lequel amènera inexorablement à une refonte complète du SMI, avec l'or au coeur de tout nouveau système, de quelque nature qu'il sera. C'est ça que tous nos dirigeants savent mais ne nous avouerons jamais. L'argent et le pouvoir étant l'oeuvre essentielle de leur vie... ils préféreront encore une troisième guerre mondiale, au renoncement de leur avidité et cupidité irresponsables...
C'est pourquoi, une seule conclusion individuelle faute de n'être pas encore unis et forts... à titre de résolution s'impose 'naturellement' mais non moins expréssement : il vaut mieux ne surtout pas conserver son épargne en bankstérie ! En premier lieu, il faut penser à constituer une réserve de cash (espèces) chez soi. Ensuite, investir impérativement dans les actifs réels que sont l’or et le 'silver' (argent métal), éventuellement les pierres précieuses (de petite taille), et pour les plus aisés d'entre nous, les oeuvres d'art, les terres agricoles et forêts et en dernier ressort les investissements à crédit dans le 'real estate' procurant des revenus locatifs. Toutefois, il est toujours très utile de rappeler, relativement à l'acquisition salutaire de MPx, qu'il faut veiller à les conserver chez soi, à portée de main si possible (astucieusement, i.e. en faisant preuve de créativité, d'imagination au besoin...), et à faire preuve d'un grand mutisme !
Les mois ou les années qui arrivent vont très certainement être durs à tous égards... courage donc ! Le 'bon coté' du test Chypriote c'est qu'il devrait nous aider à 'mûrir' et à nous grandir également, eu égard à notre façon de concevoir notre 'autonomie'... en nous permettant, si nous sommes suffisamment sages et perspicaces, de nous préparer intelligemment ! ...pour sûr, conseil d'ami !


_ " Il y a une corrélation entre l'intensité des attaques officielles de l'or et la sévérité des crises monétaires. " Hans F. Sennholz (né en Allemagne en 1922 et mort en 2007, économiste de l'école autrichienne, il a été l'élève de Ludwig von Mises, et partisan de l'étalon-or. Il a enseigné la science économique au Grove City College, de 1956 à 1992. Il est devenu ensuite consultant).
_ " Il plus facile de légaliser certaines choses que de les légitimer... (Courage... fuyons toujours plus en avant ! s'écrient nos politicards ; NdL*) " Chamfort
_ " Bon, c'est bien beau tout ça, mais moi je file 'à la française', de ce pas, vers mon cher potager 'salvateur'... Et puis Jean-Jacques Rousseau l'a dit : 'Il faut cultiver notre jardin'... puis Ronsard : 'Mignonne, allons voir si la rose... (j'essaierai avec les boutons d'or, ça le fera bien aussi !)' " NdL*
_ " 'Pas de bras... pas de chocolat !' ; 'pas d'or... pas de future survie !' " *NdL


*NdL = Note de l'auteur
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debudelafin - 3/30/2013 at 2:58 AM GMT
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