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Solutions arrangeantes et vérités dérangeantes

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Published : April 17th, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

Comment sortir de la nasse dans laquelle les pays européens sont entrés ? La question agite les dirigeants, en pure perte. Nicolas Sarkozy vient d’ajouter un épisode à une histoire qui en comporte déjà beaucoup.


Pour l’aile libérale convaincue, la cause est entendue, un programme de réformes structurelles permettra à l’Europe de dégager des marges de compétitivité et d’améliorer ses résultats à l’exportation hors de la zone euro. Pour le président français et les plus pressés, l’idée est de baisser la valeur de l’euro, afin d’aboutir au même hypothétique résultat.


Maintenant la perspective sans nuance d’un apurement de la dette publique en continuant d’ignorer la crise du système bancaire privé, Nicolas Sarkozy évoque le choix entre la déflation et la croissance, pour privilégier la seconde, en évoquant un spectre jusqu’ici tabou.


Si l’on comprend bien les stratégies de relance proposées, il s’agit dans les deux cas de renouer avec la croissance grâce au développement des exportations dans un contexte peu propice car marqué par le resserrement des échanges internationaux. Eurostat vient par ailleurs d’annoncer un excédent du commerce extérieur de la zone euro de 2,8 milliards d’euros en février, après un déficit de 7,9 milliards en janvier, mais cela va changer quoi ?


L’élection éventuelle de François Hollande, suivie des changements politiques qui pourraient intervenir en Allemagne à la suite des élections législatives de 2013, fondent les espoirs de ceux qui attendent une évolution stratégique plus crédible. Les intentions du candidat n’ayant pas été clairement exprimées, un recul tactique ayant été même enregistré à propos de la renégociation du traité de discipline budgétaire – auquel il s’agit d’ajouter un volet croissance – qu’en reste-t-il ? Une phrase sibylline dans Le Monde de décembre dernier, selon laquelle il faudrait « changer la pratique de l’intervention de la BCE ».


A l’appui de la relance, différentes hypothèses ont été évoquées, reposant sur la mobilisation ou la réaffectation de capacités financières européennes existantes, de la Commission ou de la Banque européenne d’investissement (BEI). Du côté des sociaux-démocrates allemands, la définition d’une politique alternative est encore moins précise et achevée.


La triste vérité est que toutes ces propositions ont en commun de ne pas remettre en cause la stratégie défaillante qui sévit, juste de l’infléchir. Et que le débat d’orientation plus ou moins feutré qui se poursuit, et va se continuer plus ouvertement, va être confronté à la montée du nouvel épisode de la crise européenne, dont l’Espagne est le catalyseur. En particulier parce qu’elle va mettre en évidence que c’est une crise bancaire – donc de la dette privée – qui en l’espèce en est le principal moteur.


L’Espagne fait aujourd’hui ce que les dirigeants européens, au pouvoir ou en passe d’y accéder, se refusent à effectuer : elle infirme pratiquement la stratégie actuelle. En premier lieu en raison de sa crise bancaire, en second parce qu’elle effraye les marchés plus par la destruction de son économie qui est en train d’être opérée et la récession dans laquelle elle est entrée que par l’ampleur de son déficit public. Car si une chose est établie à leurs yeux, c’est que le plan de réduction de la dette publique n’a aucune crédibilité.


Dans une ultime tentative destinée à éviter la mise en œuvre d’un plan européen de soutien financier aux banques, le gouvernement espagnol cherche à mettre en place une bad bank, car le fonds de soutien (Forb) lancé en 2009 n’a pas la dimension requise pour financer le système bancaire. S’agissant de la réduction du déficit public, l’économiste Luis Garicano a estimé dans El Pais qu’atteindre l’objectif de 5,3% du PIB d’ici la fin de l’année, revenant à effectuer une correction de 3,2%, impliquait de trouver ou de ne pas dépenser entre 53 et 64 milliards d’euros. La messe est dite.


Il y a dans les réflexions actuelles des dirigeants européens, telles qu’elles nous sont livrées, l’invocation commune à un deus ex machina, l’appel à une divinité pour résoudre une situation désespérée : en l’occurrence l’intervention de la BCE. A leur décharge, on conviendra qu’ils peuvent espérer de celle-ci l’équivalent pour les Etats du soutien qu’elle a accordé aux banques. Mais ils ne remarquent pas ses limites, déjà rencontrées, car si ce soutien permet de gagner du temps, il ne résout rien : c’est tout du moins ce que l’on observe clairement en Espagne. Ce qui conduit ses dirigeants à rechercher un miracle qui procède en réalité d’une échappatoire : leur refus de prendre en compte dans toute sa dimension et ses caractéristiques propres la crise financière européenne.


Dans le domaine de l’invocation, les dirigeants européens n’en restent d’ailleurs pas là. Ils cherchent un mécanisme déclenchant le retour de la croissance sans s’interroger sur la nature de celle-ci. Pour jeter en vrac sur le tapis les éléments d’une stratégie de développement reposant sur des têtes de chapitre qui ont tout du poncif, appelées recherche, formation, énergies nouvelles, etc… Tous points d’appui à la croissance qui n’ont des effets qu’à long terme. Pour certains, soucieux des déséquilibres internes à la zone euro dont ils voient la cause principale dans la crise actuelle, un rééquilibrage entre les pays exportateurs et les autres est préconisé, afin que les premiers se recentrent sur leur marché intérieur. Une politique contradictoire avec les intentions – si ce n’est les intérêts – de l’Allemagne qui est la maitresse du jeu.


Une réflexion sur la croissance – qui fait défaut – peut-elle faire l’économie d’une autre sur la redistribution de la richesse ? Les deux sont d’ailleurs liés entre eux. Tel est le second point d’achoppement de ce que nous entendons. Il y a des solutions arrangeantes et des vérités dérangeantes.


Dans leur état actuel, les réflexions qui nous sont proposées reposent donc sur un double déni bien ancré. Il reste donc du chemin à parcourir, non compte tenu de la persévérance du clan des ayatollahs que représente Jörg Assmusen, membre du conseil des gouverneurs de la BCE. Estimant dans le Wall Street Journal que le pire de la crise semble être derrière nous, ce dernier considère que « la balle est dans le camp des États », opposant à la relance du programme d’achat obligataire de la BCE sur le second marché – à laquelle il n’est pas favorable – le fragile pare-feu du Mécanisme européen de stabilisation financière (MES).


Dernières nouvelles : Le taux des obligations espagnoles à dix ans a dépassé ce lundi le seuil des 6% pour atteindre 6,105% en fin de matinée. Des adjudications du gouvernement sont prévues jeudi prochain. A leur manière, les marchés réclament aussi l’intervention de la BCE…



Billet rédigé par François Leclerc


 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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Rappel : la valeur des monnaies est censée, à la base, dépendre de la quantité de métaux précieux possédée par le pays émetteur de chaque monnaie.

Si les gens sortent leur pognon des banques pour le convertir en or, horreur, malheur !

On se rendrait alors compte qu'il y a soit trop de liquidités, soit pas assez d'or pour tout le monde ! Et le cour des métaux précieux exploserait...
De plus, si les comptes en banque des gens sont vidés, sachant que les banques ont prêté 10 fois ce qu'elles ont en coffre, ça reviendrait à dire qu'elles n'ont plus aucune garantie en cas d'impayé. Et donc qu'elles sont sur le fil du rasoir, au vu du chômage actuel, de la hausse des prix, etc etc...
Et donc ? faillite du système ? Ben oui.... ça fait "peur" hein, de se dire que l'or et l'argent qu'on a acheté vont valoir encore plus cher que tout ce que l'on espérait... :-P
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Décidement, je n'arrive pas à comprendre le fonctionnement des soi-disant CERVEAUX ou plutôt "PETITS POIS" qui nous dirigent. Ils vont droit dans le mur et ne sont même pas créatifs voire rebelle pour trouver une solution. Ils laissent aller leur pays à vau-l'eau sans rien faire ! Pourtant, c'est leur pays aussi, non ? George Soros annonce qu'il va y avoir des émeutes en Europe, il annonce donc la couleur des intentions des hedge funds et que font les dirigeants... rien !

1. Ils ne pensent que croissance... alors que dans le même temps, ils permettent à des groupes étrangers d'acheter leurs usines de sidérurgie par exemple; donnent même des aides d'Etat contre des promesses de maintient d'emplois, alors que ces groupes n'ont qu'une idée en tête, démanteler et donc diminuer la croissance ici.

Puis, lorsque ces promesses ne sont pas tenues et que les laminoirs à chaud sont fermés par exemple (cf. groupe Arcelor-Mittal en Belgique) dans un but très stratégique de la part de Mittal qui, de cette façon, élimine un concurrent gênant car ayant un grand savoir faire, tout le monde crie au scandale. Mais que fait l'Etat ? Il a donné des aides à Mittal; il a aussi permis une énorme réduction d'impôts via les intérêts notionnels et quand Mittal ne respecte pas ses engagements... pas de problème, on laisse aller.

Décidément il n'y a plus d'homme d'Etat digne de ce nom en Europe. Ces dirigeants sont des grands malades et ils ne se rendent même pas compte qu'ils vendent l'entièreté de leur pays à des voyous. En cas de non respect d'un contrat (ici le fait que les laminoirs à chaud resteraient en activité pendant 10 ans au moins), ils pourraient au minimum exiger le remboursement des aides et supprimer les intérêts notionnels en exigeant le remboursement du trop peu perçu d'impôts, voire carrément nationaliser pour récupérer leurs bijoux de famille. Mais non !

2. Pourquoi donc ces dirigeants européens de pays en difficultés (PIIG's) ne sortent-ils pas de l'Europe et d'euroland (en particulier quand on sait pourquoi et comment la C.E. est née)? Ils pourraient alors au moins dévaluer leur monnaie, redevenir maître de leur vies, de leur politique et de leur monnaie et redevenir un pays plus compétitif.

Tout le monde semble convaincu qu'une fois qu'un pays est entré dans la C.E. il ne peut plus en sortir. Foutaises ! Le Groenland faisait partie en son temps de la C.E. mais comme il y avait un conflit en matière de quota de pêche et que ce pays vivait essentiellement grâce à celle-ci, il en est sorti et il n'en est pas mort. Mais qui le sait ?

3. Je suis stupéfaite de voir que M. Hollande, qui se présente aux présidentielles, n'a rien trouvé de mieux que d'aller se prosterner devant la City de Londres pour faire belle figure et puis déclare quelques jours plus tard aux Français que la démocratie est plus forte que les marchés et qu'il les mettra au pas. Mais de qui se moque-t-il ? Il est complètement schizo ce mec !
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Pour votre 2., je pense qu'ils n'émettent pas l'idée de sortir de l'euro car les nouvelles monnaies devraient être basées sur l'or ( quel or, pour certains pays ??? ) et cela entrainerait par le fond à peu près toutes les économies actuelles : chacun viderait son compte en banque pour acheter de l'or.

Pour votre 3., oui il est skizo... comme tous les dirigeants ou prétendant à la présidence. Ils veulent tout et son contraire. Comment conserver ce système actuel qui les enrichit tout en le critiquant parce qu'il est indéniable qu'ils nous emmènent dans le gouffre ?

En même temps, on s'en fiche... on vient de prendre une autoroute menant directement à un précipice et sans limite de vitesse ni BAU. Bref si l'un veut s'arrêter, ou pire faire demi-tour, c'est le carton assuré. Ca m'arrange^^
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Cher La Caye,

"je pense qu'ils n'émettent pas l'idée de sortir de l'euro car les nouvelles monnaies devraient être basées sur l'or [...] cela entrainerait par le fond à peu près toutes les économies actuelles : chacun viderait son compte en banque pour acheter de l'or." & "on vient de prendre une autoroute menant directement à un précipice et sans limite de vitesse ni BAU."

Vous pensez ? Ne pourraient-ils pas en sortir et revenir à leur bon ancien franc/gulden/pesetas/lire/drachme/mark, etc., même dévalorisé ? Au moins dans ce cas là, chacun redeviendrait maître chez soi plutôt que d'être le serf d'une petite clique occulte !

D'autre part, si les réticences viennent du fait que les nouvelles monnaies devraient être basées sur l'or, qu'est-ce qu'on attend ? Puisque, de toute façon on va actuellement droit dans le mur et que même le meilleur pilote ne pourrait plus éviter le mur selon Olivier Delamarche. C'est consternant de voir un tel aveuglement dans le chef de ceux qui nous dirigent. Souvent j'ai l'impression qu'ils se comportent comme si'ls pensaient qu'ils étaient fabriqués dans un autre matériau (du type inoxidable et qui n'a même pas besoin de boire ou de respirer) que tous les autres êtres humains.

En outre, je pense qu'une forme de bank run est déjà en marche car de plus en plus de gens (du moins les particuliers qui ont encore un peu d'économies et qui s'informent ailleurs que dans la presse de masse) commencent déjà à vider leur compte en banque pour acheter des pièces d'or et/ou d'argent et ce tant que les banques leur permettent encore de reprendre possession de leur argent gagné à la sueur de leur front car, bien souvent, il faut commander 24 ou 48h à l'avance si on veut prendre plus de 2.000 euros; quand les banques ne vous demandent pas carrément de vous justifier !



Oui je pense... revenir au franc, c'est bien beau, mais quel change ? 6,55957francs par euro ? En vertu de quoi ? on a créé les billets pour permettre aux gens de se promener avec du papier, plus léger et pratique, qu'avec des onces dans les poches. Puis les vraies monnaies or et argent ont tout simplement été écartées du système financier. Tout notre système repose sur quoi ? sur la confiance qu'on a dans la puissance des pays émetteurs de monnaie. Et le roi des rois, le dollar, est démultiplié à volonté par les USA afin de régler ses achats. On appelle ça de la triche, déjà. Et en plus, tous ces dollars qui inondent la planète, sont en partie responsables de la hausse des prix.
Ceci dit ce serait sympa de se rendre compte qu'on a 13.000milliards de francs de dette, qu'une maison premier prix coûte 1 million, qu'un plein de diesel coûte 375francs les 40 litres, et que le salaire moyen n'est que de 10.000francs environs. Ne parlons pas des sujets qui fâchent : la place de ciné à 65francs, la bouteille d'alcool à 500 francs en boîte de nuit, le paquet de "Mlbo" à 36 francs; la baguette à 6 francs...

Pour la facilité à récupérer son "argent" placé en banque, je suis d'accord avec vous à 100% : il est très dur à récupérer, ça prend du temps... Et en plus, les achats d'or sont limités à 3000 euros par chèque ( avec attente des 2 semaines de sécurité pour le vendeur) et à 1500euros par carte bancaire. Donc il est difficile et lent de récupérer ce que l'on a placé, et tout aussi lent de le convertir en or. La question est : POURQUOI ?
La réponse, on la connait tous, ici ^^
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Cher La Caye,

"Pour la facilité à récupérer son "argent" placé en banque, je suis d'accord avec vous à 100% : il est très dur à récupérer, ça prend du temps... Et en plus, les achats d'or sont limités à 3000 euros par chèque ( avec attente des 2 semaines de sécurité pour le vendeur) et à 1500euros par carte bancaire. Donc il est difficile et lent de récupérer ce que l'on a placé, et tout aussi lent de le convertir en or."

Purée mais en France, c'est pire que partout ailleurs ! Vous êtes carrément fliqués si vous voulez acheter de l'or et/ou de l'argent physique. Entre ce que vous dites et une expérience désagréable et totalement injuste vécue avec les impôts français, la France me semble opter de plus en plus pour une politique dictatoriale. Ca fait peur ! Brrrr !

La Belgique ce n'est pas le top avec toutes ces conneries communautaires qui nous emmerdent et une panoplie de politiciens inutiles, mais comparativement à la France, je crois que je préfère encore ça... ici on n'est pas encore trop "fliqués"... si ce n'est sur la route avec les radars, mais ça vous y avez aussi droit.

Si j'étais vous, je me rendrais en Allemagne. Là vous pouvez acheter de façon anonyme jusqu'à 15.000 euros de métaux précieux et en plus il n'y a pas de taxe sur l'or et seulement 7% de tva sur les pièces d'argent.

;-)
Les articles en France sont clairs : les vendeurs de métaux ne doivent garder une trace des acheteurs qu'au dela de 10 ou 15.000euros d'achat. A une époque, j'avais passé des commandes d'environ 8000 euros d'argent. Je ne suis fliqué en rien. D'ailleurs la plupart des articles comportent le mot "or", pas "argent" :-P

Donc ce qui se prépare est encore plus beau. Quand ça va exploser, l'état lui-même aura du mal à savoir où est l'argent...

Et chez nous, une dictature ? Non... j'ai plein de choses en tête, là, mais je ne les écrirai qu'après l'élection de son remplaçant. Mais non non je ne me sens pas du tout en dictature, à part ce manque de liberté d'expression....entre autres !
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La Caye - 4/18/2012 at 10:35 AM GMT
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