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Si loin des libéraux, si proche des soviétiques

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Published : January 30th, 2013
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Category : Editorials

 

 

 

 

Êtes-vous un marxiste blanc ? Si vous ne comprenez pas la question, c'est peut-être parce que vous n'avez pas lu cet article publié par Sud Ouest en décembre dernier, dans lequel Jean-Claude Guillebaud renvoie dos à dos marxistes et libéraux. Une position consensuelle qui en dit long sur les idées reçues concernant le « néolibéralisme » et ce que « devrait » être le rôle de l'État dans l'économie.


L'expression « marxistes blancs », pour commencer, confond le lecteur plus qu'elle ne l'éclaire : l'oxymore a son charme, mais passé l'effet de surprise, il est difficile de se représenter la chose. Le marxisme de droite, le marxisme nationaliste, ce sont des choses que nous pouvons imaginer pour en avoir fait l'expérience en Italie (sous Mussolini), en Allemagne (sous Hitler) ou en Yougoslavie (sous Tito, homme de droite selon le Kremlin). Il en est autrement du « marxisme blanc » : impossible de l'évoquer sans déformer la signification d'au moins un des deux termes.


L'expression apparaît encore plus bancale quand on sait ce qu'elle désigne dans l'article de M. Guillebaud. Les « marxistes blancs », ce sont ces « néolibéraux » convaincus que le libéralisme est une science dont les lois s'imposeront à tous. Au marxisme rouge des soviétiques, qui prenaient leur doctrine pour une science, répondrait ainsi le marxisme blanc des néolibéraux, qui promettent eux aussi des lendemains qui chantent, mais à travers le Marché.


On avait déjà du mal à imaginer des marxistes blancs. On a encore plus de mal à imaginer des marxistes blancs néolibéraux...


Si Jean-Claude Guillebaud affectionne tant cette expression, c'est parce qu'elle lui permet de condamner pêle-mêle marxistes et libéraux, au motif que les uns et les autres se réclament de la science.


C'est pourtant loin d'être aussi simple. Car contrairement aux marxistes, les libéraux ne prétendent pas que l'Histoire va dans leur sens. Et quand ils disent qu'on ne peut échapper à la mondialisation, ils rappellent simplement que nul agent économique ne peut s'y opposer sans en payer le prix – un prix que les promoteurs de la « décroissance », à gauche, se disent d’ailleurs prêts à payer.


De plus, l'article ne fait pas la distinction entre pseudo-sciences et convictions : or le fait que les « néolibéraux » soient convaincus d'être dans le vrai ne fait pas d'eux les héritiers du matérialisme historique. M. Guillebaud a lui-même des convictions sur la mondialisation, le réchauffement climatique, l'humanité ou encore le « lien social » menacé par un libéralisme jugé dominant – il est donc bien placé pour le comprendre.


Enfin, l'idée que l'on peut « piloter » l'économie avec une exactitude scientifique est étrangère à la philosophie libérale. En revanche, elle est familière à ces gens qui prétendent remettre l'humain au centre de l'économie en moralisant le capitalisme et la finance mondiale. Or n'est-ce pas là le point commun le plus évident entre la promesse du marxisme et celle des conceptions vaguement socialisantes de l'économie dont M. Guillebaud se fait d'ordinaire l'avocat ?


Car à l'évidence, Jean-Claude Guillebaud adresse au « néolibéralisme » une critique qu'il ferait mieux de s'adresser à lui-même. Sans doute oublie-t-il que le propre de l'interventionnisme est de prêter à quelques hommes une connaissance de leur environnement suffisamment poussée pour faire prendre une direction précise à l'économie d'un pays entier. Si loin des libéraux, si proche des soviétiques...

 

 

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J'ai lu l'article de Guillebaud et je le trouve tout à fait pertinent. Un parallèle entre le discours des chiens de garde du "libéralisme" ou "néo-libéralisme" et celui des propagandistes des grandes heures staliniennes.
Au final, des individus opportunistes, arrivistes, avides de pouvoirs , d'argent, de privilèges , qui s'abritent hypocritement derrière un discours rationnel, la défense d'un idéal de société pour le bien de tous, pour en réalité défendre et maintenir des intérêts particuliers.
Selon Mr Nils Sinkiewicz l'interventionnisme des libéraux n'existe pas. Depuis des décennies les think-tanks , les lobbies , les cercles opaques ou se mêlent, politiques , journalistes, financiers, patrons de grand groupe, banquiers s'occupent d'orienter la politique de pays entiers.
Friedman, le consensus de washington , fmi ?
Les déboires du secteurs bancaires qui nous ont tous précipités dans la situation actuelle, cela n'est-il pas le fruit d'un travail constant au profit d'une minorité. Le sauvetage des banques et de leurs actionnaires avec les impôts des citoyens qui se lèvent tout les matins pour aller bosser, "to big to fail" se défendent-ils, si nous tombons vous tombez avec nous. Du racket. Du parasitisme.
Mr Nils Sinkiewicz est certes très érudit et finasse sur les détails théoriques. Mais dans la pratique il sait très bien de quels libéraux il est question ici.
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J'ai lu l'article et j'approuve ce qui vient d'être écrit par Nils .S.
En plus sur l'article du repenti communard de sud ouest, il faut lire entre les lignes ce que sous tend son discours...
Ces gens là ne doutent de rien et ne se remettent jamais en question...Mur de Berlin et communistes par terre ou pas !

C'est utile de lire l'article qui déclenche une réponse avant de commenter...je pense...Il y a d'ailleurs un commentaire intéressant à son article ...Intéressant car c'est moi qui l'ai rédigé ...Humour !
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Je n'ai pas lu l'article de Guillebaud mais je crois deviner ce qu'il veut dire en parlant de "marxistes blancs". Il s'agit bien des "néo-libéraux" et il critique leurs promesses de lendemains qui chantent si on fait ceci ou cela. En cela les "néo-lib." se rapprochent des marxistes, ils font de la politique. Un véritable libéral ne fais pas de politique, il applique des grands principes intangibles : la vérité, la justice, les droits fondamentaux...
Par exemple la politique libérale au sujet de l'impôt est de le réduire au minimum pour atteindre la prospérité. Un véritable libéral n'a qu'une réponse face à l'impôt : "l'impôt, c'est le vol", un point c'est tout. Ce n'est pas la peine de faire comme les marxistes en promettant la prospérité en faisant de la politique, il suffit d'avoir des principes.
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J'ai lu l'article de Guillebaud et je le trouve tout à fait pertinent. Un parallèle entre le discours des chiens de garde du "libéralisme" ou "néo-libéralisme" et celui des propagandistes des grandes heures staliniennes. Au final, des individus opportun  Read more
geronimox - 2/2/2013 at 10:15 AM GMT
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